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  • Groupe : Nephren-Ka
  • Album : The Fall of Omnius
  • Sortie : Septembre 2013
  • Label : Kaotoxin Records
  • Style : Death Metal
  • Site Web : www
  • Note : 16/20

 


Alors que la planète black metal française est en train de se forger aujourd’hui une espèce de nouveau plateau homogène culturellement parlant, on peut affirmer sans risque de se tromper que celle du death metal n’est pas en reste non plus. Des groupes tels que Brutal Rebirth, Smashed, Gut-Rot, Psychobolia… et ici NEPHREN-KA (et la liste n’est pas exhaustive) représentent indubitablement, non pas avec un certain éclectisme, le large panel du death metal traditionnel en parallèle avec les groupes plus anciens et cultes comme peuvent l’être les Mercyless and cie….

Le death metal artisanal : un savoir-faire ;

Celui que l’on écrivait à l’ancienne avec les mains calleuses, qu’il soit brutal, technique, intense ou autre, en tous les cas le death metal première version tous types confondus. Et c’est de cette guilde aux allures de compagnons du devoir du metal extrême que NEPHREN-KA est membre.

La particularité de ce groupe c’est que les auvergnats ont préféré inclure mais surtout conserver une grande intensité dans leur death metal. Une intensité apportée par une violence constante, souvent complexe mais toujours technique. Et c’est aussi un des points forts qui font de NEPHREN-KA un groupe français incontournable aujourd’hui en matière de death metal  grâce à cette brutalité confondue en intensité compressée qui donne à son death metal une maturité exceptionnelle après seulement un premier minicd et cet album.

En effet, forts d’une première démo autoproduite puis devenue minicd sorti chez Great Dane Records, « Revenge and supremacy » montrait déjà que les gars savaient vers quoi leur death metal allait s’orienter.
Ils ont annoncé des références telles qu’Angelcorpse, Hate Eternal ou encore Nile, et c’est vrai qu’au niveau de la brutalité on peut retrouver cette particularité du death brutal américain et en ce sens là, cela peut être un faire valoir référentiel.
Mais NEPHREN-KA ne se voulait déjà pas un simple clone de ces aînés et avec ce premier album, ils ont réussi à véritablement se détacher de toute appartenance plagiaire pour construire un death personnel. Il ne faut donc pas confondre références d’écoute et inspiration personnelle. NEPHREN-KA se situe simplement dans le death brutal à l’américaine.

C’est un véritable déversement de riffs ultras rapides et techniques, mais pas que.
C’est une déferlante de blasts défilants stratégiquement montrant que trois ans après leur première démo, (puisque cet album est sorti fin 2013), NEPHREN-KA maîtrise nettement plus sa manière d’aborder la brutalité.

« Revenge and supremacy » était un premier pied posé sur l’étrier et bien qu’il ait été apprécié , il n’avait pas le contrôle et la sagesse que l’on semble trouver sur ce « The Fall of Omnius ».
Il aura fallu d’ailleurs un certain délai pour vraiment écouter cet album, y revenir, le laisser se faire et finalement aujourd’hui l’apprécier totalement à sa juste valeur pour en parler plus facilement.

Déjà en matière de production NEPHREN-KA, a pris en profondeur et en relief. Ce qu’avait réalisé le groupe avec « Jo » sur leur première production était propre (et je défendrais toujours légitiment mon avis par le fait que je ne suis qu’un écouteur de musique et non pas un professionnel mathématicien), car les instruments pouvaient avoir cet aspect vraiment limpide, basse/batterie compris. Mais à y revenir dessus, maintenant que la comparaison est possible, NEPHREN-KA a augmenté sa puissance de feu sur la production (ce qui n’est pas le cas de tout le monde, ne fait pas un « St Anger » qui veut) et Geoffroy « Jo » Dury qui a aussi enregistré la batterie ce coup-ci, a encore mis en avant cette limpidité.
Mais on a la sensation qu’il s’est mieux approprié l’univers de NEPHREN-KA pour mieux retranscrire les émotions extrêmes que le groupe propose, pour rendre une véritable dimension aux ambiances autant sur les passages plus lourds que sur les segments vraiment brutaux. Cela s’en ressent énormément dans la couleur de l’album. Alors bien évidemment que cette performance et également appuyée par le fait que l’album ait été enregistré et masterisé aux Hertz Studios permettant ainsi de donner à « The Fall of Omnius » une certaine « noblesse » de son qu’il manque aujourd’hui à « Revenge and supremacy » en le réécoutant. Mais cela fait partie aussi de l’évolution de n’importe quel groupe….

En attendant voici donc un album d’une durée d’environ quarante trois minutes, sur dix titres à en croire la back cover, (mais en fait neuf puisque sur le cd « Feydakins Storm » et « Corrin’s Moons (interlude) » ne font qu’un), qu’il vous faudra apprivoiser avec un certain recul. C’est un peu ce qu’il m’était arrivé avec l’avant dernier album de Loudblast. Du temps d’appréciation… car on n’écoute pas un album pendant trois jours pour le laisser tomber et ne jamais y revenir….laissons cela aux gens superficiels….

Et donc si « Butlerian Jihad » est peut-être à l’origine du manque d’engouement que l’on peut avoir au départ sur cet album (parce que la violence de NEPHREN-KA saute aux yeux et son gros son aussi, mais qu’il est construit peut-être d’une manière trop proche du cd précédent, et ce même si l’anecdotique passage de basse seule est bandant et que le solo à 2’50 sent le bon vieux fromage étiqueté thrash et death qui a vieilli en cave) c’est surtout sur « Mastering the voice » que le groupe prend son envol.

C’est dans les titres comme celui-ci qui durent avoisinent six minutes que NEPHREN-KA domine comme un tyran despotique sur nos oreilles d’esclaves enchaînés. On prend un effet de souffle sur les changements de rythmes, les petits passages de caisse claire singulièrement anodins mais décelables, des atmosphères parfois hyper morbides comme on l’entend sur le début du morceau…
NEPHREN-KA arrive à envoyer une sauce épicée savoureuse en réunissant grâce à cette longueur de titres, plusieurs facettes tantôt violentes tantôt plus posées, et c’est par ici que leur death metal est plus mature et maîtrisé. Il a su emprunter une voie personnelle mais ça ne lui empêche pas d’être rapide, technique et hypnotique comme on l’entend à partir de 3’00.

Tout au long de l’album cette sensation de longueur et d’homogénéité qui cachait la qualité de celui-ci sur les premières écoutes est finalement balayée aujourd’hui.
Si les titres les moins longs comme « Legend of Selim… » part 1 et 2 privilégient la démonstration technique et rapide (notamment la part 2 qui vous perdra indubitablement), il n’en demeure pas moins que des chansons un poil plus longues, comme « The rise of Omnius », prennent déjà plus d’ampleur car NEPHREN-KA se laisse emporter par plus de tradition, délaissant la technique pour plus d’efficacité dans les atmosphères et quelques changements de rythmes toujours intenses mais plus « basiques ». Cela n’empêche en rien les solos intéressants et plus mélodiques qui sont écrits sur cet album, il n’y a juste qu’à écouter à 3’55 mn du morceau et en faire ses propres conclusions.

Cet album c’est tout cela en même temps. Entre un « Feydakins Storm…. » déjà plus orienté sur certains segments vers des couleurs parfois proches de Dying Fetus,( conservant malgré tout l’esprit du death lourd) et un « To the golden path » avec des choses tellement plus posées à la Morbid Angel/Immolation (à l’atmosphère malsaine) en début de morceau, pour évoluer ensuite vers une espèce de black metal Dark Funeralien ; NEPHREN-KA écrase l’auditeur sous trois quarts d’heure d’un death metal de haute voltige, mais il faut un temps d’adaptation, on l’aura compris.

Ajoutons à cela un visuel une fois encore, signé magistralement par Stan W Decker qui offre avec talent la possibilité à NEPHREN-KA de bien mettre en avant son monde de science-fiction inspiré par Franck Herbert et l’histoire de « Dune » ; comme un Bolt Thrower français NEPHREN-KA semble façonner un univers bien à lui sur ses guerres intergalactiques, se construisant pas à pas une identité en fer forgé.

Si les premières écoutes n’avaient pas donné le résultat d’appréciation que l’on peut avoir aujourd’hui,et que d’une manière particulière on pouvait subjectivement ne pas trouver ça concluant, c’est parce que l’album de NEPHREN-KA n’est pas à écouter à la va-vite. Il faut savoir digérer un album brutal et technique, les notes ne servent à rien car on aurait pu mettre quelque chose de plus bas en se basant sur les premières appréciations….Il faut prendre son temps, NEPHREN-KA le prend dans ses compositions, et le résultat est là. Voici un excellent album de death metal, plus fluide que son prédécesseur et qui se bonifie avec le temps, mis en avant par une très bonne production et un artwork des plus prestigieux…


 

Tracklist:
1.Butlerian Djihad
2.Mastering the Voice
3.Legend of Selim (pt.1:the Seeds of Discord)
4.The Rise of Omnius
5.Feydakins Storm
6.The Cymek Revolution
7.Legend of Selim (pt.2:the Return of the Worm-Rider)
8.Praise Shaï-Hulud
9.To the Golden Path

 

 

 
Interview : Aequinoctium Sanguinis
Date : 06 Février 2014
Par : E Mail

 

 

 

 


 

 

 

Le black metal bordelais se porte bien , AEQUINOCTIUM SANGUINIS représente de son côté la facette très pagan d’un black metal proche de valeurs naturelles et forts d’un premier Ep « Les runes de sang » sorti cette année, ils sont déjà en préparation d’un album complet pour l’année qui arrive en ayant accentué encore plus ses intentions pagan. Pour vraiment découvrir le groupe, tous les membres Ogmios (guit/chant), Andrasta (clav/chant),Obscurisis (batt), Ulfehdnar (guit/chant), Ibar (bass) se sont prêtés au jeu de l’interview, à vous de faire le reste….



Magic Fire Music : Bonjour à vous, nous y voici, le moment est venu de nous expliquer plus avant toutes les subtilités d’AS.
Tout d’abord on a la sensation en discutant avec vous qu’au delà de la musique pagan black, étiquette aussi réductrice soit-elle, vous avez réellement un style de vie proche de la nature, en fait peut-être plus celtique que Pagan, si vous pouvez nous approfondir ces véritables définitions…Par ce qu’on a cru comprendre que Ogmios pratiquait une espèce de druidisme sans être péjoratif, et vous citez souvent des références très proches d’une vie saine, en allant dans votre présentation et même jusqu’à votre booklet de présentation à lier celui-ci avec une ficelle et non pas une simple agrafe…Dites nous tout….
D’ailleurs est-ce que dans le groupe tout le monde possède un attrait aussi fort pour cette culture, que ce que Ogmios et Andrasta peuvent montrer naturellement en fait ?

Ogmios et Andrasta : Bonjour à toi !
En fait oui le groupe possède une grande influence païenne et surtout axée vers les Celtes puisque dans le groupe nous pratiquons le Druidisme (à notre manière et avec notre vision) et que c’est nous qui avons écrit la quasi totalité des paroles…
Le Druidisme est une religion dite « païenne » : c’est-à-dire que les individus qui la pratiquent se conçoivent comme source de leur propre vérité, responsables de leur vie (et pas soumis à un être supérieur par exemple) et co-créateur du/des Mondes. Le Druidisme ne possède pas de dogme, toute chose bonne pour soi et qui fonctionne est valable (on a donc tous une conception personnelle du Druidisme). C’est ce qui en fait une religion très ouverte et assez tolérante. Chaque être est fondamentalement bon (même si c’est parfois caché très très loin !) et peut se réincarner s’il le souhaite (pour faire simple) pour vivre diverses expériences. Au fur et à mesure les Awenns (les Etres spirituels un peu comme l’âme si tu veux) se redécouvrent, réapprennent et évoluent de leurs expériences vécues. Les Awenns très évolués peuvent décider de devenir des guides et sont alors parfois considérés comme des Divinités (Cernunnos, Ogmios, Korridwenn, Epona…).
Alors concernant le mode de Vie, oui la vie païenne est une vie que nous considérons comme saine. Le Druidisme c’est être le plus Juste possible dans l’action comme dans l’éthique. Il y a peu de place pour la culpabilité (très chrétienne) car chaque choix se veut être assumé. Une Vie saine ce n’est pas forcément manger bio, ne pas fumer etc, mais c’est surtout apprendre à se connaître, à s’écouter (son corps et son esprit) et à respecter les cadeaux que nous offre notre Terre (Gaea) que tous les êtres vivants ont contribué à créer. 
C’est vrai que le Druidisme, avec ses fêtes calendaires nous invite à nous rapprocher de la Nature et de ses rythmes… Et ça fait du bien! Nous nous en fêtons 8: Sahmain (31/12) le nouvel an Celte, Yule (Modra Necht) au solstice d’hiver, Imbolc (le 02/02), Ostara (Alban Eilin) à l’équinoxe de printemps, Beltaine (le 01/05), Litha (Tantad) au solstice d’été, Lugnasadh le 04/08 et Mabon (Alban Elved) à l’équinoxe d’automne. Chaque fête correspond à une étape de la Nature, ce sont des moments particuliers qui nous rapprochent des Divinités, de nos ancêtres, des Esprits de la Nature etc (en fonction de la fête en question). Tout ça autour de bonnes boissons (cidre, vins maisons, hydromel), de bons repas et qui jalonnent les rituels… Le plus souvent, ces rituels sont pratiqués à la maison pour éviter de se faire trop remarquer par les riverains.
Le Druidisme est aussi une philosophie de Vie : je me respecte, je respecte les autres et le Monde qui est autant vivant que nous. C’est par exemple respecter la parole donnée (un sens de l’honneur assez prononcé), encourager la beauté dans toutes ses formes, détester l’hypocrisie… 
Etre humain c’est être l’arbre qui bouge, la plante, qui prend soin du jardin (sans entretien la forêt dépérie).
Du coup, pour le press book et son apparence, c’est venu assez naturellement on n’avait pas fait trop attention… (déformation païenne ?).

Dans le groupe, Ulfhednar est beaucoup plus proche des philosophies Nordiques et de la religion Asatru. Il est en cours de création de ses propres croyances et concepts. Mais il pourra plus en discuter dans sa réponse à la question… !
Obscurisis quand à lui n’est pas païen, mais il se renseigne au fur et à mesure de ses diverses questions ! La curiosité et le questionnement est la première qualité d’un être vivant, non ? 
Ibar lui pour le peu dont on en a parlé ne connaît pas beaucoup ces religions mais nous sommes sûrs qu’il voudra en savoir plus… On l’a invité à lire les paroles pour se faire une idée.
Ulfhednar : Pour ma part je perçois la musique que nous faisons comme une extension de mes croyances. La musique à longtemps été une façon de rendre hommage aux divinités (toute croyances confondues) et donc cela semblait naturel de lier ma passion pour le métal a un concept rituel Païen.
Obscurisis : à titre personnel, je ne me sens pas du tout proche de la culture païenne, que je respecte toutefois. Je suis rentré dans Aequinoctium pour des pures raisons musicales et je dois avouer que je m’intéresse peu au message transmis, tant qu’il ne va pas à l’encontre de mes convictions personnelles. Mon mode de vie n’est pas du tout rattaché à cet univers, je distingue clairement la musique et comment je suis.
Ibar : Musicalement, le Pagan metal m’a absorbé très tôt. Je devais avoir 16 ans à la sortie de l’album Spicilège de Belenos (2002 c’est bien ça?), et c’est vraiment cet album de ce groupe qui m’a fait entrer dans cet univers. C’est probablement le genre de metal que j’apprécie le plus, talonné par le black, puis le reste.
J’ai toujours énormément apprécié cet « univers », son folklore, ses légendes, et sa capacité a me faire voyager, que ce soit en lectures, films ou…musique. Malgré tout, je n’ai jamais creusé très loin, et mon attrait reste culturel. Je suis définitivement athée.





Magic Fire Music : Ogmios et Ulfehdmar sont à l’origine du groupe et j’ai lu qu’au départ vous étiez six, mais alors que jouaient les membres précédents, je suppose qu’il y avait un bassiste et sans doute un autre guitariste non ?
D’ailleurs est-ce que vous pouvez nous parler de votre nouveau membre , votre bassiste , de sa venue, de son style de jeu…. ?

Ogmios et Andrasta : Alors, les deux anciens membres du groupe étaient une chanteuse et un bassiste. Pour des raisons d’honnêteté artistique, de justice envers le groupe et eux-mêmes, ils ont réalisé qu’ils devaient quitter le groupe (ils sont toujours partis juste avant qu’on leur annonce officiellement leur départ).
A l’origine du groupe, la composition de celui-ci aurait du être très proche de la formation actuelle, seulement Andrasta ne se sentait pas encore capable d’assurer simultanément le chant et le clavier. C’est pourquoi la copine d’Ulfhednar de l’époque s’est proposée et on a accepté en faisant l’erreur, on s’en est rendu compte après coup, de ne pas faire d’audition. 
Concernant le bassiste, il ne souhaitait pas du tout faire de pagan et des conflits sont apparus naturellement quand les compos sont apparues être plus païennes… Il est parti 3 mois environ après la création du groupe. La chanteuse quand à elle a tenue à peu près un an. C’est dommage, car avec du travail et plus d‘assurance, elle aurait peu faire quelque chose.

Ibar, a failli intégrer le groupe il y a 1 an, alors qu’il faisait encore parti d’Insane Conflict. Il s’était alors proposé mais n’avait ensuite pas pu concrétiser. Quand à notre dernier concert un autre bassiste nous a proposé ses services, il nous a paru être le bon moment pour faire une audition. Elle a consisté en l’écriture de la basse sur un des morceaux, puis de venir le jouer en live lors d’une répèt.
Au niveau de son style de jeu, il a l’avantage de venir d’un univers plus rythmique ce qui est enrichissant, tout en ayant de suite compris nos compos. Il a l’air d’avoir réussi à avoir trouvé sa place assez facilement dans le groupe.
Ulfhednar : Sans commentaire pour les précédents membres. Au sujet d’Ibar c’est un ami qui date du lycée, ce qui facilite déjà l’entente humaine vus que l’on se connait déjà, et son style de jeu sur basse fretless me plait, ca a de la personnalité et je trouve que c’est ce que l’on cherche.
Ibar : Je vais tenter de me présenter sommairement… J’avais déjà tenté de rejoindre le groupe l’an dernier, mais n’ai pas pu concrétiser, la faute à de gros changements personnels et professionnels. Puis il y a peu, je me suis retrouvé sans groupe et, voyant qu’A.S était officiellement à la recherche d’un bassiste, j’ai tenté le coup.
Pour la petite histoire, je connais également Ogmios et Ulfhednar depuis le lycée, ce qui je suppose a un peu facilité le coté humain de mon intégration.
Musicalement…Ce n’est pas forcément facile de se décrire soi même. Je dirais que j’essaie continuellement d’ajouter du relief aux morceaux. Le bassiste d’Arkona est une de mes plus grosses influences dans ma façon de voir les choses. Ça s’entendra peut être… ou pas… Sinon, a part le fait que je joue sur fretless, rien de particulièrement remarquable à signaler… Je laisse mes compères compléter leur point de vue personnel sur le sujet.

