
Doomyan
- Groupe : John 3:16
- Album : עשר
- Sortie : 2018
- Label : ALrealon Musique
- Style : Instrumental Darkwave Post Rock
- Site Web : www
- Note: 19/20
Déjà 5 ans qu’est sorti l’excellent Visions of The Hereafter – Visions of Heaven, Hell and Purgatory, premier véritable album du projet solo de Ph.Gerber ( qui officiait précédemment dans les regrettés Heat From a Deadstar). En 5 ans, Ph ne s’est nullement reposé sur ses lauriers. C’est en effet deux ep , moult collaborations, de même que différents projets ( pour les amateurs de musiques électroniques, je vous invite à écouter MNIPK ), qui ont vu le jour, et ce avec une qualité constante frôlant par moment le divin.
Avant même d’écouter עשר, attardons nous sur l’artwork créé par Nicole Boitos, connue pour avoir travaillé avec, entre autre, Red Sparowes, Insect Ark, Bee And Flower. N.Boitos, par son magnifique travail bichrome ( sûrement une technique proche de la carte à gratter) sur le thème biblique nous immerge directement dans le monde sacré de John 3:16.
עשר’ , signifiant 10 en hébreu, paraît 10 ans après le premier enregistrement. Tout un symbole.
En dix ans, on peut remarquer que Ph.a considérablement ouvert son champs d’action en quittant les sonorités purement drones et industrielles de l’époque pour se muer au fur et à mesure vers des sonorités plus cristallines, moins oppressantes, voir atmosphériques. Et cette tendance se confirme allègrement dès l’introduction de The Sun Shall Be Turned Into Darkness, qui, malgré une introduction écrasante, prend une direction post-rock, lorsque la guitare vient distiller ses notes cristallines saupoudrées de delay, se noyant petit à petit dans un maelstrom ataraxique.
Hexenhammer. Les synthés mènent la danse, sur fond de batterie minimaliste. L’ambiance n’est pas vraiment monolithique, mais dérangeante, limite malsaine. Vers 03 minutes, l’atmosphère fluctue vers quelque chose de plus lumineux. Les riffs sont répétés encore et encore, inlassablement. Accompagnés de synthés, de drone, de la multiplication des pistes de guitares, et toujours soutenu par cette batterie imperturbable. On est littéralement happé dans ce עשר’ .
Alcyone, reprend les mêmes bases que la piste précédente. Une batterie tout aussi minimaliste sur un tempo lent avec une mélodie de guitare entêtante, émouvante. John 3:16 nous offre ici un morceau incroyable de post rock. Incontestablement ce que j’ai entendu de mieux dans le style depuis plusieurs années. L’aura que dégage ce titre, me fait penser au groupe culte Shipping News,alors que musicalement les deux groupes sont relativement éloignés.
Le titre The Holy Moutain, se dépeint comme tribal. L’appellation est en parfaite adéquation avec la musique. On peut aisément s’imaginer, grâce aux lamentations exaltées en boucle, le tout soutenu par le paysage sonore qui s’élève crescendo, grimper et vaincre cette fameuse Montagne Sacrée . Arrivé au sommet, la musique de minimise , laissant pour seule compagne à votre spiritualité une guitare discrète, vous apaisant après ce voyage initiatique.
La fin Absolue du monde. Magma de textures sonores en fusion annonciatrices de ce qu’il pourrait arriver de mieux à notre chère planète.
Chaque piste, est vraiment unique, avec pour fil conducteur se tempo lancinant. On ne pourra que saluer le travail réalisé, tout au long des douze titres, sur les textures qui forment de véritables paysages sonores. Les séquences se succèdent naturellement emmenant l’auditeur dans un maelstrom émotionnel. Écoutez The Black Hollow pour comprendre ce dont je parle.
Il est important de préciser que la version numérique ( disponible sur le bandcamp) , contient une multitude de titres bonus, b-side, inédits, d’une durée de presque 3h. Le tout à un prix ridiculement bas.