Magic Fire Music : Au sein de AS, vous êtes plusieurs à vous passer le chant, ça me fait penser à STRYNN ou encore à THE GREAT OLD ONES pour exemple bordelais qui me vient à l’esprit tout de suite…., on a l’impression qu’aujourd’hui le chant est relayé au rang de ligne musicale secondaire, comme si chacun avait en lui le potentiel d’être chanteur et que c’était si commun et peut-être ingrat que vous préférez vous donner la réplique dans AS pour dispatcher cette tâche…Qu’en est-il ?
Ogmios et Andrasta : Et bien non, c’est tout l’inverse en fait. Au début sur la plupart des chansons c’est nous deux qui chantions. Ulfhednar a eu l’envie de chanter également et Ogmios lui a donc laissé un peu de place !
Les lignes musicales sont pour nous des instruments à part entière (deux instruments distincts : la voix guturale et la voix claire). Le chant est un outil essentiel dans le morceau est n’est pas juste là pour meubler. Tu le verras avec la réponse à la question sur les paroles… L’alternance des chants clairs/gutturaux sert de lien entre le texte et la musique. C’est pour nous un moyen de partager des énergies et de faire ressentir des sentiments et ainsi de mettre en place notre univers et de guider les auditeurs. La voix est le premier instrument de l’être vivant animal  et nous comptons bien nous en servir à fond !
Obscurisis : Les chants multiples ne m’ont jamais dérangé, je pense que ça apporte une touche supplémentaire, un chant est comme une guitare, je ne pense pas qu’il faille se limiter à un seul si en mettre plusieurs peut se révéler utile ou intéressant musicalement. 

Magic Fire Music : Alors « Les Runes de sang » c’est votre première production, petit aparté vous avez indiqué qu’il était sorti pour la fête de Beltaïne qui après recherches s’avère être le 1er mai, qui est la troisième fête religieuse de l’année celtique protohistorique… J’étais bon ou pas ?
Et donc vous y avez mis 6 titres d’une durée totale de 24 minutes…
Vous m’aviez dit que tout a été fait chez ou par Ulfehdmar , est-ce que tu peux me dire comment tu as appris à bosser là dessus, parce que ce n’est jamais facile d’arriver à enregistrer, mixer, sans doute masteriser…son propre groupe, est-ce que tu n’as pas peur quelque part de fausser le jugement en étant trop impliqué justement et ne pas avoir assez de recul peut-être ?

Ogmios et Andrasta : En fonction de comment tu prends en compte le calendrier celtique (soit le début à Imbolc soit à Sahmain) tu as raison : Beltaine peut être la 3ème fête !
Nous on a une totale confiance dans ses capacités. Et tout le monde met son grain de sel au processus ! 
Ulfhednar : Il est vrai que le manque de recul peut être un handicap (et c’est pour cela que cette fois ci je tiens a faire faire le mastering par une tierce personne) mais quand à mon implication c’est à mon sens un plus : nous sommes tous impliqués au maximum dans un but commun : donner le meilleur de nous-mêmes dans cet album, et c’est dans la religion duidique ce que l’on appelle un égrégore 





Magic Fire Music : A l’écoute de « Les runes de sang », effectivement, en mettant encore et toujours des étiquettes, on sent que AS est placardé dans un style black metal, avec cette connotation pagan qui vous va plutôt bien d’ailleurs. Mais c’est quelque chose qui est assez inégal sur le Ep je trouve.
Pour vous avoir vu pour la première fois lors du concert à Bordeaux avec LORD SHADES et ENTHROPIA, il y avait dans le set plus de titres pagan j’ai trouvé. Tandis que sur le Ep, un titre d’introduction comme « Rites », le passage à mis parcours de « Moytura », ou « Les runes de sang » (qui prend quelques airs pagan très folk dans un esprit vraiment… je dirais FINNTROLL pour faire un raccourci sommaire et grossier, avec le côté humour en moins),on a la sensation que c’était moins prononcé….Les titres qui figurent sur ce Ep sont ils plus vieux que ce que vous aviez joué en concert ?

Ogmios et Andrasta : Alors oui, les morceaux présents sur l’E.P. sont plus vieux. Les Runes de Sang a été le premier morceau que l’on a gardé (il y a avait eu un avant pour s’échauffer) puis est venu Dark Fogs, très obscure qui peut être vu comme un moyen de se régénérer en exprimant sa colère et sa haine. C’est avec la composition de Forgotten Gods que nous avons réellement assumé notre côté païen et ce morceau a marqué un tournant dans le groupe. 
C’est à partir de ce moment-là réellement qu’on s’est rendu compte que notre musique pouvait être un rituel à elle seule permettant à travers les échanges d’énergie de ranimer les croyances ancestrales et pouvant contribuer à modifier le monde (à notre petite échelle) pour bâtir un monde de Paix et de Justice en harmonie entre tous les êtres vivants… Le concept c’est que si tout le monde tente de faire bouger les choses à son échelle ça ferra un effet boule de neige.
En fait on ne cherche pas à « faire du païen » les compos arrivent « naturellement » et on se sert des rythmes, des ambiances, des paroles pour faire passer les émotions et le message qu’on souhaite.
Ulfhednar : Bien vue morue ! 
Obscurisis : l’EP a été composé au tout début du groupe, donc les morceaux ont un effet un style un peu différent de maintenant. On va dire que l’esprit musical s’est affiné avec le temps et maintenant, je trouve que nos morceaux ont tous la patte d’Aequinoctium. 

Magic Fire Music : Vous avez eu une démarche pour le moins intéressante, car lorsqu’on y regarde de plus près, vous avez sorti votre Ep « Les rune de sang » au mois de mai 2013 et vous bossez actuellement sur votre premier album que vous l’aviez déjà annoncé dans votre press book…Comme si tout avait déjà été planifié bien à l’avance….Sachant que vous aviez suffisamment de morceaux en banque pourquoi ne pas avoir joué le grand jeu tout de suite et sorti immédiatement un album ?
Vous ne pensez pas que ça pourrait sembler trop rapproché avec le EP, surtout si sur cet album vous remettez un ou deux morceaux du EP ?

Ogmios et Andrasta : Alors en fait, on ne pensait pas faire un album « aussi vite » au départ. « Les Runes de Sang » était un moyen de livrer notre musique aux auditeurs et de voir nous comment ça rendait en tant qu’auditeurs… Sa réalisation nous a beaucoup plu (enregistrements, design de la pochette) et Andrasta a très vite voulu faire un album pour donner aux gens un moyen de voyager en profondeur dans l’univers d’A.S. et d’eux-même. Ulfhednar et Ogmios étaient très faciles à convaincre et Obscurisis a approuvé. 
Une autre raison à cet album est notre départ possible à l’étranger dans un avenir proche pour des raisons professionnelles. On avait donc envie de laisser un vrai album si le groupe venait à s’arrêter (ce qui est de moins en moins probable : à l’étranger les concerts c’est cool aussi, ça fait voyager les autres membres du groupe !)
Obscurisis : Je pense simplement que l’on voulait se tester, voir ce qu’une première production donnerait au niveau des réactions du public avant de se jeter dans le grand bain.
Il faut bien voir qu’un EP n’a pas du tout la même ambition qu’un album en tant que tel, on vise un public beaucoup plus large avec un album car il sera justement une vraie production. L’EP était vu comme un ballon d’essai, je ne pense pas que les sorties rapprochées soient donc réellement un problème parce que je ne vois pas trop comment l’album pourrait concurrencer l’EP, ou plutôt l’inverse.De plus, l’album est très différent de l’EP et avant qu’il ne sorte l’EP aura déjà été présent un petit moment. De plus, nous ne sommes pas entièrement satisfaits de cet EP donc je pense que l’album viendra effacer nos regrets.





Magic Fire Music : Vous parliez à l’époque de seize titres qui seront présents sur l’album, est-ce que c’est toujours d’actualité ou vous avez modifié d’une part le choix des morceaux pré- établis au départ et ensuite le nombre de morceaux voulus sur ce dit album ?
Ogmios et Andrasta : Oui, au départ on pensait mettre 16 titres, mais Obscurisis nous a tous convaincu de réduire le nombre de compos et on en a profité pour choisir le chiffre 13 : 8 fêtes calendaires, 4 éléments + l’Awenn.
Les morceaux ont un ordre choisi pour amener l’auditeur à se retrouver, retrouver sa part de divinité…bref, un concept païen quoi !
Obscurisis : L’album contiendra 13 titres et durera 63 minutes, on a préféré réduire le nombre de morceaux car on était déjà satisfaits du résultat qu’il y aurait, et des contraintes matérielles nous ont aussi poussé à revoir le chiffre.

Magic Fire Music : Bon…Vraisemblablement cette fois-ci pour cette production à venir, vous êtes allés enregistrer les batteries chez Raphael Henry au Echoes Studio, il y a forcément une raison qui vous a poussé à aller chez lui, je veux dire chez lui ou un autre ingé son, mais qui vous a poussé à monter d’un cran sur les batteries au moins plutôt que de faire ça maison, alors pourquoi ?
Et si c’était par souci de clarté au niveau de la batterie, pourquoi ne pas être allé plus loin et tout enregistrer là-bas ?

Ogmios et Andrasta : Pour la batterie c’est le seul instrument où il faut absolument un cadre, une vraie batterie pour qu’Obscurisis puisse entendre sur l’album son instrument tel qu’il devrait être. Obscurisis a choisi d’aller chez lui tout simplement !
Les autres instruments sont enregistrés chez Ulfhednar car d’une part il a progressé en enregistrant l’E.P. et ensuite parce que le matériel amateur actuel est largement équivalent à ce qu’il se faisait il n’y pas si longtemps que ça dans le milieu professionnel. Pour nous, il est nécessaire d’enregistrer les instruments sans la contrainte du temps et donc en enlevant un maximum de stress pour permettre à la musique de s’exprimer.
Ulfhednar : On aime faire le maximum de chose par nous mêmes, on peut interpréter cela comme un excès d’égo peut être mais c’est ce qui fait aussi notre fierté, un des principes de base de nos croyances.
Obscurisis : Je plaide coupable, j’ai exigé d’enregistrer les batteries en studio pour l’album car tout d’abord je refusai catégoriquement d’enregistrer un album complet sur ma batterie électronique, que je considère comme excellente pour s’entraîner mais qui ne remplacera jamais une vraie batterie acoustique. Ensuite, je me suis donné un niveau d’exigence très haut pour l’album, et cela passait notamment par un enregistrement professionnel. Je pense que faire une batterie en studio était la condition sine qua none pour l’album en ce qui me concerne et on a choisi Echoes Studio car l’an dernier j’ai enregistré l’album Decadence de Strynn, mon autre groupe, là bas et que cela c’était très bien passé. En fait, enregistrer en studio est beaucoup plus exigeant que en home studio, même si je n’ai pas de problème avec la manière dont Ulfhednar fait le travail, et je voulais impérativement quelqu’un pour me cadrer et quelqu’un qui soit capable de trouver LE son de batterie qui collerait à l’album. Enregistrer en studio apporte un gage de qualité supplémentaire en raison de l’expérience de l’ingé mais aussi car c’est quelqu’un d’extérieur au groupe, qui aura un avis très objectif sur ce qui est joué et qui n’hésitera donc pas à dire ce qui ne va pas, mais aussi ce qui va. De plus, j’avais été très satisfait de mon passage à Echoes donc je savais que en enregistrant chez Raphaël j’aurai exactement le son que je voulais, et je n’ai pas été déçu. 

Magic Fire Music : Et si c’était par souci de clarté au niveau de la batterie, pourquoi ne pas être allé plus loin et tout enregistrer là-bas ?
Obscurisis : Je pense que l’on a pas franchi le pas pour tout les instruments car le plus gros problème était la batterie, c’était l’instrument qui posait le plus de problèmes à enregistrer en home studio car déjà je n’en ai pas et que Ulfhednar n’a jamais sonorisé de vraie batterie, et n’a tout simplement pas le matériel nécessaire. Pour les autres instruments les problèmes techniques sont moindres et enregistrer en home studio n’était donc pas impossible, tant techniquement que par rapport au rendu final espéré. 

Magic Fire Music : Vous utilisez un clavier qui donne bien sûr du répondant aux guitares puisque il ne s’agit pas de nappes simples mais de passages qui se collent vraiment sur les accords et rythmiques de guitares en fait, mais pour aller plus loin dans l’esprit celtic-pagan, vous n’aimeriez pas y apporter une touche vraiment folk, avec des vrais instruments traditionnels genre flûte, cithare ou vielle à roue même ?
Ogmios et Andrasta : On y a pensé, le problème c’est qu’on veut pouvoir jouer ce qu’on écrit en live comme sur l’album. On est contre le principe des samples sauf à la rigueur pour l’introduction quand on n’est pas encore sur scène. Mais on a déjà pensé à mettre du low ou du tin wistle, de la cornemuse, du violon et du bodhrán… Pour l’instant cela ne nous a pas semblé nécessaire aux compos et quand on y a réfléchi, on s’est dit que ça ne collerait pas forcément à A.S.
Ulfhednar : C’est une idée qui nous à traversé la tête et si nous sommes amenés à rencontrer des artistes qui pourront apporter cette « touche » supplémentaire au groupe, pourquoi pas !
Obscurisis : Moi je n’ai rien contre dans l’idée mais il faudrait que cela soit bien adapté au morceau et pas vouloir mettre des instruments celtiques juste pour en mettre, si cela a une utilité, comme dans Nydvind par exemple, ou Bran Barr .





Magic Fire Music : Je suppose que vous avez en tête, ou du moins j’ose l’espérer que vous avez pensé à quelque chose de vraiment traditionnel pour la réalisation de cet album, un truc vraiment païen je veux dire, pas juste un cd en boitier cristal, quelque chose qui soit vraiment à la hauteur de vos intentions métaphysiques, qu’en sera -t-il ou il est bien trop tôt pour le dire ?
Ogmios et Andrasta : Bon, alors là c’est en cours de réflexion. Mais oui, on voudrait que l’allure de l’album rend compte de la musique. Si nous n’arrivons pas à trouver quelque chose d’original et dans notre budget, l’originalité sera « uniquement » dans le visuel, qui dans tous les cas sera de notre cru.
Obscurisis : je ne suis pas sur que l’on ait vraiment une intention métaphysique nécessitant de renouveler de manière globale le mode de production d’un CD. Personnellement, j’aime bien les digipack en trois et je trouve que le toucher «carton» collerait mieux avec l’esprit de l’album, mais pour tout te dire on en a pas encore discuté.

Magic Fire Music : Pour reparler de vos morceaux présents sur « Les runes de sang », lorsqu’on écoute attentivement le dernier « Forgotten gods », on a l’impression qu’il est un peu en marge des autres morceaux de l’Ep, peut être parce qu’il est un peu plus rentre dedans que les autres, et plus énergique en fait. Pas tant en matière celtique, bien qu’il le soit quand même, mais notamment en agressivité black metal en fait, c’est un titre que vous avez écrit dans le même temps que les autres ou pas ?
Ogmios et Andrasta : Comme on l’a dit, c’est ce morceau qui a marqué le tournant paîen dans le groupe. Sa dualité est à l’image de notre monde. La brutalité du début sert à faire une sorte d’état de lieu et la seconde partie invite littéralement les auditeurs à venir nous rejoindre pour danser, chanter et fêter ensemble à Brocéliande pour retrouver la divinité qui sommeil en chacun (d’où le titre) et ensuite de retourner dans ce monde conscient de cela. C’est un de nos morceaux préférés, un voyage initiatique.
Ulfhednar : Comme dit pendant l’interview c’était l’un des derniers en date et c’est vraiment celui-ci qui à marqué notre passage vers la musique pagan.


Magic Fire Music : Depuis 2011, je ne sais pas si vous avez beaucoup joué dans la région bordelaise en fait, je sais qu’au mois de mai 2013 vous avez fait un concert, dernièrement avec LORD SHADES et ENTHROPIA, mais est-ce que vous avez eu vraiment beaucoup d’occasion de vous roder avec la scène, en plus des nombreuses répètes je suppose….La plupart des groupes disent toujours que c’est la scène le plus important, mais ça reste tout de même quelque chose à préparer en amont avec un certain professionnalisme malgré tout, qu’est-ce qu’il en est pour AS ?
Ogmios et Andrasta : En tout nous avons fait 4 concerts avec ce line-up dont un en première parti de la Black Crusade Tour (le premier avait été fait aux Runes avec l’ancienne chanteuse).
En fait, concernant la scène c’est assez particulier. Nos concerts sont des rituels à part entière, d’où le lierre et l’encens (contribution de la Terre et l’Air… le Feu et l’Eau étant difficile à placer en toute sécurité sur une scène… !). Le choix de l’ordre des compos est donc important et nous permet de jouer avec les émotions (les nôtres et celles du public) pour moduler les énergies dégagées. Pour faire clair : au cours des concerts, on invoque des Divinités, les Eléments, et nous apportons notre musique comme un tissage d’énergies et de vibrations pour capter les Awenns du public et les entraîner dans un voyage.
On prépare donc chacun de nos concerts avec beaucoup de soin…on répète en général 1 mois minimum à l’avance (en fonction du moment où on connait la date bien sûr !) chacun des morceaux dans l’ordre où ils seront joués. 
Et le fait très marrant c’est qu’à chaque fois que nous avons joué ça a été autour d’une des 8 fêtes calendaires. Ce qui renforce la puissance du rituel et notre motivation ! Si c’est pas magique ça !
Obscurisis : On a pas de réelle préparation à la scène, on fait juste des répètes plus productives mais on ne prépare pas de jeu de scène spécifique, on en est pas encore là. Le seul élément de préparation c’est le decorum mais à part ça on a pas de préparation spécifique. 





Magic Fire Music : J’en parlais l’autre jour, c’est vrai qu’un rien habille une scène, vous avec vos lierres sur le micro sans sarcasme , finalement ça décore la scène et pose l’ambiance….Est-ce qu’à l’avenir, vous avez envisagé d’améliorer vos prestations scéniques avec quelque chose de plus complexe au niveau de la mise en scène, un truc qui engouffrerait le spectateur totalement dans le monde de AS ? Ou ça reste du domaine de l’imaginaire ?
Ogmios et Andrasta : On ne fera pas dans la surenchère visuelle. Mais Ogmios souhaiterai concevoir deux éléments de décors jouant avec l’eau et le feu. Mais la place sur scène manque dans les salles où l’on joue pour l’instant et cela requiert du temps.
Obscurisis : Pour l’instant, rien n’est prévu mais on est amené à évoluer je pense, il n’y a rien qui nous en empêchera et je pense que cela collera encore plus avec l’imagerie développée par le groupe. Notre imagerie est vraiment une part essentielle de la musique donc tout ce qui peut renforcer l’immersion sera le bienvenu. 


Magic Fire Music : Au vu de ce que vous avancez dans la description de votre univers musical et également vital finalement est-ce que l’écriture des paroles vous prends au moins autant de temps que l’écriture de la musique ? En fait est-ce que les paroles de AS sont au moins aussi importantes que sa musique?
Ogmios et Andrasta : Oui, l’écriture des paroles nous prend beaucoup de temps. En général, autant de temps que la composition des morceaux en eux-mêmes. Le texte est un des éléments fondamental de notre musique. On essaie non seulement d’instaurer une atmosphère par le rythme des paroles mais également de peser les mots de manière à ce qu’ils retranscrivent au mieux l’esprit que l’on souhaite insuffler aux morceaux et les niveaux d’énergie des vibrations envoyées à l’auditeur.
De plus, en grand adeptes de littérature, on essaye d’utiliser au maximum des formes poétiques qui possèdent l’avantage de s’encrer plus facilement dans la mémoire de ceux qui nous écoutent.
Obscurisis : je ne peux pas me prononcer là dessus mais il est clair que Aequinoctium est un groupe à entendre et à lire. Les ambiances dégagées se retrouvent dans les textes et c’est le complément naturel des parties instrumentales, il ne faut pas passer à coté.


Magic Fire Music : A chaque fois qu’on discute avec vous, vous nous sortez une culture vraiment calée en matière celtique, allez pas de triche, wikipedia n’est pas ton ami (sauf pour moi) on arrive bientôt à la fin de cette interview, donc test, je vous balance quelques noms vous me dites qui ou quoi, sans aller chercher sur le web, après avoir donné vos réponses vous pourrez y aller : (paye ton track by track divinités celtiques)
Ogmios et Andrasta : 
-Cernunnos : Le grand cerf cornu, il est à la fois un dieu celte (voire protocelte) dans le cadre de la pratique du druidisme et le dieu du principe masculin de la wicca. Cernunnos est avant tout le symbole de la responsabilité de l’homme vis-à-vis de la nature car il représente la royauté et les responsabilités qui en découlent.
-Cat Maighe tuireadh : C’est un héros irlandais, de mémoire il a joué un rôle dans l’une des 3 batailles de Mag Tuired (ou Moytura, une de nos chansons !) qui opposa les Tuatha de Dannan au Fomoreas.
-Tuatha De Dannan : C’est le peuple fondateur de l’Irlande. Ils sont sensés être des géants dotés de pouvoirs ou d’outils magiques et qui sont venus d’un lointaine contrée au nord. Ils sont les acteurs principaux de la plupart des anciens textes irlandais et anglo-saxons en général.
-Ogmios (facile celui là) : Il est comparé à Héraclès par les grecs et Hercules par les romains. Ils le trouvaient barbare car il était vieux mais puissant et drapé d’une toison de lion. Ce qui les choquaient était que ses représentations le montrent tirant la langue, percée d’un anneau d’or qui le lie par une fine chainette dorée aux oreille d’un cohorte de tête ou de personnes qui semblent pourtant le suivre de leurs plein grès. Il est donc le dieu des bardes, le porteur de l’éloquence et le juge résolvant les conflits par la parole. C’était un grand orateur (c’est pourquoi j’ai choisit ce nom d’artiste !).
-Damona : Connu de nom (c’est sûr), il nous semble que c’est une divinité des rivières.
-Lebor Gabala Erenn : Inconnu au bataillon (on va chercher, merci ^^!)
-Dagda : C’est le Dieu père, il est souvent associé dans la résolution des problèmes agraires. Il possède un chaudron (le chaudron de Dagda, une autre de nos chansons !) qui dispense des bienfaits et notamment la vie. Son chaudron a fait revivre les Tuatha de Dannan au cours des batailles de Moytura.
-Arianrhod : Connu de nom sans plus. C’est une déesse liée aux chevaux mais c’est pas sûr.
-Lucifer (attention c’est peut-être un piège) : Dans quelle tradition ? (chrétienne ?). Pour nous, il s’agit du porteur de lumière également appelé « étoile du matin » bizarrement au même titre que Jésus. Souvent, il est comparé à Vénus (planète récente du système solaire dont l’apparition à été historiquement relaté et qui est la seule à tourner en sens inverse sur son axe (dextrogyre si je ne m’abuse)).


Elle est vaguement comparable à Teutates chez les celtes mais à eu le mérite de générer des putains de films ^^.
-l’écriture oghamique : C’est une écriture sous forme de « bâtons » assez récente (au regard de la période druidique). Elle se base sur un l’alphabet Beth-Nion-Luis (doute sur le dernier nom…Honte…) qui corrèle des noms de plantes avec les phonèmes de la langue latine (les romains étaient déjà là à son apparition d’après les historiens actuels). Elle ne devait pas servir d’écriture standard mais exclusivement à des fins rituelliques, de prédiction ou de cryptage (forme la plus tardive). Elle s’apparente en cela aux Futharks nordiques (qui servaient cependant à écrire des textes). 
Obscurisis : Je ne veux pas me ridiculiser, je passe mon tour.
Ibar : Oumpf, le QUID 2014 c’est pas moi…


Magic Fire Music : Bon nous voici à la fin « du voyage initiatique au cœur des sources païennes ancestrales » pour vous plagier, je vous remercie d’avoir répondu présent à l’invitation, il serait de bon ton que vous nous rappeliez où et comment vous joindre, comment se procurer votre Ep et à quand doit-on attendre l’arrivée de votre premier album donc….Les derniers mots seront donc pour vous….
Ogmios et Andrasta : Tout d’abord un grand merci à toit de nous donner l’occasion de nous exprimer en profondeur sur AS et nos croyances. 
Pour nous joindre, c’est le troisième chêne à droite après le lutin qui j’espère ne fait pas trop peur à Marcel…

Pour nous contacter : aequinoctium.sanguinis@gmail.com, pour avoir un EP comme pour échanger avec nous. Le facebook d’aequinoctium sanguinis ainsi que notre « chêne » Youtube.

Pour les EP, il faut voir avec nous par mail ou sur les sites de concerts. Vous pouvez également nous retrouver sur les sites des concerts organisés par l’association The Insane Legions dont nous faisons partit.

L’album est idéalement prévu pour la fin de l’été 2014. Plus sérieusement c’est l’assemblée démocratique indépendante des lutins et léprechauns de la francophonie biturige vivisque qui décidera…

Que les Esprits de la Nature et de vos Ancêtres guident vos pas,
Amicalement.

Ibar : Tout ce que je peux dire, c’est que j’espère vivre de belles choses avec cette bande de dingues.

Cela faisait bien longtemps que la Gironde n’avait pas subie de telles inondations, on parle de 1981 il me semble, rien de certain. Mais c’est vrai que la Garonne en a eu marre de dormir ces derniers temps et elle est sortie de son lit si douillet.
S’imposant naturellement comme s’il devait reprendre ses biens, le fleuve s’invite sur tous les bords, s’incruste chez les habitants les plus proches, la pluie diluvienne incessante aura raison de cet humain qui n’a de cesse que de détruire son propre environnement comme si le plus important était de satisfaire le court terme sans se soucier du reste….
Bref, il pleut, il mouille c’est la fête à la grenouille parait-il.
Arriver jusqu’à Bordeaux semble être le parcours du combattant subaquatique, il faut passer par ici, il faut repasser par là, il court il court le furet…Pourtant finalement en partant le plus tard possible, la circulation est redevenue fluide et l’eau semble avoir un tout petit peu repris sa raison et laisse percevoir une volonté de reprendre sa place….C’est tant mieux, car finalement on réussira à se garer proche des Runes sans encombre.

Le 31 janvier 2014 devait donc être une date maudite pour les groupes qui devaient jouer ce soir. En effet de manière totalement fortuite, ce soir il y avait trois concerts organisés sur Bordeaux, BUKOWSKI et EROS devaient mettre le feu au Bootleg, THOUSAND RAVENS, HELL IN TOWN et leurs copains défonçaient l’Heretic, tandis queBREAKDUST, les toulousains d’EVILNESS et ALTERED SHADE s’étaient préparés à mettre à sac, le bar de Nounours. Ajoutons à cela les conditions météorologiques désastreuses, il fallait vraiment ne pas avoir le cul bordé de nouilles pour décider de cette date.
Mais bravant tous les obstacles, contre vents et marées, on s’est bien marré.
Les Runes étaient le choix indubitable pour tout vieux routard, pour tout amateur de thrash, avec l’attitude rock’n’roll, demandeur de poils et houblon.
Une soirée dans le bar metal et mythique de Bordeaux, sur les quais, comme si l’on avait envie de faire un bras d’honneur à la Garonne, lui disant « tiens tu peux nous mettre sous l’eau, c’est pas grave on a du pastis et des glaçons » .
Bon dans l’absolu le froid la pluie, les inondations auront eu malgré tout raison de pas mal de bordelais, mais avec une affluence plutôt sympa au final attendu que c’est un bar, c’est devant un public de potes et de thrasheurs que les trois groupes ont joué, dans une ambiance familiale et conviviale.

Evidemment le déluge étant responsable de tous les maux actuels des girondins, c’est à 22h10 que la musique a vraiment commencé, tout le monde était en retard, mais ça devient un petit peu la tradition quelque part….

ALTERED SHADE

Jeune groupe bordelais qui doit encore faire ses premières armes, ALTERED SHADEavait donc l’honneur d’ouvrir le bal.
Avec un style annoncé comme du thrash death, il est vrai que les mecs ont un feeling old school sur certaines guitares,mais c’est épisodique. Un style qui rappelle la rugosité de certaines ambiances des années 80’s où les mélodies étaient déchirées par une violence sans concession. C’est un peu ce que semble vouloir offrir ALTERED SHADE. A cela s’ajoute tout de même cette touche moderne très froide que peuvent avoir les groupes actuels, les jeunes groupes actuels. Cette impression d’ère glaciaire due au chant du vocaliste puissant et massivement monocorde. Ce qui donne à l’ensemble une homogénéité très oppressante pour qui découvre le groupe et en live de surcroît.
ALTERED SHADE a placé ses titres de manière honorable, divertissant les amateurs de brutalité, car il ressort de leur style une brutalité rythmique presque deathcore, les morceaux donnant la sensation d’avoir été écrits avec des breaks violents.
Cependant des passages comme celui du titre « Revenge of venus » si je ne m’abuse et ne m’avance pas trop auraient le mérite d’être plus nombreux dans l’écriture de ALTERED SHADE, parce que le feeling presque heavy sur une ambiance apocalyptique leur sied mieux que l’intensité opaque de certains de leurs titres…

Mais en guise d’apéritif tardif et chauffeurs de salle de cette soirée intimiste , les jeunes bordelais ont fait leur boulot, c’est tout ce qu’on voulait.

ALTERED SHADE

EVILNESS

Après une installation rapide, ce sont les toulousains qui ont pris le relais, un trio efficace, carré avec un son limpide.
Mais quelle ne fut notre surprise de voir que EVILNESS n’avait pas de chanteur, et proposait un set sans chant !!
Quid ? Comodo ? Mais pourquoi est-il aussi sans chaaaaant ?
Fiers d’un Ep ou Demo !!!! hein ! « Unreachable clarity » la bien nommée, EVILNESS est là pour défendre un peu cette production. Une production de sept titres, qui a de la gueule, avec un artwork aussi qui a de la gueule. Et c’est encore dans un esprit thrash que la soirée continue parce que EVILNESS c’est un mélange de thrash, de mélodies heavy et beaucoup de mélancolie.
Ce qui est intéressant même en l’absence de chant (mais en même temps on pourrait dire ça aussi à Joe Satriani ou Liquid Tension Experiment), EVILNESS arrive à retranscrire parfaitement avec une dextérité déconcertante les moments les plus intenses qui se développent sur le cd. Seb grimace de plaisir devant un auditoire ravi de découvrir le style du groupe.
« Despise Decline » sonne comme un hymne incontournable, tandis que les autres titres du groupe s’enfilent comme une boule de gaïsha, vous savez où…
Ici encore c’est la chaleur d’une proximité conviviale qui fait de ce petite concert sans prétention sa saveur si singulière et son atmosphère touchante et rock’n’roll.
Après le set il était obligatoire de demander : pourquoi ? Et Seb nous a donné cette réponse où leur chanteur , celui qui a enregistré les morceaux, n’ayant plus de temps, est en cours de remplacement. Et le temps que le nouveau puisse se placer convenablement,EVILNESS joue tout de même son show. Ceci donnant une particularité au groupe en attendant qu’on aime ou qu’on n’aime pas. Mais dans l’absolu ils nous avaient déjà initiés au plaisir des mélodies seules puisque sur le cd lui-même trois titres étaient repris en instrumentaux en guise de bonus.

EVILNESS

BREAKDUST

Dernier groupe et non pas des moindres puisque les BREAKDUST faisaient office de tête d’affiche dans leur fief où ils ont déjà tellement usés les semelles. Comme à la maison les tueurs de BREAKDUST étaient à l’aise, manquait plus que les charentaises et le décor était parfait.
Le groupe de thrash girondin qui nous a pondu il y a quelque mois un chef-d’oeuvre du nom de « Baleful world » sorti chez Finisterian Dead End, second album du groupe mais classé rapidement comme grosse tuerie , continue de faire sa promotion, tranquillement . Après quelques bonnes dates dont l’une sur les terres du label lui-même, en attendant la prochaine à Bergerac et encore Rennes, c’est aux Runes que les mecs avaient envie d’en découdre.
On les a senti parfaitement bien dans leurs chaussures, avec une assurance maîtrisée, un son puissant ainsi qu’une gentillesse et une générosité légendaire. Mettant bien évidemment les titres de « Baleful world » à l’honneur avec « Come to challenge them », la malsaine « Sad Evolution », l’arrogante « Fuck you, shut up, listen or go », BREAKDUST n’avait pas besoin de faire beaucoup d’efforts pour conquérir l’esprit combatif des militants Breakdustois venus faire ripaille.
Toujours avec un feeling si heavy/thrash dans les guitares, BREAKDUST a livré un set parfait, en plaçant un peu de l’album précédent où l’ombre de SEPULTURA vient toujours planer. Et malgré l’heure avancée, le départ de quelques uns qui devaient prendre le tram sous-marin pour éviter de se taper un dos crawlé en rentrant chez eux, pendant ce temps-là, pendant ce temps-là oui, BREAKDUST se fait désirer avec un petit rappel….
Un rappel tellement fun où l’amorce d’un « Ace of spades » de MOTORHEAD, le début d’un Guns’n’roses ont fini d’haranguer la foule. Il manquait à l’appel la divine « Make me a living man », mais à la place BREAKDUST nous a offert une reprise de METALLICA, un« Seek and destroy » d’anthologie, mettant tout son amour pour la musique thrash/heavy au service de ceux qui sont aptes à le recevoir.La fin du set était magistrale…

BREAKDUST

Voilà, malgré la pluie, l’heure avancée, malgré le déluge presque les pieds dans l’eau, l’affiche des Runes avait la classe. Les trois groupes ont vidé leurs tripes devant un public de connaisseurs de copains, c’était chaleureux et familial. Point besoin de cuillère en argent ou d’orfèvrerie pour passer une bonne soirée. Ambiance tamisée, chaleur montante, du thrash, du houblon et voilà un décor parfait pour déguster de la musique sans modération…BREAKDUST rules.


 

 

 

PROLOGUE : Si t’as pas envie de lire, regarde les photos de Frédéric, qui nous les a prêté gracieusement pour illustrer cette soirée, et va regarder ta télé juste après… sinon, bon courage.

Les lacets sont bien faits, la porte est bien fermée… Vêtu de la manière la plus sobre possible, point de boots de l’espace ou de salopette anachronique pour ne pas se faire remarquer, il est donc temps de s’aventurer dans la jungle urbaine bordelaise car ce soir les corbeaux sont de sortis, noircissant le ciel déjà plus que sombre, les fossoyeurs sont dans les rues, munis de leurs pelles et de leurs pioches usées par les auto-inhumations et les auto-exhumations multiples, avançant comme des zombies vampirisés et guidés par un désir insatiable de musique noire fusse-t-elle celtique, pagan ou juste « ritualistiquement » traditionnelle mais malgré tout black metal.

Le blizzard froid et opaque n’est pas venu, sans doute ne voyons nous cela que dans les films aux clichés les plus inspirés, la pluie elle-même qui nous gèle les os depuis des semaines n’a pas osé non plus nous faire l’audace, que dis-je l’affront, de nous vider son trop plein de haine sur la tronche en déversant des trombes d’eau sur les cheveux tellement bien lavés des plus « capillairement » fournis.

Oui, la blackosphère est de sortie, les cercueils ont été vidés (le cliché c’est ce qui fait vivre la boutique, alors on en place quand on veut….) En effet le Bootleg grâce à Troll Prod et The Insane Legions, reçoit ce soir dans le cadre de la Burdigala Black Night, trois groupes à l’identité bien trempée et à la notoriété relative pour certains mais pourtant ô combien intéressants.

The Insane Legions association devenue aujourd’hui incontournable dans l’horizon girondin et plus précisément bordelais qui arrive à faire jouer des groupes originaux comme bientôt Negura Bunget le 18 avril à l’Estran ou encore Pulmonary Fibrosis etFleshdoll le 7 juin prochain à l’Heretic, nous offre en co-production une affiche excellente, pour ne pas dire…excellente.

En plus de ça, le plus chanceux gagnera, son pass vip, et son dorénavant non moins légendaire et incontournable pack apéro avec le kit de survie du bon festivalier qui se respecte, de quoi se sustenter aux frais de la princesse à condition d’avoir réussi à lire son numéro de tombola dans la pénombre haha !

Donc en grand « saigneurs » Troll Prod et The Insane Legions nous ont ouvert les portes de l’univers black-pagan-trad,-black-trad-pagan-celtic-trad-black-pagan-celtic-trad-true (c’était pour mettre une étiquette commerciale, un repère fléché, un peu comme chez IKEA, être sûr que tu saches de quoi on parle…) black metal, et ça fonctionne, car le public est venu en conséquence dans ce Bootleg puisque ce sera au moins plus de 130 personnes selon la police et plus de 150 personnes selon les manifestants qui auront été « badgés » pour assister à cette déferlante musicale ce soir.