Pour conclure, עשר’ est la confirmation attendue. Ph. parvient à se réapproprier nombreux styles l’ayant influencé, sans tomber dans le pastiche vulgaire et facile. John 3:16, est une entité unique, vivante, presque mutante, rendant pour certains l’écoute exigeante, mais toujours passionnante.
Un must have.
Tracklist :
- The Sun Shall Be Turned Into Darkness
- Hexenhammer
- Alcyone
- Judith
- The Holy Mountain
- The River of Life
- Appolyon
- Into The Abyss
- Ten Thousand Times Ten Thousand Angels
- The White Horse
- The Black Hollow (Feat. Rasplyn)
- Groupe : Naat
- Album : Naat
- Sortie : 2016
- Label : Argonauta Records
- Style : Post Core Doom Instrumental
- Site Web : www
- Note: 19/20
Il y a des albums comme ça, des albums où dès que tu entends les premières notes, tu ne sais pas vraiment pourquoi mais une alchimie se crée directement et tu te sens devenir amoureux au fur et à mesure que les secondes s’égrainent. Tu crains ,par contre, que ça ne soit qu’un écran de fumée et que l’intensité retombe aussi vite qu’elle est apparue. Tu as envie de croire au coup de foudre mais tu as peur d’être berné. Déjà que ta vie sentimentale n’est pas au top, si en plus la musique commence à te faire des coups de pute comme l’ont fait les femmes que tu as aimée, tu t’en remettras difficilement. Heureusement, le doute est rapidement dissipé. Bien sur comme dans tous les couples il y a des petites choses qui te dérangent chez l’autre. Mais rien qui ne puisse contraindre tes sentiments de devenir de plus en plus fort.
C’est exactement ce qui est en train de se produire avec ce premier album de ce quatuor de Gênes ( décidément…) sorti sur Argonauta Records ( décidément…). Si comme moi vous êtes intéressé par le post-core-doom-instrumental, vous filerez également le parfait amour avec Naat.
Si le style peut s’avérer casse gueule, ces Genovesi, parviennent à vous happer dans leur univers dès le premier accord de « Vostok », le titre d’ouverture. A la puissance rythmique viennent s’ajouter des mélodies imparables. Le mélange parfait entre douceur et rage brute.
Mais ce n’est rien comparé à « Falesia », avec une première partie ayant approche plus post rock , vous donnant l’impression de virevolter au son des guitares profondes, avant de vous faire tomber dans le vide de cette fameuse falaise, et ce en vous rattrapant une seconde avant le crash lors des mélodies croisées dont eux seuls ont le secret ( le travail sur les guitares est juste fabuleux). Du grand art.
« Temo » et « Bromo », deux interludes ambiant, calmes le jeu avant de reprendre de plus belle.
C’est sur « T’mor Sha » et son intro psyché-kraut que commence l’ultime morceau de ce Naat. Un morceau épique ( dans tous les sens du terme), profond, poétique, hypnotique. Qui se conclut par un riff répété inlassablement ( d’ailleurs la structure de ce morceau me fait penser à « The Sacrifice » morceau de fin du premier album de Cult of Luna ). Du très grand art.
C’est en tout cas un réel plaisir que de sentir à nouveau des papillons dans le bas du ventre, et d’avoir l’impression que tu viens de retrouver ton premier amour. Mais que cette fois, tu ne lâcheras plus et le gardera bien précieusement à tes côtés.
Tracklist :
- Vostok
- Falesia
- Temo
- Baltoro
- Bromo
- Dancalia
- T’mor Sha
- Groupe : Marianne Toilet And The Runs
- Album : Eargasms For Your Genitals
- Sortie : 2016
- Label : Autoproduction
- Style : Sex Comedy Rock
- Site Web : www
- Note: 15/20
Bon, lorsque j’ai vu le nom du groupe, le titre de cet ep et la pochette ( une liqueur visqueuse blanchâtre sortant de l’oreille d’une personne ayant de gros problèmes d’acné ), il y avait de fortes chances pour que ce soit un album d’un groupe de pornogrind.