Un public venu tout de même en masse avec des personnes de tous horizons Oliv de Mind Whispers (Bergerac) grand amateur de black devant l’éternel était là, rappelant le concert de Loudblast, Benighted et Mind Whispers le 7 mars prochain au Lembarzique à Bergerac, La team Heboidophrenie avec Abyss (qui rime…) et Rémy ont également fait le déplacement même s’il n’était pas prévu que ça découpe de la bidoche, Thomas (Asmodee) et Cyriex (Asmodee, Seth, Offending…) toujours présents dans ce type de concerts étaient également là…(c’est toujours marrant de balancer des noms : vu !!!!)

Un bootleg rempli. C’était mon dépucelage du Bootleg, endroit bien situé stratégiquement parlant puisque non loin de la place Pey-Berland et quasi en face de la bibliothèque au cas où la musique te ferais chier tu vas lire un livre, et juste à côté de la caserne des pompiers si les groupes mettent vraiment le feu sur scène…..

Un bootleg efficace avec un service qui rappelle à l’ordre sympathiquement tout oubli malencontreux du règlement non encore connu puisque c’était « ma première fois » dans cet endroit.

Une salle plutôt pas trop mal foutue, à l’ancienne avec son charme d’antan, des verres consignés ce qui reste pertinent en matière de propreté, et puisqu’on en est à parler de propreté, des toilettes au moins aussi nettes que celles du blackroom, et de l’Heretic, il ne faut pas casser les traditions, ne soyons pas iconoclastes…

En tous les cas, endroit bien placé, et un public qui a fait ce déplacement, c’était les ingrédients manquants puisque Troll Prod et The Insane Legions avaient fait le reste. Avec une ouverture de porte anticipée d’une demi-heure, la soirée a commencé à 20H30 avecAequinoctium Sanguinis.


AEQUINOCTIUM SANGUINIS

AEQUINOCTIUM SANGUINIS

L’ouverture de l’univers environnant de ce soir ne pouvait pas mieux être. Loin des elfes, mais plus proches des trolls hargneux, sans pour autant tomber dans le festif à la Finntroll et autre Korpiklaani, AEQUINOCTIUM SANGUINIS, groupe bordelais fort d’un premier Ep « Les runes de sang » et en préparation d’un album qui s’annonce grandiose, nous a offert un spectacle digne des titres qu’ils ont joué sur scène et qui laissent de plus en plus apparaître cet attrait pour l’esprit celtique et druidique.

En effet, toujours dans la simplicité avec ce fameux lierre discret mais qui décore totalement la scène, AEQUINOCTIUM SANGUINIS (nom de groupe détestable au regard simplement de sa prononciation !!) a pris en confiance. On sent véritablement une assurance qui s’est affinée au fur et à mesure du déroulement du set, aussi dû à cet accent mis beaucoup plus sur leur côté celtique affirmé, vécu, et fondé qui a donné aux spectateurs le dépaysement dont ils avaient besoin pour sortir de leur torpeur et de cette catatonie hivernale aux couleurs pourtant plus automnales…

Le duo mythique Andrasta/Ogmios, les Sigfried et Roy de la musique pagan black, fonctionne toujours aussi bien, même si le chant d’Andrasta aurait mérité un peu plus de puissance dans la balance car il arrivait par moment que nous ayons quelques difficultés à en saisir la totale pertinence sur certaines violentes accélérations. L’osmose était parfaite cependant, on sentait que le groupe avait envie d’offrir, d’être généreux, Ulfhednar (le Christian Bale bordelais) a débordé d’énergie et de rage comme à son habitude, demandant au public sur les titres de fin de set (qui bien que captivé par la musique pagan du groupe,avait adopté la position du poulpe de manière grégaire), de montrer sa flamme en organisant un petit pit sabbatique devant la scène pour les dernières minutes.

AEQUINOCTIUM SANGUINIS

Baptême du feu sur scène, pour le bassiste Ibar (n’y voyez aucune similitude avec la rivière de Mitrovisca au nord du Kosovo), qui faisait son premier saut de l’ange avec le groupe, pour montrer qu’un bassiste ça sert à quelque chose finalement….et plongeon en hauteur réussi puisque le triste sire (étiquette due à l’instrument qu’il a choisi) s’est senti comme un poisson dans l’eau, un poisson rouge, faisant le tour de son bocal vu que les autres ne lui laissaient que peu de place sur scène par peur qu’il ne tire la couverture à lui seul!! (non ce n’est pas vrai du tout… mais pour la taille de la scène un petit peu quand même !!)

Les titres les plus révélateurs de leur orientation, tirés du Ep ont été joués comme Rite, Les runes de sang ou encore Forgotten Gods, mais la surprise étaient surtout les autres, des chansons qui donnent l’eau à la bouche, qui donnent envie de découvrir le groupe et leur environnement celtique et que ce futur premier album prévu pour cette année, arrive enfin dans les bacs.

SETLIST : Les Runes de sang/Rebirth of pagan time/Stone warriors/The revenge of a pagan priestess/Epona’s wrath/Rite/Forgotten gods

STRYNN

STRYNN

Après une courte pause, et avant que la froideur mortuaire de STRYNN n’envahisse la salle, que la rigidité cadavérique ne s’empare de nouveau du public, qui ne laisse circuler son sang que dans la jugulaire pour que la tête puisse discrètement faire un mouvement vertical et naturel afin de manifester sa joie légendaire de blackeux, on peut s’apercevoir qu’aujourd’hui le public black metal est très éclectique. Exit les clichés vestimentaires, les codes de l’élite ont été détruits, réduits au néant, Dark Throne en réécrirait des albums de Black si c’était possible et Behemoth dirait que le sataniste est un vieux trendy en mal de sensations fortes, car le lambda de base aujourd’hui peut assister à un concert de black , avec sa coupe de méchu ou son caban tendance: Le black metal c’est dans la tête monsieur et puis c’est tout!

Tant mieux ? Pas tant mieux ? En fait on s’en branle le pistil complètement…..

Après tout l’abattage médiatique qu’il y a eu lors de la sortie du premier album deSTRYNN “Decadence” l’année dernière, sorti chez en co-prod chez Mortis Humanae Productions et Le crépuscule du soir ,la multitude d’interviews sur la presse mainstream, les chroniques dithyrambiques faisant de l’ombre à toute autre sortie d’album, où des milliers de fans se sont jetés comme la misère sur le bas peuple sur les albums, à enrichir les caisses du groupe, ils ont pu avoir enfin les moyens d’acheter….une basse; Le black metal traditionnel ça paye, au point même que STRYNN touche même les plus jeunes d’entre nous qui viennent jusqu’à leur concert acheter leur album (sans doute la faute à bamby, comprenne qui saura), et ça c’est une marque repère monsieur et même Leclerc n’aurait pas dit mieux.

STRYNN, les maîtres incontestés de la négation, de l’autodérision, les surfeurs de la non-comm, les Charlie Chaplin de la rhétorique, l’infection pulmonaire qui fait fumer, la logorrhée du muet, les dieux du paradoxe, de l’antagonisme humoristique et du non-sens farfelus, ceux qui font la promotion des canapés quand il faut sortir écouter leur bouillie infâme, ont réussi leur prestation ce soir également. Pour ne pas changer et rester dans le mouvement contestataire “poil à gratter”, il fallait bien que dans leur setlist on ne retrouve qu’un titre de “Decadence” à savoir “Anguish”. Du coup en fait : découverte personnelle totale, déjà en prestation live, mais également des nouveaux morceaux.

STRYNN ayant au départ une forte propension à jouer un black metal traditionnel à tendance “norvégiennement” old school, point de vue staturation des guitares, et eut égard au son global de la salle, il n’a pas été très évident de découvrir toutes les subtilités guitaristiques des nouveaux morceaux. Mais ce qui était intéressant c’est que ces titres ont peut-être pris beaucoup plus en amplitude, sachant déjà sur scène savoir capter l’audimat grâce à une atmosphère vraiment plus intense, moins violente que certains morceaux de l’album, mais plus profonde. On a senti dans l’ensemble que le groupe avait trouvé une voie toujours peut-être globalement malsaine encore aujourd’hui mais plus atmosphérique pas dans le sens planant, mais plus dans le sens envoûtant en fait où la musique entoure formidablement bien celui qui écoute à lui faire plisser la bouche d’une manière mauvaise.

STRYNN

On sentait sur scène que le duo de gratteurs hurleurs prenait un énorme plaisir à jouer quoiqu’il y paraisse, et c’est totalement détendus et heureux que Dwi et Anad se donnaient la répartie dans une “euphorie” (oui le terme est disproportionné) harmonieusement blackeuse, absolument pas tendus comme une ficelle de Strynn (jeu de mots de merde, mais en même temps c’est pour rester au niveau).

Les ambiances parfois presque à la manière d’un Burzum (j’ai dit presque, ta gueule) sur certains titres de ce que j’ai pu en retenir, donnent à la musique de STRYNN une vision différente de ce qu’ils ont déjà écrit tout en restant fidèles à leurs apophtegmes musicaux.

Et si Dwi et Anad semblaient avoir chaud en jouant leurs trois accords, le seul qui bossait vraiment dans le groupe, le plus courageux, l’homme orchestre, le robocop de la batterie qui s’était déjà pris dans les bras et les jambes le set de AEQUINOCTIUM SANGUINISpuisque batteur des deux groupes (STRYNN n’ayant pas encore vendu assez d’albums pour se payer un batteur pour eux seuls): c’était Guilhem.

STRYNN a capté l’attention poulpeuse (j’ai pas dit pulpeuse) du public qui a communié le temps de sept chansons dans un black metal moins sorti des sentier battus, mais en même temps vu la flotte qui tombe en ce moment, les chemins de terres sont boueux, il était tout aussi bon de rester sur la terre ferme.

SETLIST : Plague / Sadistic / Desolation / Anguish / Anamnesis / Jailed / Scourge

BELENOS

BELENOS

La pause tombola, je crois que c’est là qu’elle a été placée, le pipi, le “pas le droit de sortir avec une goutte dans le gobelet”, Abyss….toujours là…les “salut à toi, tu vas bien, ah oui, toi aussi aaaaaaah….bisous bisous, trop bon la soirée, Rhaaaaaa t’es là toi!!!!!????” par dizaine dans la bouche de tout le monde, et voici que reprend le show de la burdigala black night. Et oui, ça rigole,mais derrière tout ça il y a une technique stratégique: on mélange un terme gaulois, “Burdigala” avec une langue anglo-saxonne “Black night” pour annoncer la soirée et on se retrouve avec un groupe mythique, messieurs dames… BELENOS. Personne n’y avait pensé à ça, mais The Insane Legions et Troll Prod ce sont des pros qui pensent à tout.

Facebook dit “l’oracle”, unique référence d’informations “avérées vraies” et de recueils d’hoax et de rumeurs en tout genre nous l’a dit: BELENOS n’était pas revenu dans le coin depuis plus de onze ans, il ne fallait pas rater l’événement car oui, si la populace bordelaise est venue ce soir, c’était tout de même en grande partie pour les bretons. Et ça s’est senti, les bonnes effluves du mâle qui a fait la guerre accompagné de la femelle négligée sont remontées à la surface, entre ceux qui se sont trompés de verre, ceux qui n’ont pas lavé leurs mains après la petite miction due au breuvage issu de la cultivation céréalière…pas besoin de musique le folklore était là. Le Bootleg contenait pas mal de monde, on se croyait au Sonisphere 2011, au moment du big four, les grands gênaient les petits, et le premier qui lâchait un renard tuait les dix personnes autour sans qu’elles puissent s’échapper… Bref… BELENOS… Un groupe aujourd’hui culte, avec six albums à son actif, sans compter “L’ancien temps”, et en préparation de son prochain, est venu nous rendre une visite de courtoisie. Pour le coup il était prévu de jouer de tous les albums permettant ainsi de voir à quel point le celtic black pagan de M Loïc Cellier mérite son statut culte et le respect des amateurs. Lorsque BELENOS est entré en matière, la première pensée qui m’est venue à l’esprit était : Le sanctuaire.

Oui, le sanctuaire car on avait l’impression, même plus que l’impression,que tous étaient en lieu saint; le constat était édifiant; il n’y avait plus de place pour le profane, cela tenait du sacré, BELENOS jouait, les fidèles écoutaient.

BELENOS

Les connaisseurs étaient venus en pèlerinage voir le monstre sacré BELENOS qui nous gratifie depuis 1995 de sa musique. Les mains se sont levées par dizaine faisant ce sempiternel signe du “horns up” devenu tellement insignifiant et insipide aujourd’hui, celui-là même qui réunissait certaines tribus d’ours citadins metalleux à l’époque et qui aujourd’hui rassemble quasiment toute la population, mangé à toutes les sauces. Durant le set, les têtes se sont secouées, la foule a adoré les passages pagan alternés aux passages plus black, violents, prenants, où aucun temps mort n’a pointé ne serait-ce que l’ombre d’un poil de nez, BELENOS était le maître des lieux. Les morceaux défilaient, titres choisis méticuleusement, un “Tal Ifern” de “Spicilege” ou encore “Gorsedd” de “Yen sonn gardis”…. Pour la première fois de la soirée les plus proches de la scène se sont lancés dans des petit pits festifs rendant honneur au plaisir que BELENOS leur procurait, plus puissant que l’ocytocine, plus efficace que l’endorphine, la musique de BELENOSétait l’espace de cette soirée le souffle de vie, celui qui dominait la pensée unique, tous les esprits étaient dirigés vers la scène, à scruter les mouvements des musiciens, à observer la manière de chanter de Loïc et de son bassiste.

Grognant, bestiaux et pourtant toujours soumis, les spectateurs ont accueilli la venue deBELENOS comme il se doit. Tout ceci n’est bien sûr que métaphorique, mais c’est l’idée de comprendre à quel point musicalement ce projet est complet, à quel point les gens ont exulté, qu’il faut retenir. Jusqu’à un petit rappel, jusqu’à 23h30, BELENOS a tenu en haleine ce public bordelais, ces amateurs de celtic pagan venus nombreux pour découvrir ou redécouvrir cette entité musicale. Belle soirée, belle affiche, rien à dire de plus. Après…départ en voiture, petit passage aux runes, nounours, un groupe spécial qui jouait, Overcharger,des mecs bourrés, exploration du sac à dos,lecteur cd qui ne marche pas, mais ceci est une autre histoire….

Alors encore merci à Frédéric pour ces photographies,les groupes pouvant se servir, merci à Troll Prod et The Insane Legions pour ce Burdigala Black Night, merci aux trois groupes pour leur prestation, cette soirée il fallait y être pour en connaitre la saveur, et si t’as raté, c’est tant pis pour toi…

SETLIST : intro « ode » (chants de bataille)/l’ombre du chaos (chants de bataille)/ le déchirement (chemins de souffrance)/ le déluge (l’ancien temps)/ fureur celtique (chants de bataille)/ tal ifern (spicilège)/ gorsedd (yen sonn gardis)/ dernière rencontre (l’ancien temps)/morfondu (errances oniriques)/ l’enfer froid (chemins de souffrance)/par belenos (spicilège) 

BELENOS


THE INSANE LEGIONS:
theinsanelegions@gmail.com

TROLL PROD
https://www.facebook.com/pages/Troll-Prod/655233061185788

BOOTLEG:
4-6 rue Lacornée 33 000 Bordeaux info@lebootleg.com

PHOTOGRAPHIES:
Frédéric Soussotte
https://www.facebook.com/frederic.soussotte

 

– « Oui, c’était il y a un mois…mais certains lisent encore la bible…et ça date. »(et en plus il est court)Tout le monde part en tournée (certains ne font que la tournée des bars ce qui est déjà pas mal, à condition de ne pas prendre de shooter bleus, mais ceci est une autre histoire…), Européenne, mondiale, française, locale, tout dépend de tes ailes, de comment elles sont déployées, de comment tu prends de la hauteur, de ton envergure tel le vultur gryphus (bien sûr que je suis allé le chercher ce terme, je n’y connais rien en ornithologie). Tu peux parcourir la Terre entière en ne faisant escale que sur les pics les plus élevés, en n’effleurant que les cimes les plus hautes et avoir ce sentiment de liberté . Mais ce sentiment, tu peux l’avoir aussi en écumant des salles plus humbles qu’un Zenith, des salles plus sombres que les « corps caverneux » qui font le fond de commerce des proctologues, des salles plus lugubres que les catacombes… de véritables caves en sous-sol quoi…

C’est exactement là où nous avons eu l’occasion d’aller profiter d’un excellent concert eu égard aux groupes de l’affiche organisée par The Insane Legions, eut égard à leur black metal, et ce sera tout car les conditions n’étaient pas des meilleures c’est sûr.

Tout d’abord, effectivement il était difficile ce soir là de se scinder en deux car l’association Iras Militias avait également organisé sa petite sauterie au Blackroom avec MANZER, NECROCULT et CULT OF THE HORNS. Et réaliser une affiche le même soir, à connotation blackeuse de surcroît c’était dommage et surtout risqué car cela divise les troupes, ce qui forcément a eu une certaine incidence sur l’affluence pour les deux affiches, bien que modestement les légions noires se soient malgré tout embarquées sur les courants du Styx pour accoster soit sur une rive, soit sur l’autre et profiter d’un samedi blasphématoire.
Alors mon cœur avait balancé pour THE NEGATION, car non content d’avoir pris un retour de phalanges avec leur premier album « Paths of obedience » sorti chez Mortis Humanae Productions, l’envie de voir comment cela se passe sur scène était plus forte que tout, à mon grand dam puisque je n’ai pas pu voir le grogneur de GUT-ROT qui pour le coup avait fait le déplacement pour ses potes de NECROCULT et pour tenir le merch…
Mais la vie est faite de choix et d’opportunités, c’est à nous d’en faire ce que l’on veut.( cogite sur ça tu verras, si la vérité est ailleurs la réponse est au bout du chemin…)

Sur ces bonnes paroles, il faut reconnaître que le temps était agréable à Bordeaux ce soir là, car juste profitant de prendre un café sur la place de la Victoire dans une brasserie où le prix de la boisson a fait peur à mon porte monnaie, ayant eu l’appréhension que le serveur ne me propose un paiement en trois fois sans frais, tellement c’était élevé question tarif, j’ai aperçu de manière fugace, Mr Mow Mow.
Mr Mow Mow, l’homme de tous les concerts, celui que l’on voit partout avec son long manteau à la Ken le survivant, le « Charlie » du concert de death et de black. Il était bien là encore cette fois, tel le renard embusqué dans l’attente qu’un lapin de six semaines lui passe sous le nez en quête d’un burger aux trois milles fromages….
Après ces quelques instants à siroter un café à 30 centimes le millilitre, il était donc temps de se rapprocher de la batcave qu’est l’antidote.
L’avantage certain de cette « salle » qui n’est pas sans rappeler le Barclay à la grande époque bordelaise, où Hypnosis et même Godzilla si je ne dis pas de bêtise, y ont fait leurs premières armes, c’est qu’elle n’est pas loin du centre ville, donc pas besoin de beaucoup marcher, de beaucoup chercher, entre les Capucins et la place des étudiants du jeudi soir, l’Antidote est accessible à tous.
Quelques temps auparavant MARBLE CHARIOT et SILVER MACHINE y avaient laissé quelques notes sur lesquelles il m’avait été impossible d’y danser en raison de cours de piscine, et certainement que si j’avais su « j’aurai pas venu »(dixit la guerre des boutons bien sûr)
L’arrivée discrète dans cette antre du mal pour une soirée s’est faite entre les effluves du graillon et du tripailloux car bien que cela soit plaisant pour beaucoup, les tripes ne sont pas comme les huîtres, le caviar et autres subtilités de la cuisine, le genre de mets qui me font vibrer le palais et encore moins les papilles.
Et dans ce fumet corsé et épicé, on a pu constater qu’il y avait un peu de monde pour venir assister à la déferlante parisienne, même si en changement de dernière minute, c’est APOKALYPTIC SKY d’Arcachon qui sont venus prendre la place des suisses de PRAETORIANS.
Les amateurs de black étaient là : la STRYNN family, la AEQUINOCTIUM SANGUINIS family, mais aussi les Bleath brothers (mélange de black et de death), je veux bien sûr parler de John (DEMENTED/OTARGOS) et de son frère Jim (LIFESTREAM), Magouille, Matth, Oliv de MIND WHISPERS (grand amateur de black metal devant l’éternel satanique ou luciferien peut-être, on ne le dira jamais assez….) les gorrifiques d’HEBOIDOPHRENIE Abyss, Sylv, Remi,Crush…étaient même venus se perdre dans cette mélasse black metal…Wookie étant le maître de Cérémonie, l’intéressé n’est rangé dans aucun tiroir ni death, ni black, plutôt dans Star Wars en fait…(enculés d’Ewoks, on croit qu’ils sont cool, mais ils ont fait du mal à la réputation des wookie, boules de poils…mon cul oui.)

Bref,c’est donc en apnée que les bas-fonds de l’Antidote se sont ouverts sous mes pieds, dans cet escalier casse gueule qu’il ne faut surtout pas emprunter passé soixante ans sous peine de se fracturer le col du fémur au mieux, en faisant attention notamment pour Abyss et John le chanteur golgoth de APOKALYPTIC SKY de ne pas se fracasser l’occiput (les plus de 1,73 l’ont dans le cul)
Après avoir tenté de ne pas toucher au mur, un virage serré, voici la salle, voici le lieu « mal-saint », là où toute la haine noire allait se déverser l’espace de deux heures presque trois dans l’underground bordelais…

APOKALYPTIC SKY

Il n’est jamais simple pour un jeune groupe d’ouvrir pour des mecs qui ont un album derrière, l’expérience en sus, mais il faut dire que malgré leur jeunesse et le fait que ce n’était que leur troisième concert APOKALYPTIC SKY a fourni une bonne prestation scénique.
Alors oui, n’oublions pas que nous sommes face à un groupe de black metal, et donc comme le veut la tradition folklorique qui perdure depuis quelques années, même si certains ont tendance à le renier aujourd’hui les arcachonnais vêtus (pour leur golgoth de vocaliste notamment) d’artifices scéniques propre au style et de corpse paints ont mangé le public comme il le fallait pour poser le linceul sur les oreilles des profanes.
Avec un chant percutant et surtout des ambiances guerrières, APOKALYPTIC SKY a proposé un black metal traditionnel qui va pourtant parfois chercher des choses plus mélodiques c’est le cas pour le morceau « The end of the world » si je ne m’abuse.

Les premiers rangs (c’est assez difficile de dire ça vu la capacité de la salle enfin…de la cave à vins ne soyons pas bégueule) ont pris du plaisir visuel et auditif.
Tandis qu’à l’arrière, acculés contre le mur (j’ai bien dit acculés, restons corrects, je t’ai senti partir en vrille direct dans la pensée sexuelle là….) il fallait avoir amené son masque à gaz, parce que il y en avait un (je ne dirai pas qui c’est) qui avait la bonne idée de fumer ses clopes dans cet espace confiné sans la moindre once de bienséance à l’égard des convives…et vu que la salle faisait 30 hectares, ça n’avait pas l’air de lui poser trop de problèmes d’éthique.
Enfin l’avantage c’est que le chanteur d’APOKALYPTIC SKY qui chuchotait entre les morceaux pour conserver l’atmosphère lugubre, était bien épaulé par l’autre puisqu’il s’occupait avec sa fumée de faire office de brouillard….
Bref, hormis cela le son était correct pour l’acoustique de la pièce et cela donne envie d’en savoir plus sur ce groupe d’arcachon qui s’en est sorti avec les honneurs et qui nous a mis en appétit pour la suite…

SETLIST : The thief of soul /Apokalyptic Sky/necro madness/the big center red/the genesis/the last word/the end of the world

THE NEGATION

Le temps de se faire payer à boire (la technique de l’enculé de pauvre, ça marche un peu mais pas trop souvent), et de tailler le bout de gras avec un peu tout le monde venu se farcir du très bon black metal, on replonge dans les abysses (non pas celui-là car ce soir là, en grand fan de death metal il est resté plus à discuter dehors avec ses potes qu’à venir écouter comment on fait de la musique avec des accords plus aigus) pour le groupe excellentissime qu’est THE NEGATION.
Avec un seul album les parisiens forts de leur passé ont réussi à se forger une bonne réputation au milieu de l’underground français et aussi puissant que leurs compères de AZZIARD, THE NEGATION dans le cadre de leur tournée promotionnelle nous ont fait l’honneur de passer par Bordeaux. Il ne fallait donc pas rater ça, sauf « coinçage » de testicules dans un tiroir avec urgences à la clé ou prépuce fendu dans une braguette qui n’est pas la tienne, vous l’aurez compris, sauf cas de force majeure.

En attendant c’est, enchainés à leurs entraves d’acier que les négativistes ont débuté ce show froid, glacial mais pour autant tellement envoûtant.
THE NEGATION n’a rien perdu de sa splendeur sur scène cette splendeur même qui m’avait séduit sur album, avec un son malgré tout puissant en dépit du fait que nous soyions dans un igloo de pierre. Les parisiens ont créé la « putréfaction », ils ont matérialisé la mort avec leurs titres. « Erased » brillait de mille feux en fin de show, « One god » s’imposait en prêtresse de la nuit, tandis que « Last rites » et « The garden of extasy » faisaient office de litanies attractives pour nous emmener sur le bûcher.

Oui, la scène n’était pas très grande pour pouvoir se permettre les extravagances les plus capricieuses, mais THE NEGATION n’avait pas besoin de ça pour séduire son auditoire. En effet l’ambiance était là, les morceaux défilaient, reprenant l’âme du public pour la mener aux confins des limbes les plus ténébreuses , point de choses farfelues sur scène, juste la volonté de jouer les titres de ce « Paths of obedience » avec la fermeté, la haine et la force la plus complète, impactant ainsi les spectacteurs au plus profond de leur être. Il suffisait juste de fermer les yeux et d’écouter, car lorsque puissance devient l’égale de magnificence, il n’y a qu’un pas et THE NEGATION c’est la non matière dans son état le plus absolu.
Si la concentration auditive était adaptée à la qualité des morceaux, celui qui a bien écouté le show est entré dans le trou noir et s’est perdu dans les viscères du mal…

SETLIST : intro / red wrath / one god / garden of extasy / last rites / end of cycle / sacrifice the weak / erased / outro

MOONREICH

On recommence : boisson aux céréales, multi-céréales d’ailleurs, et bavardages intempestifs, le temps que la tête d’affiche se mette en place.
MOONREICH était la seconde découverte pour moi, bien que ces parisiens là aussi soient connus et reconnus dans l’underground black metal hexagonal avec deux albums produits, dont le dernier date d’il y a un an.
MOONREICH étaient venus en seigneurs de la guerre également, avec des bandages sur les bouches telles des momies revenues d’outre tombe pour conquérir et envahir la capitale du vin, le quatuor a su offrir tout une artillerie de riffs bulldozer, comme la plupart de la grosse scène française black d’aujourd’hui . MOONREICH dirigeait les esprits, les menant vers un échafaud musical prêt à décapiter des têtes virtuelles grâce à des morceaux qui bien que parfois un petit peu redondants avait une saveur morbide et macabre qui aurait mérité de s’épanouir sur une scène plus conséquente.
Cependant découvrant ces titres au fur et à mesure où finalement on a pu savourer quelques morceaux plus aériens dans l’atmosphère comme « And a star fell at the fifth sound », on se rend compte que MOONREICH est un groupe imposant, un groupe qui offre un black metal violent mais absolument pas dénué d’ambiances terrifiques. Un peu à la manière de THE NEGATION la foule, conquise a rendu les hommages qui étaient dûs à MOONREICH.

Ici aussi point de grandes folies sur scène, juste un étalage de bons morceaux joués avec stoïcisme, sans fioriture parce que le black metal de MOONREICH se suffit à lui même et il n’est point besoin d’artefacts comme chez Lady Gaga and co….Non. La musique, l’écoute et l’ambiance noire, voilà ce que MOONREICH avait à concéder…

SETLIST : terribilis est locus iste / le regard du pendu / nos conspuere in vobis / l’aube de crystal / curse the day hailed the night / curse them / du sang sur les mains / and a star fell at the fifth sound

Oui, la description scénique des trois groupes de cette soirée là est assez succincte, j’en conviens, mais en vérité tous étaient similaires dans la prestation par peu de mouvements et surtout ceci résidant dans le fait qu’ils ont peu bougé pour laisser la place à la musique afin d’oeuvrer comme il le fallait pour placer l’atmosphère dans ces catacombes vampiriques. Et c’est dans une soirée déroulée dans un calme relativement olympien mais infernal (voyez le paradoxe) que les trois groupes ont présenté une prestation scénique de qualité, avec également un black metal maîtrisé et totalement prenant.
Trois groupes à la personnalité différente mais au feeling complémentaire qui ont fait de cette ode à la musique sombre quelque chose de plutôt réussi…

L’antidote à Bordeaux
13 bis rue Elie Gintrac 33000 Bordeaux

Contact : The insane Legions
https://www.facebook.com/TheInsaneLegions

Photographies : Emeline

 




C’est vrai que cette fois, personne n’avait mouillé sa chemise pour nous pondre une petite affiche qui troue le cul, bien qu’on ait eu droit à un vieux flingue, façon pistolet automatique 9mm en guise de visuel, celui-ci aurait tout aussi bien pu nous le trouer le cul il est vrai…Encore faut-il savoir viser… Mais Silver Machine et Heboidophrenie ont su taper dans le mille et faire carton plein samedi soir, tout dans le 10, comme papa à la foire à bidibules, avec le fusil forain qui a le bout à peine tordu (pas celui qui penche à gauche ou à droite, je sais à quoi tu penses cochon…) pour pas qu’on chope trop les ballons, les pipes et les canards. Et plus forts qu’un sniper embusqué, les deux groupes ont fait vibrer les murs des Runes dans une ambiance familiale et tellement conviviale en touchant dans la tronche pile entre les deux oreilles tous ceux qui étaient venus en masse, (oui en masse on peut le dire vu l’affluence qu’il y a eu dans ce bar ô combien mythique des quais de Bordeaux), mieux que la bande du Shérif dans The Walking Dead… De la décapitation cérébrale on a eu, avec des giclées de foutre musical en guise de nouvelle peinture des Runes, qui dégoulinait, qui suintait tant le long des oreilles des spectateurs que sur les doigts des musiciens… Pourtant on aurait pu croire que l’affiche ne se prêtait pas à ce qu’allaient nous réserver les deux entités relativement opposées dans leurs styles respectifs puisque Silver Machine joue dans le millénaire précédent avec un mix de hard rock/heavy des vieux tontons à la Old Black Sabbath, sodomifié (néologisme qui parle de cul et de légendes égyptiennes) par un Blue Oyster cult qui mate un boulard pendant que les essences éthérées de Dio flirtent avec des rythmiques à la Eddie (tiens comme on parle de momie), sur des vieilles harmonies de Scorpions des années 70’s, (mais on y reviendra car on ne peut pas digresser continuellement sinon on ne sait plus pourquoi on est venu…) et que Heboidophrenie se fait le grandmaster gore de la scène bordelaise où la chair et le sang ne font plus qu’un pour servir d’accélérant afin d’embraser le bûcher des blasphèmes et des provocations morbides sur lequel repose leur gargouillis miasmique et « obscurément » infâme situé entre deathcore et death tradi ou death tradi et deathcore ou coretradi death di core death coretrad (tiens ça me rappelle un truc sur le black du coup)…bref agression sonore structurée faisant office de brutalité auditive offerte aux âmes perdues en mal de coups dans la gueule. Et donc comme un Évêque sur sa cathèdre de nanti ou le padré meurtri dans sa chaire, comme de grands prédicateurs des racines du hard et du malsain, Silver Machine et Heboidophrenie ont donné au public ce qu’il était venu chercher, le divertissement d’abord, mais aussi la sensation de vivre, de se couper du monde pour ne faire plus qu’un avec la musique, et ce dans un registre radicalement opposé…

Les recherches furent rudes pour ce set aux Runes, personne n’a voulu jouer avec eux, parce que certains avaient piscine, d’autres étaient partis vers des horizons moins urbains, certains d’autres avaient la flemme, ou encore avaient trop joué sur Bordeaux, sans doute la peur de nuire à leur carrière internationale, vu qu’ils avaient prévu peut-être de faire soixante personnes dans un autre bar, on ne saura jamais, les derniers n’ayant tout simplement pas envie car la concurrence est rude dans le monde cruel de la musique underground, mais on peut comprendre que trop jouer sur Bordeaux tue le bordelais, ce petit être fragile (quoi ta gueule ?…), à moins que les gens les trouvent cons, ça peut aussi arriver…. L’avantage de n’avoir que deux groupes au final, c’est que ça peut commencer plus tard comme d’habitude, mais qu’au moins ça ne finit pas spécialement tard alors que les deux groupes ont pu jouer de manière conséquente avec des sets vraiment intéressants. L’arrivée à 21H30, fut déjà assez surprenante car il y avait un maximum de monde en train de discuter dehors, vraiment beaucoup de monde pour un samedi soir. Les gars de Apokalyptic Sky (un golgoth et un glammeur qui se reconnaitront) découverts quelques jours auparavant dans la cave à tripoux avec The Negation et Moonreich (on en reparlera), avaient fait l’effort de venir du bassin, Nounours était en forme derrière son bar, Léo batteur des Bersekers (qui me rappelle quelqu’un… j’ai bien une petite idée….) était là (heavy quand tu nous tiens!), la moitié de la fine équipe des Strynn (Doctors) avait fait le déplacement comme des groupies célestes Dwi et Obscurisis ont pu headbanguer comme des malades (non pas Dwi, c’est pas vrai), même Thaurr (paye ton anagramme de fou ! ) est venu chercher son bisou, qui lui a été offert avec la plus grande bienveillance du monde, Emeline de l’asso The Insane Legions distribuait utilement ses flyers pour Negura Bunget le 18 avril 2014 à l’Estran (rappelons la date tout de même), Tom d’Overcharger avait le sourire grand comme une serpe de druide, tandis que tous les autres inconnus que je ne connais pas, avaient l’air de vouloir passer un bon moment…Un max de monde…. Il y avait même l’homme le plus grand de la terre à la taille Abyssale (marre de lui faire la bise sur la pointe des pieds), accompagné de ses compères Wookie, Rem, Sylv, Crush (le plus grand nouveau fan de Benighted de l’univers interplanétaire de « plus l’infini » et du cosmos), ainsi que Grospoil l’imberbe et Raph le roi du nem….(mais en même temps s’ils n’avaient pas été tous là, il n’y aurait pas eu de concert, on le sait bien mais…Et puis j’écris ce que je veux merde à celui qui le lira….)… Au delà du concert c’était aussi un moment pour célébrer les 16 ans trois quarts de Papa Ours le grizzly troglodyte qui a survécu à l’influenza ursidae (ou grippe oursonne qui ne touche que les vieux grizzly) venu en force avec Mouffette la prestidigitatrice de l’excédent gériatrique (entre autres) pour découvrir Silver Machine et re-gouter à la grippe porcine de Heboidophrenie.

SILVER MACHINE



On savait déjà que Silver Machine c’était du plaisir auriculaire en puissance, de quoi se faire mousser le créateur tranquillement durant l’écoute magique du set du gang des barbus.

La démo éponyme donnait l’eau à la bouche, les concerts sur Bordeaux avaient eu bon écho et donc pour avoir entendu « Riddle of death » (à prononcer avec l’accent d’Obscurisis de Strynn/Aequinoctium Sanguinis pour plus d’authenticité) peu de temps auparavant ce qui devait arriver, arriva.

Les amateurs de musique à l’ancienne sont tous entrés dans la machine, dans cette boite argentée où les couleurs ont pris une teinte totalement roots ce petit aspect sépia, presque en traitement croisé qu’on utilise avec Picasa pour donner de l’âge parce qu’on ne sait pas se servir de photoshop, cette machine où les rides se sont effacées sans avoir eu à appliquer cette fausse crème vendue par des labos sans vergogne, mais où comme une fontaine de jouvence les quarante ans sont devenus vingt et les vingt ans sont devenus enfance.

Silver Machine a commencé à jouer, les visages ont souri, les têtes ont bougé de bas en haut comme le chien marron à la tête amovible dans la voiture de ton oncle il y a plus de trente ans, sur la plage arrière, dans sa vieille renault 12, sept chevaux, quatre cylindres, plus forte que la GS et que la Simca 1100, avec les sièges en peau de mouton et la moumoute sur le volant, les dés accrochés au pare-brise.

Pattes d’eph virtuelles, rouflaquettes et favoris imaginaires, lunettes à la John Lennon spirituelles, et la foule avait adopté et adapté sa tenue vestimentaire cérébrale, elle était conquise dès les premières notes. Des notes qui sans doute ravivaient les meilleures années de la musique hard rock et heavy avec ce groove mis en avant effrontément par ce groupe mixte de Gironde et de Charente maritime. Silver Machine jouait, les gens fermaient les yeux, étaient heureux, observaient , écoutaient, en transe tout simplement et sincèrement.