En lisant le communiqué de presse, on décrit ce quatuor de Boston comme un groupe de « sex comedy rock ». Le terme m’étant étranger, je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre. Après avoir vu les photos du groupe, un guitariste pimp whitetrash, un batteur déguisé en dinosaure rouge, une bassiste lolita, et un chanteur drag queen ressemblant à Divine ( l’icône de John Water, qui a entre autre joué dans entre Pink Flamingos et Hairspray ), je me suis dit, voilà encore un groupe de guignols qui mise tout sur le look et non sur la musique.
Encore une fois, j’avais faux sur toute la ligne. Les chansons sont bonnes.MTTR délivre un rock’n’roll catchy. On pense à Tenacious D, B-52s ( dans les duels de voix masculin/féminin), ou à des groupes punks accrocheurs. Mais la musique de Marianne et ses sbires ne serait rien sans ses textes sur des sujets aussi variés que « refuser le fait d’être gay », « Perdre ses parties génitales lors d’un accident de jardinage » ou tout simplement sur le sexe en général. Bref, le genre d’album que vous éviterez d’écouter en compagnie de vos enfants ou de vos parents.
« Eargasms » ne révolutionnera pas l’histoire du rock, mais les 6 titres proposés sont agréables à écouter et doivent l’être encore plus en live. Le côté théâtrale des concerts doit encore apporter un plus à ces titres grivois qui pourraient devenir des hymnes paillards dans les campus ricains.
Un ep dégoûtant, pervers, mais surtout très fun. A cependant ne pas mettre entre toutes les mains.
Tracklist :
- …In the beginning
- Fifi
- Frat Guy
- Gentleman & Scholar
- Lawnmowing
- The Blumpy
- Groupe : Goodbye, Kings
- Album : Vento
- Sortie : 2016
- Label : Argonauta Records
- Style : Post Rock Magistral
- Site Web : www
- Note: 18/20
Goodbye, Kings, nous vient de Milan, et s’est formé fin 2012 avec pour vision de faire une musique instrumentale. Pouvant être classé dans la sphère Post Rock, il serait absurde de se limiter à cette simple étiquette qui au final, ne veut pas dire grand-chose, tant la variété de la musique Post Rock est aussi vaste que le désert du Kalahari.
Avant de sortir cet album sur Argonauta Records, deux démos sont sorties en autoproduction, de même qu’un premier album « Au cabaret Vert » , concept se basant sur Toulouse Lautrec et sur les poèmes de Rimbaud et Masaoka Shiki. Sur ce « Vento », le concept est le vent ( vous avez vu je suis polyglotte…). Concept très intéressant, qui n’est pas chose aisée de mettre en musique. C’est pourtant avec brio que s’en sortent ces romains, qui par leurs backgrounds différents parviennent à offrir une musique éthérée, céleste, onirique et incroyablement personnelle.
Si l’ambiance générale du disque reprend les codes chers au post-rock , la longueur moyenne des morceaux avoisinent les dix minutes, les textures sont répétitives, l’absence totale de voix, Goodbye Kings se permet de sortir des sentiers battus en mixant des éléments Post Metal, des riffs limites sludge, des soupçons de jazz, des rythmes tribaux. Ce qui a pour conséquence direct de proposer un album à mille visages.
L’album s’ouvre sur « How do dandelions die », titre ambiant, où les textures sonores s’enchevêtrent . Pour commencer, le souffle du vent, accompagné d’un synthé et d’une batterie. La guitare vient se poser, la puissance monte, l’intensité est perceptible. Emmenant l’auditeur tel un pappus porté par le vent. Une magnifique mise en bouche.
« Fujin vs Raijin », début de manière tribale, l’ombre de Neurosis plane. La guitare est incisive. On sent que le combat entre les jumeaux antiques japonais bat son plein. Au milieu de l’opposition, l’accalmie. Le piano nous envoûte par une mélodie incroyablement subtile. Le tout soutenu par la guitare qui répète un riff à l’infini, pendant que le piano se lâche complètement. Un des meilleurs morceaux que j’ai pu entendre depuis bien longtemps.