Avec un son meilleur que dans certaines salles underground bordelaises, tous appréciaient avec un engouement certain, mais avec certainement beaucoup de goût la prestation du golem argenté. Alors pains ou pas pains chez les musiciens (selon eux il y en aurait eu, mais faudrait voir à pas se prendre pour Jesus et penser qu’on peut distribuer des pains aussi nombreux que lui, tout de même car nous, on n’a rien vu surtout rien entendu de faux, sauf les techniciens de techniciens, plus « vernaculairement » appelés les « matheux »), on s’en branle totalement car le plus important c’était de s’imprégner du groove du groupe et de découvrir les morceaux. Brice au chant en plus d’avoir une voix phénoménale, est un excellent agitateur qui vit ses morceaux mais qui transmet ses vibrations au public pour que celui-ci puisse littéralement communier avec le groupe et expier ses fautes de goûts musicaux.

Les morceaux de la démo se sont déroulés intensément, chaque note étant d’une chaleur torride, faisant dégouliner les guitaristes de sueur,un Grospoil grimaçant de plaisir (et pourtant je l’avais déjà vu dans Offending, mais là c’était autre chose), Vince et Raph cachés derrière leur cheveux éructaient de bonheur, les premiers spectateurs également. Durant l’écoute on s’apercevait que oui, Silver Machine possède l’inspiration divine, celle des Dio , avec l’ombre d’un Ronnie qui surplombait le recoin de l’emplacement réservé au groupe, jusque dans les rythmiques où l’on ressentait bien les sources jaillissant des Rainbow, vieux Scorpions (« Feed the rats » rappelant le début d’un « fly to the rainbow »), et autres Black Sabbath. Tous les morceaux de la démo ont été passés en revue et plus encore avec du Iron Maiden et pour finir cette fabuleuse reprise de Dio « Holy Diver », issue de son premier album solo qui restera à jamais ancré dans la tête des amateurs, dans la tête de ceux qui l’ont écouté maintes et maintes fois, à en connaître par cœur les paroles mais aussi les variations vocales balancées sur ces rythmiques typiques d’une autre époque… Le seul point négatif dans tout cela, fut certainement l’electron libre venu d’on ne sait où qui bousculait plus ou moins les spectateurs du premier rang et qui n’avait pas l’air de vraiment être amateur de ce genre de musique….Electron libre qui est plutôt rapidement parti par la suite….

En tous les cas, Silver Machine venait de faire tomber toutes les barrières de la langue musicale, la tour de babel du metal et toutes ses étiquettes venaient de s’effondrer sur plus d’une heure de set où tous les metalleux sectaires et ouverts s’étaient trouvés un point commun, les mur de Jericho avaient succombé aux trompettes de la machine argentée, c’est juste grand. Et à ce moment précis de la soirée, on ne pensait pas que ça allait être aussi fort, à se poser la question d’ailleurs si Heboidophrenie n’allait pas avoir du fil à retordre en passant derrière Silver Machine (n’y voyons aucune connotation à caractère sexuel bien que l’homme ait une pensée de ce genre toutes les quatre minutes, et je parle que de l’homme, la femme on ne sait pas…) 



SETLIST :
Warpaint blues
Feed the rats
Superfire
Riddle of death
Born to rise
Revelation Trip
Exit to exile
Hell Designer
Groundshaker
Demons Out
The Robot Factory
Wrathchild
Luciforce
Holy Diver





HEBOIDOPHRENIE



Le temps de siroter, de discuter un peu avec tout le monde : « bla bla bla, paye ta clope chui pauvre, fait goûter ta bière si elle a le même goût que celle qu’il y avait dans mon verre ou que le tonton que tu m’as payé….Merde regarde la tronche de celui-là !! et celle là elle se prend pour une gothopouffe ou quoi ? » Que des choses mondaines qui font rire lors d’un concert de metal pour ensuite finalement discuter avec celui-là même qui avait une tronche bizarre mais qui est super sympa….

Rapidement Heboidophrenie s’est installé, comme s’il fallait jouer tout de suite pour ne pas perdre cette chaleur qui dominait depuis le début de la soirée. Mais les gens avaient envie de la passer à fond cette fameuse soirée, et ceux qui étaient là pour Silver Machine étaient encore là pour Heboidophrenie et la magie c’est à ce moment qu’elle a opéré de nouveau. Pour une fois, il n’y avait pas beaucoup de monde dehors, c’est devenu quelque chose d’exceptionnel lors des concerts dans leur plus grande majorité. Les gens étaient dedans !!! Oui dedans !!! avec l’odeur de la sueur, l’odeur de la sueur et aussi l’odeur de…la sueur !!!!!

Plus de gens à l’intérieur qu’à l’extérieur, cela voulait donc dire que pour une fois le public s’était déplacé pas seulement pour faire de la figuration mais bel et bien pour voir jouer des musiciens, qu’ils soient eux-mêmes musiciens ou simples amateurs, ils avaient envie de se réunir et de rester jusqu’à la fin, comme ce qu’il se passait au milieu des années 90’s dans tous les concerts underground…. Arf…après cette douce sensation de mastic metallique (qui colmate tout le monde quoi), le temps de quelques minutes à penser que le public metal peut encore vivre en meute comme de gros ours en peluche sans se bouffer forcément la gueule ou réagir stérilement sur des reportages les mettant en porte à faux alors qu’il y a une part de vérité tout de même, en ouvrant des débats qui ne servent à rien, voici que commence le show d’Heboidophrenie. Un gros death tradicore parti sur des chapeaux de roues, l’appréhension était de rigueur, mais elle s’est envolée immédiatement au premier morceau. Wookie avait fait péter le brushing sexy ce soir, et comme un putain de cousin de Chewbacca il nous a démonté les esgourdes en rugissant tel un sauvage tout au long du set mettant le feu à chaque titre, même si parfois les copains mettaient du temps à partir après l’annonce !





C’était brûlant, à la demande du hurleur, les brutes épaisses ne se sont pas faites priées, circle pit, pogo de golgoth notamment avec le chanteur de Apokalyptic Sky qui lorsque qu’il commençait à bouger il ne valait mieux pas être dans son sillage… ça se bousculait comme des putains de gladiateurs dans « La reine » (oui c’était un jeu de mots coquin) , où les crises de barbarisme aigue remontaient à la surface , pour laisser ressortir les instincts les plus primaires des spectateurs(surtout des mâles) qui se défonçaient les épaules au gré des morceaux « Cadaver », « Rotten » « Decay » ou encore « Bonnet M » devenus des classiques chez Heboidophrenie à presque en faire tomber tous ceux qui n’avaient pas planté les piquets de tente pour rester debout.

Abyss avait la niaque de la mort qui tue et qui fait revenir en zombie, alternant ses tronches de déterré de manière jouissive en étant presque accroupi, tandis que Sylv laissait glisser ses doigts sur les cordes avec une dextérité sans faille, et si Silver Machine avait chauffé la salle comme un sauna, les Heboidophrénie ont terminé le truc dans un véritable hammam.

Crush tapait comme un sourd et même si en étant assis sur le tonneau à côté des chiottes, il m’a été difficile de l’apercevoir, on l’a entendu plus que de raison. Heboidophrenie faisait trembler les murs, les mecs ont joué comme s’il s’agissait de la dernière, avec une puissance phénoménale car bien que ce soit la troisième fois que je voyais le groupe, c’était vraiment la première fois qu’il m’avaient foutu une branlée de sumotori en live. Et même les nouveaux morceaux dont « Beheaded » ont accroché le public comme les griffes de Freddy qui transperçaient tous ceux qui avaient le malheur de s’endormir. Pourtant à un moment, un vieux gaz arrivé dont on ne sait où aurait pu en faire succomber certains qui se trouvaient non loin des chiottes car en effet, on ne saura jamais d’où c’est venu, mais un des trois lascars de droite a lâché un vieux renard des sables à haute concentration en Co2 malodorant et même plutôt deux fois qu’une , une espèce de fennec enragé qui ne demandait qu’à mordre les narines de celui qui s’approchait trop près. Et même si c’est la première poule qui chante qui a pondu l’oeuf je me suis tout de même défendu, assis sur mon tonneau, auprès de Christian Bale (guitariste d’Aequinoctium Sanguinis, maintenant même si je le connais, si vous voulez un autographe, vous y allez vous même) expliquant qu’en aucun cas ce n’était moi. Un cul de barbare étant relativement distingué…D’ailleurs j’ai eu l’honneur de demander à la mie de Christian ce que ça faisait d’être en couple avec lui.. ça laisse rêveur… American Psycho.. frissons… trouble… Mmmmm

Bref, le set continuait malgré les narines infectées, les poils de nez n’ayant rien arrêté du tout, Rémi (l’homme qui doit surtout parler d’une vraie Guinness au Colonel, comprendra qui saura) chantait stoïquement injectant ses attaques porcines deci delà, pour accompagner la rage de Loïc, mais avec une indubitable utilité. Entre cochon zombie et wookie démoniaque les voix d’Heboidophrénie étaient impénétrables (c’est dommage parce que pour 100 000 euros, on peut en faire des choses…). Et comme la soirée brillait de mille feux, la gentillesse de Loïc est allée jusqu’à son paroxysme en souhaitant une bonne quarantième année à Papa Ours qui avait l’air d’en profiter copieusement…

Dans la brutalité la plus totale le set d’Heboidophrenie n’avait rien à envier à celui de Silver Machine, les spectateurs étaient comblés car après la musicalité groovy, la violence « gorrifique » avait tenu parole également et c’était une grosse furie devant le groupe.



SETLIST :
Intro
Heboïdophrenie
Cadaver
Morbid Satyriasis
The last breath
Rotten
Decay
Bonnet M
Flush the meat
Beheaded
GPR





Au final les absents ont toujours tort, pas besoin d’avoir du mega matos, des super lights, une salle de fou pour passer une excellente soirée, avec du monde venu en troupeau ce qui je le répète, était surprenant.

Non, un concert gratuit, de qualité vaut mieux que tous les concerts de stars qui se profilent depuis des mois un peu partout… L’underground regorge de très bons groupes, dont l’humilité devrait être un modèle pour certains.

La suite de la soirée s’étant déroulée paisiblement, avec des couleurs bleu indigo, un combat de coq, une histoire de fric à 100 00 euros dont on ne connait plus le sujet, et bien d’autres anecdotes aux relents gastriques prononcés…. Plus de sincérité, beaucoup de plaisir, c’est aussi simple…. PS1 : T’as compté le nombre de gros mots bordel ? Il n’y en a pas tant que ça…. PS2 : Un « merde à celui qui le lira » s’est glissé subrepticement comme un Charlie avec son bonnet au milieu de ce report, tu l’as trouvé ? Ah si, bien sûr, les illustrations n’auraient pas pu être là sans la gentillesse et l’amabilité de Théo Henry auteur de ces clichés. Alors un spécial merci à l’homme pour les photographies. 

Photographies : Théo Henry




Ne pas avoir la grosse pêche et faire l’effort d’aller voir malgré tout des gars motivés qui viennent jusqu’aux portes du château avec leurs cithares et leurs grelots faire les troubadours de la musique extrême, en dépit des heures de route, en dépit de l’adversité, juste parce que la musique est le moteur, l’engrenage principal de cette machine de guerre,voici ce que l’on peut appeler en exagérant quelque peu, bien évidemment, de l’abnégation…
Mais quelque part, il serait si hypocrite de dire à tout le monde de se bouger de le cul et de ne pas bouger son propre derrière,car si tel était le cas, sans doute que ce n’est pas dans la musique qu’il faudrait évoluer, mais peut être dans le « mandat électif », sait-on jamais….

En tous les cas, c’est avec une grosse flemmingite aïgue aux symptômes plus que prononcés que malgré tout j’ai pris la limousine millésime 1995 pour pénétrer dans la ville du chaos, Bordeaux la sauvageonne, Bordeaux la rebelle, Bordeaux by night.
Oui, les p’tits gars du grand Sud-Ouest ont décidé de venir en masse pour nous offrir leur thrash et leur death, pour montrer que dans le Pays Basque, Tarbes,Bayonne…Il y a un vivier permanent de groupes excellents, fournisseurs d’albums et de démos cultes.

L’affiche était attrayante avec un CAN OF WORMS que je n’avais pas vu depuis environ un an d’ailleurs, puis SMASHED aussi les Cannibal Fetus français, et encore DEADLY WHISPERS qui allait devenir la découverte de la soirée. Je ne parlerai pas de INEPTUS groupe de deathcore, attendu que je n’ai pas écouté en fait…Oui, on ne peut pas être au four et au moulin comme dirait Jean…
A ce moment précis , sur la route, me disant que je n’allais pas être en retard, le concert devant débuter à 21H00, j’avais de la marge, la démo de SILVER MACHINE dans le poste, me rappelant le dernier concert aux Runes, avec HEBOIDOPHRENIE, je roulais vent du cul dans la plaine jusqu’à la « ville ».
Une seule chose en tête c’était « putain, faut que je trouve de la place, à cette heure-ci ça devrait être facile sur les quais »….Et donc après avoir tourné dans toutes les rues autour des Runes, les perpendiculaires, les parallèles, les sens interdits (enfin dans l’autre sens, sinon cela n’aurait aucun sens), une tentative de stationnement dans la place d’un suppositoire à camion, mais ratée parce qu’il y avait du monde derrière moi, que le stress est monté puissance mille, de l’essence gaspillée, un égarement dans des ruelles qui m’étaient encore inconnues jusque là à éteindre le poste parce qu’à ce moment là écouter du metal était la dernière chose que j’avais envie de de faire (de la concentration putain de bordel, de la concentration!!!)… Je me suis dit que j’allais faire mon prince de bel air et payer le parking en sous-sol.

Me voilà donc parti au parking des Salinières pour ceux qui connaissent, faut arriver à choper l’accès déjà, ce qui n’est pas une mince affaire. Enfin une fois à l’intérieur, on se dit tranquille on va pouvoir se caler et aller voir le concert. Mais non, si tu tournes au premier palier, t’es coincé comme un boulet, parce qu’après t’es en sens interdit s’il n’y a pas de place, celui qui a une morale et un sens du respect des lois (Montesquieu vous en parlera dans « L’esprit des lois »), ben il fait son boulet….Comme moi, il ressort avec son ticket, refait le tour, tente de retrouver l’entrée du parking sans se taper de sens interdits (et là on se rappellera du sketche de Raymond Devos sur les sens interdits)…Enfin après avoir perdu au moins cinq à dix minutes de plus, me voilà de nouveau dans le sous-sol de la peur, ce coup-ci je plonge dans les profondeurs pour être sûr de trouver une place…
Chose faite. Je marche vite, en me disant « putain c’est glauque ici »….A ce moment là, je ne sais pas trop où est la porte pour monter, je vois une issue de secours, j’ai l’air con, des gens arrivent, je fais style de chercher quelque chose, et hop, je regarde quelle porte ils empruntent qui n’était pas du tout dans la direction où j’allais, et je les suis (haha trop malin, un guedin de la nuit, mais avec des charentaises)…..

Ouf, la sortie à pied n’est qu’à 100 mètres des Runes, mais ce n’est qu’une fois à 20 mètres du sacro-saint lieu que je m’aperçois que j’ai oublié un truc dans la voiture…..alors me voilà de nouveau à faire demi-tour marchant vite, grognant, grommelant comme un psycho, et me traitant de vieux boulet….Bref….demi-tour fait truc récupéré après l’avoir cherché cinq minutes car tombé entre les deux sièges, trop facile sinon, ascenseur, marche, le bonnet car un peu froid à la tête…Et voilà il est largement 21H00 passé, j’ai raté le début du concert….

Mais pas du tout hahaha !!! Les traditions étant ce qu’elles sont jamais ô grand jamais un concert aux Runes (mais ça arrive aussi ailleurs n’allons pas non plus croire…) n’a commencé à l’heure….
Alors le temps de dire bonjour aux membres de CAN OF WORMS, avec un Manu qui a les cheveux de plus en plus longs (vaut mieux pas choper des poux là c’est clair), un Steven détendu du gland, un pote à lui fan de SILENT OPERA avec des lunettes mais on en reparlera après, détail qui a son importance (un golgoth celui-là d’ailleurs aussi), les petits nounours de SMASHED, le chanteur psychopathe de DEADLY WHISPERS, l’équipe des Runes, Magouille (toujours dans les bons concerts) et Matt, Guilhem de STRYNNOSANGUINIS, Sylv de HEBOIDOMENTED et les autres parce qu’à ce moment là, il n’y avait pas encore beaucoup de monde…..

On se fait la bise, on s’enlace, on rit, on plaisante, on fait les timides (ça me rappelle les paroles de Ziggy de Céline « on a rit on a pleuré…..Ziggyyyyyyyyy »….bref), que ça en deviendrait presque une cour de collège avec des ados pré-pubères, où l’effervescence de boutons n’est que la matérialisation la plus flagrante de l’atmosphère bon enfant qui pouvait régner et où « cul-bite couille » deviendraient les conjonctions de coordination les plus usitées, tout ceci de manière conjoncturelle bien sûr….Même à un moment donné, puisque les gars d’OVERCHAGER fidèles au poste ( et le groupe au complet s’il vous plait) étaient là, Fabien dit bonjour en me disant « gamin » ce qui a choqué Manu de CAN OF WORMS, qui n’avait pas eu droit à sa bise en l’occurrence….
Ce n’est qu’avec un bon retard d’une heure finalement que le concert a commencé avec SMASHED

Dans l’absolu cela aura permis à certains d’arriver à la fin puisque ce soir là, il faut savoir que Gasmak Terrör fêtait ses dix ans à l’Athénée Libertaire, avec Acid Bonanga, Youth Avoiders,Strong as ten….une affiche à moitié punk crossover et que EROS occupait la salle de l’Estran à St Médard en Jalles avec Atom, Put the gum down…..Il paraît qu’il faut diviser pour mieux régner mais là même si les styles étaient différents, certainement que ceux qui n’étaient pas aux Runes ont fait des choix et sont de toutes façons arrivés en fin de soirée….


SMASHED

 




La dernière fois que j’ai vu SMASHED en concert c’était au Blackroom , concert organisé par l’asso The Insane Legions, avec DEMENTED et WITHDRAWN où OFFENDING avait annulé. Le son n’avait pas été tip-top, ayant du mal à découvrir les subtilités du death metal technique, brutal et oldschoolement américain des Tarbais. 
Mais là, le travail de Tom (OVERCHARGER) et de Jésus (pas celui de l’église), qui allaient conjuguer leur talent, qui allaient bosser de concert (jeu de mots), ne pouvait qu’avoir le résultat qui en a découlé. Un son vraiment exceptionnel où malgré la petite taille des Runes, on a pu en prendre plein les esgourdes avec puissance mais aussi profiter des détails de la technique des guitaristes, du bassiste bien sûr et du batteur qui n’en est pas moins méritant et efficace.
Le son était tout simplement parfait.

On sentait déjà que les groupes étaient venus avec leur fan club, et que la cohésion entre eux,( qui fait plaisir à voir parce que l’essence même de la musique dans le metal extrême elle est là, ambiance festive, déchargement d’énergie et amitié) est un des révélateurs principaux de leur état d’esprit.


SMASHED a commencé à envoyer sa sauce death metal brutal et technique, et les esprits se sont réchauffés rapidement. Même si le début de soirée ne laissait pas présager une grande affluence, les Runes se sont remplies malgré tout avec entrain et la fin de soirée a ramené encore un peu plus de monde. Bien sûr tout est relatif, nous ne sommes pas au Stade de France…
C’est un Seb plein de joie , grimaçant de bonheur pendant les passages les plus violents (c’est à dire presque tout le temps) auquel nous avons eu droit, pendant que ses compères Mat à la guitare et Momo à la basse, faisaient une démonstration pour tous les techniciens qui étaient présents devant eux. Les morceaux se sont enchainés rapidement, avec un Julien en forme dégueulant son chant comme un étudiant dégueule son happy hour, avec la très brutal death thrash « Cumming from beyond » aux riffs en hommage à SLAYER, ou encore la non moins célèbre maintenant « Anal Blast ». SMASHED a conquis ceux qui ne croyaient pas encore à l’efficacité de ce groupe. Le fan club s’est lâché, ça a pogoté sec devant la scène, avec un Manu (CAN OF WORMS) qui s’est même fait porter en slammant comme un guedin à en toucher les lampes au plafond.
Oui SMASHED mérite amplement de jouer sur une scène plus conséquente aujourd’hui parce que leur death metal très américain dans sa substance, conserve un groove et une chaleur et une texture très présente sur la plupart des morceaux qui ont été joués et qui sont issus de leur première démo « Spontaneous Decomposition ». On a pu profiter aussi de nouveaux morceaux, l’ambiance était brûlante, Alain tapait comme une pieuvre, sans doute à en avoir presque la gerbe, mais le set était parfait. SMASHED a juste démontré avec humilité qu’il a un feeling death metal old school à toutes épreuves et qu’avoir un groupe français qui s’approche d’un Cannibal Corpse ou d’un Dying Fetus, on les compte sur les doigts d’une main d’un mec qui l’a passé dans un hachoir électrique…
C’est en ayant fait monter la température au niveau de celle du tropique que SMASHED a laissé le public, épuisé, rincé mais comblé.

SETLIST : Zombies Ripper/Sheitan/Spontaneous Decomposition/Anal Blast/HellZeimer/Hate/ Stalker/Cumming From Beyond/The Day The Dead Walk (SFU Cover) 

 




A ce moment là, il fallait bien une petite pause pour reprendre ses esprits à l’extérieur afin que CNA OF WORMS se prépare. Le temps de discuter avec les gars d’OVERCHARGER sur la musique des autres groupes de Southern metal , ainsi que sur la photo de la mousse de canard au Sauternes de chez Monique Ranou, il était temps pour les thrasheurs bayonnais de commencer leur set. Loïc (HEBOIDOPHRENIE/BEMSKIANT/THE INSANE LEGIONS/STAR WARS…) est passé dire bonjour regarder un peu comment ça se passait pour partir puis revenir en fin de soirée…


CAN OF WORMS

 



Vus qu’une seule fois en concert, et aux Runes de surcroît, ce groupe possède une forte identité et un talent indéniable. C’est avec « World collapse » leur premier album de thrash/death lui aussi old school signé plus tard chez Great Dane Records , que j’ai fait la connaissance de mecs, vraiment cool, qui aiment ce qu’il font. Alors que nous l’attendions tous impatiemment leur fameux clip de zombie pour le titre « Running Dead » est maintenant en ligne sur le gros tube indispensable à tous.Après presque un an passé, nous voici de retour à la case départ, aux Runes, sauf que normalement les bayonnais devraient être en phase de composition du nouvel album, que Steven a sorti son album avec SILENT OPERA et que je connais mieux les morceaux du groupe depuis le temps !!




Oui CAN OF WORMS s’est préparé pour partir à l’assaut de la montagne bordelaise, parce que les mecs ont la foi, les mecs ont la rage et l’envie, l’envie d’avoir envie (tiens ça me rappelle un titre de Jean-Philippe ça…).
Partant sur des chapeaux de roue, CAN OF WORMS a refait monter directement la température qui avait juste pris le temps de tiédir en raison du temps d’installation. Après un petit échauffement de jeune pucelle effarouchée (mais dévergondée), le titre « Running Dead » a brillé dans la nuit girondine, pendant ce temps et je crois que c’est bien à ce moment-là, dans un pit de furieux, car oui on peut faire des moshpits dans les Runes, c’est chaud, mais c’est faisable, eh bien le Mr Golgoth les a faites tomber et comme un golem destructeur, il s’est mis à les chercher au sol poussant le premier hobbit qui osait s’approcher sans y avoir pris garde, hypnotisé par les riffs diaboliques de CAN OF WORMS.
C’est dans un trip infernal que les titres « Cataclysmic Impact » et « Nuclear Holocaust » se sont déroulés et ont enflammé les Runes, Manu a lâché sa place pour aller faire un tour du fond de la salle , jusque dans l’entrée avec sa guitare, bougeant comme un vieux mosher des bois, du grand CAN OF WORMS, c’était jubilatoire…
C’est à ce moment précis qu’on se rend compte que CAN OF WORMS a lui aussi les moyens de partir faire des scènes plus importantes, plus conséquentes, car l’écriture est là, le style est là et la présence scénique est indéniablement là. Au-delà de leur passion, les CAN OF WORMS ont de l’or dans les mains,et ce concert l’a encore prouvé une fois de plus. Les grands amateurs de thrash traditionnel se font de plus en plus rares en France, et si les PERVERSIFIER ont leur horde, les CAN OF WORMS ont la leur. C’est dans une arène brûlante que les mecs ont fini leur set relativement court malgré tout.

SETLIST : Thrash or die(échaufffement)/Running dead/Cataclismic impact/Mechanical god of war/Nuclear holocaust/The crusher 

 



D’ailleurs on se demande si tout n’avait pas été calculé d’avance car finalement CAN OF WORMS aurait mérité de faire la tête d’affiche, mais l’ordre des choses a été chamboulé peut-être pour des raisons d’affluence…Mais stratégiquement c’était bien joué….
Entre temps j’aperçois Nes la dentellière qui revenait du concert de l’Athénée Libertaire, Xavier de THE GREAT OLD ONES qui avait l’oeil brillant, Wookie a du repartir vers d’autres contrées, mais on le reverra plus tard dans la soirée car il est venu prendre sa claque sur DEADLY WHISPERS.

Forcément nouvelles têtes arrivées, on discute, ça papote torchons, chiffons, carpètes, bien sûr, je prends cafés sur cafés, seul breuvage autorisé par mon « moi raisonnable », tout le monde a pris sa petite claque sur la fesse, à gauche par SMASHED et à droite par CAN OF WORMS. Donc ça paraissait assez dur de faire mieux pour le reste de la soirée, parce qu’il ne reste que le sphincter et si t’as pas 100 000 euros….il paraît….mais même….. 
Jeff Grimal de THE GREAT OLD ONES est également arrivé entre temps lui aussi. Abyss (HEBOIDOPHRENIE) ayant ramené sa vieille carcasse faisandée soit vers la fin de DEADLY WHISPERS soit ,juste après, je ne sais plus le café détruisant le peu de neurones….


DEADLY WHISPERS

 



Découverte de la soirée pour moi donc puisque j’avais juste écouté sur facebook et que c’était plutôt sympa, m’étant même fendu d’un billet de dix euros au cours de cette soirée pour prendre leur premier album « Merchant of war ».
Le début du set a fait beaucoup peur, parce que le groupe a tardé à commencer, on a senti la l’angoisse monter entre les testicules de Carretas leur chanteur déjanté qui gardait le sourire (déjà remarqué sur les prestations des deux groupes précédents à danser comme un possédé avec sa main en l’air à la Cyco Miko), parce que l’heure avançait, il commençait à se faire tard et les gens restaient dehors. Alors le temps de dire que le chanteur d’Obituary c’était de la merde (eh là heureusement que c’était de l’humour parce que les violences urbaines sur Bordeaux, ça peut aller très très vite hahah), le temps de….prendre le temps en fait, et de se dire que DEADLY WHISPERS va jouer devant personne, ben le set a commencé.
Il est possible que « L’heure des damnés » ait fait entrer le monde à l’intérieur, il est possible que « Blütgrafin » ait immédiatement poussé le public dans l’antre de DEADLY WHISPERS et que celui-ci soit tombé dans le piège , dans le guet-apens musical.
En effet, ce troisième groupe était le plus fou, le plus intense et le plus anarchiquement punk de l’affiche. Si le chant de Carretas divise, car atypique, l’esprit musical de DEADLY WHISPERS fédère.
Dans un trip crossover, thrash old school, punk avec même quelques passages presque grind, les mecs ont balancé environ une heure de musique extrême où la quasi-totalité des morceaux de leur album a été joué. Grosse claque en live, parce que Carretas est un véritable show man, avec un charisme impressionnant qui amène le public obligatoirement où il veut qu’il aille.
L’homme arrive à chanter (oui gueuler quoi) en slammant, en se faisant porter par la foule, il nous a fait une démonstration, une véritable démonstration de ce que doit être aussi un concert, à savoir un défouloir.
Tout le monde était conquis, même la reprise de SEPULTURA « Troops of doom » est passée comme une lettre à la poste, et tellement pris dans les tourments de leur thrash je n’ai même pas fait attention à « Shovel Headed Kill machine ». Mais ceci démontre que DEADLY WHISPERS aime le thrash et le fait vivre.

En fait juste avant que DEADLY WHISPERS ne commence, rien ne pouvait laisser présager la grosse baffe live que le groupe allait provoquer. La salle s’est remplie, tout le monde voulait assister au show et ce jusqu’à la fin. C’est en conquérant imposant que DEADLY WHISPERS a gagné des fans ce soir, et c’est assez mérité.
Et rien que pour voir comment le groupe démonte les cervicales sur scène, il faut faire le déplacement….

SETLIST : L’heure des damnés/Blütgrafin/Blackmass/Absolution/Merchant of war/Sociality/Troops of doom/Renouveau bestial/Diabolic infection/Deadly whispers/Death the brutal way/Akke the priest are…/Infecté malgré lui/Origine satanique/Shovel Headed Kill Machine





La fin de la soirée s’est déroulée dans la discutaille avec un peu tous les groupes, un peu tous les spectateurs, sans vraiment faire attention à INEPTUS car le deathcore n’est pas vraiment dans mon style musical , trop peur aussi de prendre un coup de pied dans la tronche en étant devant, sans doute….

En tous les cas, voici trois groupes dont deux vraiment underground qui méritent que l’on pose une oreille attentive sur eux parce que le thrash et le death old school sont totalement et véritablement bien représentés avec eux, et du fait que le déplacement des mecs se soit fait pour un concert gratuit, ça prouve juste que l’esprit metal est encore ancré dans l’âme de certains, ça réchauffe le cœur.
Si vous avez raté ça, c’est vraiment dommage….Le prochain coup,soyez-là….


 

 
 

Architect Of Seth

Interview : Architect Of Seth
Réalisé le : 02 Février 2014
Par : E Mail
 
 
 
 
 
 

Il n’est point besoin d’avoir une grande promotion pour avoir du talent et heureusement ce n’est pas incompatible. ARCHITECT OF SETH est pour moi le groupe qui a sorti le meilleur album de death metal de l’année 2013. « The persistence of scars » est une perle, un véritable album écrit avec le cœur. Il méritait de figurer dans l’écurie Great Dane Records. Mais qui se cache derrière ce groupe, qui sont ils humainement, quel est leur parcours ? Comment ont-ils réalisé cet album de death metal ? Pour réellement découvrir Paul et Yohann, voici une interview détaillée intéressante et palpitante, lisez plutôt…. 


Magic Fire Music : Bonjour à vous Paul et Yohann, je suis très content de pouvoir vous faire cette interview car je ne l’ai pas caché mais AOS a été l’album qui aura fait briller pour moi l’année 2013 musicalement. Tout simplement parce que au delà de la technique, il est resté dans le noyau de AOS, une sincérité de faire de la musique pour ce qu’elle est , non pas d’abord pour une puissance de production, pour un assaut de la scène et de ses fans, mais non, vraiment pour dire  » voici ce que je sais faire, ce que j’écris depuis longtemps, et j’y ai laissé mon âme « ….Alors avant de partir dans l’interview proprement dite, j’aimerais que l’on commence de prime abord par un petit retour en arrière, parce que Architect of Seth, avant d’être une aventure musicale telle qu’elle est aujourd’hui, on a bien l’impression que c’est l’oeuvre d’une grande partie de ta vie Paul…Raconte moi un peu ton parcours musical en tant que musicien d’abord puisque tu es un multi-instrumentiste émérite, ta formation, tes diverses projets ,mais aussi en tant qu’humain ta rencontre avec Yohann, ton univers metallique mais également sans doute étendu à d’autres mondes musicaux….

Polo Salut Arch ! Pour situer un peu les choses, j’ai grandi parmi les vieux vinyles et cassettes des mes parents regroupant tout un spectre assez hétéroclite de ce qui se vendait dans les sixties et seventies. Pour autant aucun Van Halen ou Led Zep à la maison! Mais dans tout ça les prémices du rock quand même. Crois moi l’envie était bien là déjà à cette époque bien au chaud. L’influence de ces vieilleries et globalement de la musique « mainstream » allait très vite prendre le dessus sur tout bien que le milieu d’où je viens n’y fut pas propice pour ne pas dire hostile. Alors vers les 10 ans j’entends Highway to Hell à la téloche (à l’époque où elle passait de la musique donc) et là ben c’est parti… Mon caractère et ma détermination ont raison de mes parents, je me mets direct à la batterie et un peu plus tard à la guitare… Constatant un mépris total pour le hard de la part des profs de musique « académiques » vers lesquels je tente une approche (le fameux « si tu bosses pas mes partoches de Police tu feras jamais rien », merci du conseil!) , je choisis moi-même les Hetfield, Mustaine, Schuldiner, Malmsteen, Romeo, Ulrich, Hoglan , etc. comme profs particuliers… Loin de moi l’ambition de reproduire éternellement, j’ai toujours fait des compos dans le but ultime de produire des disques. 
Yohann : Salut Arch ! La rencontre avec Polo est le fruit du hasard d’Internet, entre 2006 et 2007 je dirais, quand Myspace était à son apogée.. Je ne me souviens plus de qui a trouvé qui le premier, mais l’élément déclencheur était la musique car à cette époque on passait des heures sur ce site pour dénicher des groupes. Bref, j’ai découvert AOS et lui ITB (Invocate The Butcher), on a échangé nos demos, le courant est passé… Il aura fallu attendre l’été 2012 pour qu’on se rencontre dans la vraie vie…
 

Magic Fire Music : J’ai découvert sur le tard tes deux démos puisque finalement je les ai eu dans la même période que la sortie de « The Persistence of scars », il est à noter que découvrir un groupe après un certain temps d’existence est parfois difficile car certains titres ou sons peuvent prendre un coup de vieux….au niveau de la production surtout. Bien que « Eldorado » et « Pax-labor » ne datent que de 2006 et 2007… Tout d’abord, on peut parler de ton chant. Qu’est-ce qui t’a fait littéralement changer de timbre, parce qu’on sent une différence plus que flagrante entre ces démos et votre premier album. Aujourd’hui tu as une voix beaucoup plus mature, moins gutturale, mais nettement plus contrôlée dans les variations…Je remettrais un coup en disant et ce, à juste titre, que ta voix est vraiment proche aujourd’hui d’un Mameli…
 
Polo : Il faut déjà savoir que de la même manière que j’ai composé et enregistré « The persistence of scars » seul, je me suis mis au chant par contrainte et non par vocation, ou désir de traduire un quelconque talent pour le coup… Je viens à la base du Heavy et du Prog, hors dans ma région je n’ai jamais trouvé un chanteur motivé et/ou compétent. Et moi je n’ai jamais eu la voix pour ça. Donc dans ma démarche de ne jamais céder au désespoir et donc à la facilité, je me suis mis brutalement à quelque chose de plus rugueux, ce lorsque j’ai découvert Theory in Practice, Martyr et Necrophagist. J’étais fan de Death, Obituary, Pestilence, Coroner, Sepultura depuis toujours, donc l’inspiration instru était là. Plus qu’à allier tout ça avec les Heavy allemand et ricain dont je ne me sépare jamais.Pour le chant je me suis donc fait violence et c’est venu assez vite. 
Le changement de « timbre » qui s’est opéré entre les démos de 2006/2007 et aujourd’hui ne m’est pas évident à analyser. Je considère Chuck , Mameli ou Van Drunen ou Tardy comme les voix ultimes car elles ont une singularité (voire mélodicité) qu’on ne retrouve pas dans le growl qui est beaucoup plus difficile à nuancer, même si je le vénère pour son côté abyssal. L’idéal étant d’arriver à allier les deux pour enrichir encore la musique (enfin ça se discute)… J’ai donc travaillé cette voix, repris du Morgoth et bien sûr bossé les répertoires de Death et Pestilence que je pratiquais depuis des lustres de toute façon, en accompagnant avec la gratte évidemment ! C’est donc venu assez naturellement. Mais j’en étais incapable en 2006 de la même manière que j’ai des difficultés avec ma voix grave aujourd’hui. Il y a sans doute des raisons mécaniques très logiques à ça, peu importe je suis arrivé à mon objectif, j’aime comme ça sonne sur l’album.
 

Magic Fire Music : Dans ces deux premières démos, si l’on compare, et l’on n’empêchera jamais les gens de comparer, on pouvait déjà percevoir  dans tes envies, cette prédominance d’introductions très « acoustiques » comme sur le titre « eldorado », ou encore  ces petits breaks « acoustiques » minuscules très présents au niveau des guitares, ce qui  d’ailleurs se constate aisément sur « The persistence of scars »…Est-ce que pour toi dans ce death metal technique que tu écris où l’esprit des ténors tels que Cynic ou Pestilence et consorts peut se percevoir, il est essentiel d’y incorporer justement ces interludes comme si la survie de ton death metal  était de rester constamment compréhensible ? Car même si aujourd’hui ta musique s’est vraiment affinée, on entendait déjà sur « Pax-Labor », une certaine évolution mélodique avec la première démo et cela annonçait pas mal les prémices du death que tu as écrit sur l’album….
 