« Shurhùq », démontre tout le talent du pianiste. Qui nous offre ici une interlude jazzy qui n’est pas sans rappeler l’immense Keith Jarrett. « Tri State Tornado », la piste suivante, nous offre un mix jazz et post rock. Encore une fois, le sens de la mélodie est présent. Le tout sans tomber dans la mièvrerie.
Le reste de l’album nous propose des titres tout aussi magnifiques, avec une mention spéciale pour « The Bird whose wings made the wind », qui est à lui seul la vision que je me fais de la poésie. Ce mélange de guitare acoustique, avec des longues plages ambiants, avant que la machine ne se mette tout doucement en marche afin d’arriver à une explosion de sons et d’émotions. Ce qui a pour effet direct de me faire hérisser les poils. Magique.
Bref, vous l’aurez compris, pour un style de musique que l’on dit mort depuis quelques années, certains groupes parviennent encore à largement tirer leur épingle du jeu et à nous proposer quelque chose de magnifique. Messieurs, je n’ai qu’une chose à dire, chapeau bas.
Tracklist :
- How do dandelions die ?
- Fujin vs Raijin
- Shurùq
- The Tri-State Tornado
- 12 Horses
- If Winter Comes…
- The bird whose wingsmade the wind
- Blue Norther
- Groupe : Atlas
- Album : Death and Fear
- Sortie : 2016
- Label : Autoproduction
- Style : Stoner Heavy Rock
- Site Web : www
- Note: 15/20
Karlstad, est une bourgade suédoise composée d’approximativement 62.000 habitants, ce qui en fait la 17ième ville de Suède. Sa situation géographique la place à égale distance de Stockholm, Göteborg et Oslo. Ses principales attractions touristiques sont : Le pont de l’Est, sa cathédrale, le Frimurarlogens hus , la statue Sola, qui est un des symboles de la ville et Atlas, son groupe de stoner rock burné teinté de sonorités 70’s.
Présentons vite fait Atlas. Formé en 2011, premier ep enregistré en 2014 et unanimement acclamé par la critique. C’est en novembre 2016 qu’ils reviennent avec ce second ep de 6 titres intitulé « Death And Fear ».
Durant ces 6 titres, Atlas ne choisit pas la facilité de proposer des morceaux se ressemblants l’un l’autre. De par ses influences, heavy rock, grungy, metal, c’est un patchwork de rock sentant le souffre qui fait de ce « Death and Fear » un ep complet et agréable à écouter.
Les tempos rapides sont suivis de moments lourds et pesant. La voix ( et pas que la voix ) me rappelle The Sword (époque « Ages of Winter » ). Le grand moment de cet album est « A Waltz » qui est se distingue par ses structures épiques et se révèle être un des meilleurs titres dans la catégorie des « Led Zep » de l’an 2000.
Maintenant que le groupe a sorti deux ep qui ont un potentiel plus qu’indéniable, il est temps de voir ce que ces suédois ont a nous proposer lors d’un album complet.
Tracklist :
- Wermland
- Black Smoke
- Dog with two bones
- Covered in Gold
- A Waltz
- Death and Fear
- Groupe : Among Gods
- Album : Ghost Empire
- Sortie : 2016
- Label : Argonauta Records
- Style : Doom/Death Metal
- Site Web : www
- Note: 14/20
La Norvège est plus réputée pour sa scène Black Metal que Death Metal, c’est pourtant dans cette dernière catégorie qu’évolue Among Gods. Signé chez l’incontournable Argonauta Records, les norvégiens nous offrent dans ce troisième album, 6 titres ( +1 intro et 1 outro ) de Doom Death Metal old school.
L’ambiance est pesante, les riffs sont lourds, lents, la voix est oppressante. L’influence de la scène Death Metal européenne est bien marquée. On pense à Entombed ( old school), Centinex, Asphyx. La scène ricaine n’est pas en reste, avec des relents de Morbid Angel, dans la construction des riffs serpentants, insidieux, rampants. On ressent également une influence des débuts de Death. On revisite un peu tout ce que le Death Metal a fait de mieux.
Le songwriting a été soigné. Cela se ressent fortement sur les deux titres les plus longs de l’album. « Pandemonium » et « Tundra » où le groupe n’hésite pas à prendre quelques risques. Les parties lentes ( rappelant les vieux Paradise Lost ) sont supplées par des riffs midtempo. Ce qui a pour effet de tenir l’auditeur impliqué dans ces dédales de brutalités.
Si vous aimez le gras, ce qui tâche, cet album est du pain béni pour vos esgourdes.
Tracklist :
- Incipiens
- Ghost Empire
- Deliver us from Evil
- Pandemonium
- Wolves
- Tempest
- Tundra
- Smerte
- Groupe : Varego
- Album : Epoch
- Sortie : 2016
- Label : Argonauta Records
- Style : Post Sludge Progressif
- Site Web : www
- Note: 15/20
Varego, quatuor de Arenzano, petite bourgade de la commune de Gênes, en Italie. un des poulains de l’écurie d’Argonauta Records, nous revient, après son ep « Blindness of the sun » qui avait Jarboe en featuring sur un titre ( rien que ça..) pour un second album qui ravira les amateurs de progressive-post-sludge.
Alors, si l’introduction sonne comme un riff de post-rock que n’aurait pas renié un Explosions in the Sky, ne vous arrêtez pas à cela. On peut dire que l’album début vraiment à 2:15 lorsque avec son agressivité caractéristique Varego nous délivre son étrange mixture sonore. Les riffs sont incisifs, s’imbriquant les uns aux autres pour former un patchwork auditif unique dans son genre. Si on pense de temps à autres à des groupes tels que Mastodon, Baronness, il serait tout simplement stupide de limiter les transalpins à ces deux groupes tant, à mon avis, l’élève a dépassé les maîtres sur ce « Epoch ».
La grande force de ce second méfait est la manière dont est construit l’album. Chaque morceau à sa propre identité, lorgnant du post metal, au sludge, en passant vers le doom et des passages nettement plus psychédeliques. Varego fait la musique qu’il aime, et ça se ressent fortement. Hors de question de tomber dans la facilité en composant des chansons plates et vide, que du contraire, il vous faudra du temps pour assimiler toutes les subtilités des six titres.
D’après les informations distillées sur le communiqué de presse, les paroles sont influencées par Asimov, Lovecraft, Dick. J’aurais vraiment aimé pouvoir les lire, car cela doit incontestablement relever le niveau général de cet Epoch qui est vraiment une excellente découverte pour ma part.
Le message est clair, si vous ne vous retrouvez plus dans les nouvelles productions de Mastodon et autres, donnez une chance à Varego. Ils le méritent amplement.
Tracklist :
- Alpha Tauri
- Phantasma
- Flying King
- The Cosmic Dome
- Swarms
- Dominion
- Groupe : Suma
- Album : The Order Of Things
- Sortie : 2016
- Label : Throne Records/Argonauta Records/Init Records/Tartarus Records
- Style : Post Noisy Doom
- Site Web : www
- Note: 20/20
Ceux qui me connaissent un minimum savent à quel point j’apprécie, que dis-je, j’aime Suma. Et c’est avec grande impatience que j’attendais ce nouvel album du quatuor de Malmö. Si le groupe nous a gratifié d’un split avec mes compatriotes d’Ultraphallus et d’une tape live à Moscou c’est tout ce que nous avons eu à nous mettre sous la dent depuis la sortie de leur troisième lp « Ashes » en 2010. C’est donc en soi un petit événement que d’avoir 7 nouveaux titres pour 57 minutes de Post-Noisy-Doom.
Point de vue line up, changement de taille. Dr Jovan, qui assurait le chant sur les trois premiers albums et la tripotée de splits est parti. La conséquence directe est que Johan devient dès lors bassiste chanteur. Et un nouveau membre fait son apparition. Rick qui distille ses drones, samples et autres éléments ambiants.
Une fois n’est pas coutume, commençons cette critique par le son global de l’album. Avec 3 albums sur quatre, le groupe a fait le voyage jusqu’à Portland chez le sieur Billy Anderson. Et, il fallait s’y attendre,le son est massif, écrasant, étouffant.
L’album est disséqué en deux parties. 3 chansons assez courtes plus atmosphériques et quatre morceaux qui sont la bande originale de l’apocalypse. Ni plus, ni moins.
« The Sick Present » ouvre l’album. Une intro de 4 minutes immergeant l’auditeur dans l’univers de ce « The Order of Things ».
Avec « Bait For Maggots ». Le sentiment de mal être est instantané. Johan vocifère tout du long mais de manière sournoise, la voix, reléguée au second plan laisse la guitare de Peter et la batterie d’Erik s’exprimer à plein rendement. On a ce sentiment d’être en pleine mer, sur un bateau tanguant par la force des flots. La nausée est proche, mais Suma, en guide spirituel est plus que jamais présent pour continuer à nous maltraiter.
« RPA », véritable titre opaque commence par cette batterie si caractéristique. La frappe est lourde, sèche. C’est puissant. Moins linéaire que « Bait For Maggots », on dirait une version dézinguée des Melvins.
On pourrait croire que « Being And/Or Nothingness » apaise un peu ce ressenti pesant qui nous envahit depuis la première seconde. C’est atmosphérique oui. Mais c’est une atmosphère d’un putain de cauchemar. Le voix viennent de partout, les textures sonores mangent le crâne. Pas de doute, nous sommes dans l’antre de la folie.
Nous entamons le morceau le plus long de l’album. « Education for Death ». On est pris à la gorge, et la sensation d’étranglement est de plus en plus perceptible au fur et à mesure que le morceau se dévoile. La sensation d’emprise est incroyablement puissante. Le titre, d’une construction impeccable, se pose, crescendo la tension monte. Jusqu’aux trois dernières minutes qui font encore monter la tension d’un cran. La violence vient de tout côté. Je suppose que c’est , toute proportion gardée, la même réaction que l’on a lorsqu’on se retrouve en plein tsunami sans savoir que faire. On est débordé, acculé de toute part.
« Disorder of things », a le tempo le plus soutenu de l’album. C’est cependant toujours aussi crasseux. Le cris venus d’on ne sait où se mêlent à cette bouillie ( dans le sens très classe du terme ) sonore. La fin ambiante sert de tremplin pour le titre final « The Greater Dying ». La guitare claire, presque post-rock ( le delay y est pour beaucoup), fourmille. La torpeur ambiante est mise à mal lorsque la batterie d’Erik nous fait ouvrir un œil avant de nous balancer un pattern qui va nous bercer. C’est qu’on a prit cher durant les précédents titres. La voix se veut moins assassine, malgré la profondeur qui en découle. On se sent dériver, on ne peut résister à ce riff qui se répète inlassablement. On perd littéralement pied lors des trois dernières minutes où les longs fondus de guitare, de cymbales et bruits ambiant en tout genre finissent par nous faire perdre connaissance.
Ce n’est jamais facile de revenir après une absence si longue. Suma le fait haut la main et nous offre ici l’album de la maturité. J’espère juste qu’il y aura un nouvel album avant 2024, parce que putain, des claques comme ça j’en veux chaque année. Album de l’année en ce qui me concerne.
Tracklist :
- The Sick Present
- Bait for Maggots
- R.P.A.
- Being And/Or Nothingness
- Education For Death
- Disorder Of Things
- The Greater Dying
- Groupe : Mountain Tamer
- Album : Mountain Tamer
- Sortie : 2016
- Label : Argonauta Records
- Style : Stoner/Garage/ Psyché
- Site Web : www
- Note: 15/20
Jamais il ne m’a été aussi compliqué de faire une chronique que celle de ce trio de Santa Cruz. Non pas que l’album soit insipide, loin de là même. Mais il y a des albums qu’on aime, sans vraiment dire pourquoi. Alors j’aurais pu, pour commencer, faire une blague pourrie à partir du nom, mais bof, ça faisait un peu téléphoné. On va donc s’intéresser directement à ce qui nous importe le plus, la musique.
Pour un premier album, une telle maturité est assez rare. Les compositions, si elles restent dans la mouvance Heavy Rock Psyché, ont chacune leur identité propre. Ce qui a pour avantage de surprendre l’auditeur dans ce magma psyché,stoner, doom, classic rock.
« Mind Burner » qui ouvre l’album, est une pépite de classic rock. Le tout accompagné de lignes de basses aussi chaudes qu’une nymphomane n’ayant pas forniqué durant une semaine. C’est brûlant. Dégoulinant. Le solo me fait penser à du Nebula. Parfait.
« Knew » est plus rock, les lignes vocales rappellent des groupes rock uk des débuts 2000. La musique est burnée. Limite doom.
« Dunes of the mind », avec son intro que n’aurait pas renié Kyuss plonge directement l’ambiance désertique qui en ressort. Le son est vintage comme je l’aime. La basse s’en donne à coeur joie avec des riffs pas si éloigné d’un Scott Reeder des grands jours.
« Vixen », plus long titre de l’album est une chansons lascive, limite vicieuse. L’ambiance y est chill tout en étant soutenue. On se laisse transporter aux fur et à mesure que les riffs s’enchaînent. Bonheur.
« Wolf In The Streets» me fait à nouveau penser à cette scène rock garage uk du début des 2000’s. C’est énergique, ça reste dans le crâne.
« Sum People » et « Satan’s Waitin » tapent quant à eux dans la scène neo psyché américaine, ça m’a directement fait penser à The Black Angels. Terrible d’efficacité.
On termine par « Pharaohsite », tempo rapide, guitares aiguisées, batterie claquante. Une chanson parfaite pour terminer ce disque.
Si vous aimez vous faire surprendre ( bon après les gaziers n’ont pas inventés l’eau chaude hein…) tout en écoutant un bon disque de Psyche stoner rock burné, jetez une oreile sur ce Moutain Tamer vous n’en serez pas déçu.
Tracklist :
- Mind Burner
- Knew (feat. Emily Pegoda)
- Dunes Of The Mind
- Vixen
- Wolf In The Streets
- Sum People
- Satan’s Waitin’
- Pharaohsite
- Groupe : Witchwood
- Album : Handful Of Stars
- Sortie : 2016
- Label : Jolly Roger Records
- Style : Classic Rock Psyché
- Site Web : www
- Note: 13/20
Witchwood est né des cendres de Buttered Bacon Biscuits et de son leader Ricky Dal Pane ( compositeur, chanteur et guitariste ). Après avoir sorti, en 2015, un album remarqué « Litanies from the Woods ». Ils sont de retour, toujours sur Jolly Roger Records, avec ce nouvel album composé d’une introduction, de 3 nouvelles compositions, deux reprises et pour finir une réinterpretation de « Handful of stars » ( qui donne donc son nom à ce nouvel album ) qui était présent sur « Litanies from the Woods ».
Dès les premières notes, on comprend directement à quoi on a à faire. Ce mélange de riffs classic rock, ce côté progressif et psychédélique cet orgue Hammond, cette flûte, pas de doute, on tape bien dans le rock 70’s. Mais ce n’est pas un rock 70’s qui sent la naphtaline, loin de là. On sent que les fondations ont été remises au goût du jour.
La maîtrise technique n’est pas à démontrer, mais les musiciens garde ce côté catchy qui fait que les titres proposés ne s’adressent pas uniquement aux musiciens en quête de prouesses techniques dénuées de feeling et d’âmes.
Quant aux reprises, « Flaming Telepaths »’ de Blue Öyster Cult et « Rainbow Demon » d’ Uriah Heep ; Elles sont assez proches des titres originaux, tout en gardant cette touche Witchwood. Un bon moment de redécouverte de titres qui ont parfois tendance à être oubliés.
En conclusion si vous avez envie de vous faire un petit trip dans le psyche-prog des 70’s, ce second album des italiens ne vous décevra pas.
Tracklist :
- Presentation: Under the willow
- Like a Giant in a cage
- A grave is the river
- Flaming Telepaths (Blue Öyster Cult)
- Rainbow Demon (Uriah Heep)
- Handful of stars ( Alternate version)