Polo : La présence de ces intros acoustiques est un choix artistique rendant hommage au metal d’antan, celui qui a totalement conditionné ce que je suis aujourd’hui. C’est quelque chose qui se matérialise à mes yeux comme une montagne de sagesse au pied de laquelle je me prosterne en signe de respect, presque d’allégeance. Je parle des « Ride the lightning », « Master of Puppets » « Times does not Heal »,  « Alice in Hell », la nostalgie l’emporte toujours chez moi, c’est mon carburant et franchement, je réécoute le début d' »Alice in Hell », j’en chialerais presque ! C’est ce retour à la musique qui se fait émotion qui m’intéresse, pas les concours de bite permanents qu’on veut nous vendre aujourd’hui. 
Pour revenir à PAX LABOR et dans un soucis de rendre à César ce qui est à César, Math l’ancien guitariste en est l’auteur principal (à savoir les trois premiers titres). Moi, je ne me chargeais que des titres les plus barrés à l’époque ! Mais on peut s’y tromper tant nos sensibilités musicales découlaient de la même sève. Enfin, pour le côté indispensable de ces interludes, intros, outros, je dirais que c’est la conséquence logique de mon parcours : enfant très mélomane et passionné, adolescent fanatique, l’addition des deux est ce que je suis aujourd’hui. C’est pour quoi ma musique ne se réduit pas à du rentre dedans constant et le terme « prog » me va comme un gant car je n’ai pas de frontières dans ce death. C’est la somme de ma discothèque et de mes émotions toujours au service de la richesse musicale que je ne saurais dissocier une certaine efficacité « de la première écoute », l’impact immédiat (celui qui me submergeait lorsque j’étais ado en découvrant Death, Malmsteen, Motorhead, Venom, Exodus, Nuclear Assault…) sans déballage de technique digne d’un master-class… De plus je ne suis influencé par aucun paramètre actuel donc ça rend le truc cohérent et humain quoi qu’on en dise, je n’obéis qu’à mes pulsions de création.
  
 
Magic Fire Music : Toujours pour rester encore un peu sur tes démos, même s’il s’agit de questionnement non existentiel, je m’interroge sur la volonté à l’époque de celles-ci, qui n’est pas si reculée finalement, de ne laisser que vos adresses mails avec Mathieu Legrand, ce qui pouvait d’ailleurs laisser le loisir aux intéressés qui n’étaient pas dans votre environnement proche de ne vous découvrir qu’à travers des espèces de pseudonymes…On a l’impression qu’aujourd’hui tu as peut-être plus conscience de la simplicité des choses, comme on peut le lire dans le booklet de  » The persistence of scars  » où l’on sait immédiatement que AOS c’est Paul Rousseaux, avec des guitares additionnelles de Yohann Kochel, comme si tout était finalement aujourd’hui plus limpide…qu’en est-il ?

Polo : Pour moi le terme demo avait tout son sens à cette période. Avec Math on galérait depuis 10 ans tous les deux avec notre premier projet Heavy-Thrash-Prog (démarré en 96), le pré-AOS en fait. Des soucis de line-up constants, un non-aboutissement frustrant au possible… On a sorti un album quand même qui aurait été une vraie tuerie si on ne s’était pas improvisé chanteur, ingé-son, studio etc… Le niveau de compositeur de Math était déjà exceptionnel et moi j’avais déjà la rage de vaincre. Et c’est là que j’ai créé ce projet death pour pouvoir se lâcher enfin en faisant quasiment la même musique mais avec une voix porcine, ça c’était techniquement possible. Et puisque tous nos potes de l’époque nous avaient plantés, le concept était déjà tout trouvé : composer du matériel le plus vite possible, le mettre sur un disque et éjecter ça en live aussitôt, qui plus est à deux, coûte que coûte. Une sorte de revanche brutale quoi. D’autant que la scène locale death de l’époque était inexistante, on a pas mis longtemps à se faire une petite place, l’accueil a été cool, on était une sorte d’OVNI aussi. Les demos ont été élaborées pour justifier le fait de donner des concerts à droite à gauche, se faire un petit nom comme faisait les fondateurs du genre. Pas besoin d’un grand blabla, juste signaler qu’on était là depuis des années, dans l’ignorance générale, et que désormais on venait juste pour vous botter le cul.
Yohann : Dans ce maelström qu’est Internet, il est devenu nécessaire de simplifier les choses pour tout le monde. C’est pourquoi nous avons décidé de ne donner que l’adresse mail officielle du groupe, que tu retrouves sur nos liens Youtube ou sur les réseaux sociaux par exemple. Cela nous permet de communiquer facilement avec n’importe qui sans nous éparpiller.


Magic Fire Music : J’en terminerai là sur le passé, les claviers d’AOS de l’époque des démos étaient plus agressifs peut-être, lorsque l’on prend un titre comme  » Related facts  » on se dit qu’il y a quelques relents d’un Crematory ou d’un Nocturnus, sans parler de construction ou de structure, mais plus de volonté d’intégration des claviers, sans que ce soit des nappes, alors qu’aujourd’hui peut-être que ce que tu as intégré dans cet album est plus anecdotique puisque l’on sen rend compte surtout sur un titre comme  » Hybrid consuming flesh  » même si la partie de piano de  » Embrace of anguish  » semble plutôt dire le contraire…mais ça reste un son  » piano  » plus que des sonorités de claviers traditionnels…Je veux dire que quelque part le clavier de AOS est sans doute omniprésent mais moins mis en avant aujourd’hui…Est-ce que tu as évolué dans ton désir d’intégrer ou pas du clavier dans ta musique, en tous les cas sur la manière dont tu as voulu le mettre en valeur Même la basse que l’on pouvait vraiment percevoir clairement sur la démo  » Pax-Labor  » est aujourd’hui différente, ce qui finalement enlève de l’influence trop flagrante de certains groupes sur AOS pour certainement plus de personnalité non ?

Yohann : Je ne sais pas si on peut dire que les claviers sont moins présents, je dirais plutôt qu’ils sont là pour mieux appuyer la musique, créer une ambiance, mettre en avant certains thèmes ou petites « envolées ». Il en va de même pour la basse qui ne sonne plus comme une putain de mitraillette, hahaha… bref, on avance, toujours avec cette optique de créer un ensemble cohérent. 
Après, ces sons de clavier, on les aime ou on les déteste, mais ils sont assumés et surtout étroitement liés à nos influences (citées partout d’ailleurs).
Polo : Il faut dire aussi qu’il s’est passé 6 ans entre PAX-LABOR et Persistence. Pendant ce temps j’ai énormément médité sur les pionniers du genre car mon but ultime a toujours été de créer l’album de mes rêves, celui que j’aimerais découvrir d’une autre formation. J’ai donc pris le temps pour ne rien laisser au hasard. J’ai également pris beaucoup de recul sur nos dernières productions ainsi que sur la scène metal contemporaine pour ne me concentrer uniquement sur l’essence du metal, le classieux dans la simplicité.  Pas de surenchère de production, le moins de compression possible quitte à garder le côté roots des débuts, une facilité de compréhension de tous les instruments : c’est ce à quoi j’ai veillé jusqu’à la terminaison du cd. Les années ont donc joué un rôle assez important dans ma vision globale du produit fini. Pour ce qui est de l’aspect technique, pour les demos on a fait ça avec des bouts ficelle, on était extrêmement démuni niveau amplification, guitares, MAO et compétences. Après les demos et après des années d’économies, je me suis payé du vrai matos et c’est celui qui a servi entièrement sur l’album. Tout est là je pense, les sons sont de meilleure qualité et l’ensemble et beaucoup plus travaillé, je ne suis pas prêt de renier les compos de PAX-LABOR et Eldorado car moi je les ai toujours imaginé avec une telle prod, pas un son de batterie et de guitare minuscule…  J’ajouterais que le fait d’avoir travaillé seul sur l’album m’a permis de prendre le temps de peaufiner à l’extreme sans avis extérieur sans jamais dévier de ma trajectoire de fait. C’est une oeuvre solitaire à la base,  là réside à mon avis un certain équilibre.
 




Magic Fire Music : Allez, laissons les démos et occupons nous de ce « The persistence of scars ». Un album ni court ni long, mais pour lequel on aurait pu prévoir une envie de mettre un maximum de choses que tu n’avais ou n’aurais pas pu mettre avant soit sur les démos ; soit juste depuis tellement longtemps, car je sais bien que lorsqu’un album se fait attendre par manque de musicien ou à cause des aléas de la vie, on peut être tenter d’insérer trop d’idées qu’on n’a jamais matérialisées et qui peuvent rendre relativement abscons le contenu d’un album…Au contraire on a l’impression qu’ici les doses ont été bien gérées, il n’y en a ni trop, ni trop peu….Est-ce que lors de, peut-être pas de l’écriture elle-même des morceaux, mais de la construction de l’album en tant que tel, tu as éjecté, viré, occulté certaines choses par souci de ne pas trop encombrer l’album ? Je sais mes phrases sont longues parfois….

Polo : Mais non pas du tout … Comme je le rabâche souvent (rires) j’ai une vision globale de laquelle je ne dévie pas d’un cil, quitte à paraître tyrannique. C’est comme ça aussi au niveau de l’artwork, l’ensemble doit refléter ce que nous sommes indépendamment de tout critère commercial. Je prends d’ailleurs en compte tout les paramètres qui font qu’aujourd’hui je ne trouve plus mon bonheur dans les nouvelles sorties : trop long, trop conceptuel, trop intello, trop technique ou tout ça à la fois, c’est à dire sans âme… 
Donc, dans ma quête de revenir à l’essentiel, je trouve que 7 titres c’est l’idéal. Rapport aussi et surtout à ce que je n’écoute plus de cd que dans ma bagnole faute de temps, donc un concept album de 50 minutes, j’en rate les trois quarts, alors que quand je me met un Kiss ou un Running Wild il est bouclé dans l’allez retour, direct, efficace, sans fioritures…


Magic Fire Music : Finalement combien de temps t’aura pris l’écriture de cet album, je ne parle pas de l’enregistrement, des orchestrations, non je parle simplement des idées, de la manière dont tu avais envie que ça sonne, de la manière dont tu avais envie que tes morceaux prennent vie, de la manière dont tu voulais que ton death metal emprunte tel ou tel chemin ? Est-ce que cela aura pris des mois ou pas, parce que je suppose qu’à côté de ça, tu n’as pas que ça, vu qu’on sait que tu joues aussi en tant que batteur pour Mylidian qui a sorti son album récemment, le temps manque souvent cruellement non ?

Polo : Certains titres ont été composés en 2005 ou 2006, notamment « Teacher of Nocturna » , donc tu vois je suis tout sauf une machine, et tout seul c’est dix fois plus long. Et la composition c’est 90% de bidouillage informatique, ce que je déteste par dessus tout. Mais comme tu l’as souligné je consacre mon temps à divers projets et évidemment, durant cette période un peu trop vide, j’ai composé bien plus qu’un album, puisque en dehors du Death je n’abandonnerai jamais mes premières amour du heavy classieux à la Malmsteen, Shadow Gallery, Blind Guardian… On y reviendra un de ces jours…

 
Magic Fire Music : Est-ce que tu n’as pas été tenté d’insérer des gros plans de morceaux d’avant ?

Polo : Non. Jamais, surtout pas pour le premier album ! Je me devais de réaliser un album complet sans repiquage. Vu le temps que ça a mis quand même, c’était la moindre des choses. De plus, l’inspiration est fertile. Question d’orgueil aussi, je déteste le recuit chez les autres, le principe des best of, des cover band, des remasters etc… je vois ça comme un abandon à la facilité, le pire étant évidemment que ça se vend…


Magic Fire Music : La co-habitation avec Yohann est-elle plus en osmose qu’elle ne pouvait l’être avec Mathieu Legrand à l’époque, sans savoir aucunement s’il y a eu des dissidences entre vous… ? D’ailleurs le rôle de Yohann dans l’aventure de  » The persistence of scars  » a-t-il été prépondérant dans l’élaboration de l’album à quelque niveau que ce soit ?

Polo : Pour éclaircir un point que beaucoup ignorent sans doute, Math a du cesser la guitare définitivement car ses mains ne lui permettaient plus. J’ai retrouvé avec Yo quelque chose d’assez ressemblant tant dans la complémentarité qu’au niveau humain. On aspire tout les deux à être avant tout des potes. Le niveau de notre duo est proportionnellement similaire à celui de l’époque de Math et l’envie et l’inspiration sont pour l’instant au rendez-vous donc ça ne peut que marcher.
Yohann : Pour revenir un peu en arrière, il ne m’était jamais venu à l’idée d’intégrer AOS avant que Paul ne me fasse écouter les démos de l’album en 2012. Bien sûr, il m’avait déjà fait des propositions après le départ de Mathieu, mais passer juste après lui me semblait mission impossible… AOS quoi ! ! !
Après avoir écouté « The persistence of scars », j’ai pensé qu’il serait vraiment dommage de ne pas tenter ma chance et de passer à côté de cette bombe. Et ça a collé… musicalement et surtout humainement ! Je crois qu’on peut dire que nous sommes devenus amis depuis un petit moment déjà.
Concernant mon travail au sein d’AOS, comme je le dis souvent à propos de l’album : c’était un diamant brut que j’ai juste contribué à polir… Paul est un compositeur comme on en fait peu mais parfois il ne se met pas à la place de l’auditeur lambda (rire)… c’est à ce stade-là que je suis intervenu, pour faire en sorte que son travail soit mis en avant. Il a fallu tout dépoussiérer, préparer chaque piste, créer des bases solides moins galères à mixer. J’ai reprogrammé la batterie de Polo avec du matos plus dans l’air du temps, travaillé les nuances, les automations, enregistré des pistes manquantes sur 2 morceaux, ce genre de trucs. J’ai passé 1 an de ma vie avec un casque sur les oreilles à décortiquer cet album, hahaha…
Bien évidemment, comme tous les amis, il nous arrive parfois d’avoir des points de vues différents mais notre force, en plus des nombreuses idées qui nous traversent l’esprit, passe par la discussion et l’échange, dans un seul et unique but : la musique ! Et ce travail est encore plus simple quand on discute entre amis ! Au final on se complète plutôt bien et je n’ai eu aucun mal à trouver ma place au sein d’AOS.
Pour finir, on a appliqué cette méthode de travail pour l’artwork, le teaser, la promo, etc.


Magic Fire Music : Il serait en l’occurrence fort intéressant de connaître le parcours de Yohann pour le coup, si tu pouvais nous en dire plus sur toi et sur tes projets même les plus…  » ruraux « , car au delà de l’humour on ne peut que reconnaître la bonne maîtrise de ton instrument également lorsque l’on découvre Invocate the butcher qui nous rappelle un peu les frasques des landais gascons de The inspector Cluzo, mais façon death à la place du rock psychédélique, alors pour la petite parenthèse, je t’invite à nous présenter le bébé dès maintenant….

Yohann : J’ai découvert le metal vers l’âge de 10 ans avec les premiers Maiden. Puis, a l’adolescence, j’ai monté un groupe de death/thrash avec des copains fans des vieux Sepult’, Slayer, Death, etc… Bref, le parcours classique du metalleux de cette génération qui rêve de monter sur scène (enfin, dans les bars surtout). Pour te la faire courte, le temps est passé par-là et chacun a suivi son chemin. Je suis le seul a avoir continué, dans un premier temps au sein d’un groupe de heavy (Psytronix) qui avait déjà sorti un album et avec lequel j’ai enregistré le 2ème en 2002 (Servilization). Puis, en 2003 j’ai quitté le groupe pour des divergences musicales. A ce moment-là, je me suis retrouvé seul et je n’avais pas la motivation de former un groupe avec des inconnus. Pour moi, la musique est synonyme de partage et il est important de bien s’entendre avec les autres zicos… L’idée même de me pointer en répète comme si j’allais au travail me file des boutons… Je n’ai plus la patience pour ce genre de choses, haha… 
C’est la raison pour laquelle, je me suis penché un peu sur la MAO, la programmation midi, pour pouvoir continuer tout seul chez moi… A cette époque, je passais des heures à me familiariser à certains outils, à programmer de la batterie, des claviers et à enregistrer des morceaux plus « personnels » qui ne verront probablement jamais le jour… Et en parallèle, en 2003 j’ai eu l’idée de créer un groupe de death, Invocate The Butcher, sans prétention, avec mon frangin Michaël qui est un putain de growler. 
N’ayant rien d’intéressant ou d’original à raconter, et étant originaire de la Dordogne, département réputé pour son terroir, le concept d’ITB s’est imposé de lui même : du « rural » death ! C’est quoi ce truc ?! Musicalement, c’est un mélange de thrash et de death (pas du grind, comme le concept pourrait le présager). Mais au lieu de parler du son que fait une tête coupée en tombant au sol, je préfère évoquer celui d’une cuisse de canard frétillant dans une poêle… là, ça m’inspire (rire) ! Avec du chant en français, bien évidemment… j’aime notre langue ! Et surtout, je n’aime pas me prendre la tête. De toute façon, j’ai toujours pensé que growler en anglais, portugais ou wolof n’a aucune importance car finalement on ne pige pas grand chose sans les textes devant les yeux, hahahaha. Bref, on a enregistré quelques titres, à mon rythme (car je suis vraiment très feignant…. je stocke des riffs sur des disques durs en attendant). Depuis 2011, Marc, un virtuose du cor français (si, si !) a rejoint l’aventure… maintenant, faudrait que je me sorte les doigts pour faire un album. Certainement pour 2034, comme le prochain Necrophagist !!!


Magic Fire Music : Revenons à nos moutons, Architect Of Seth…A un moment donné lorsqu’on rame trop pour trouver des musiciens effectivement on a tendance à prendre le taureau par les cornes et tout faire soit-même. D’où justement cette boite à rythmes programmée par toi-même…Bien qu’un boite à rythmes peut avoir largement ses atouts, Necrophagist ne nous contredira pas, dans la mesure où tu joues la batterie pour Mylidian, pourquoi dans ce cas ne pas avoir réalisé les batteries sur votre album finalement ? A moins que la difficulté ait été de taille…. D’ailleurs est-ce que la recherche de musiciens pour les éventuelles scènes de Architect Of Seth à venir ont été fructueuses ?

Polo : Une fois l’album achevé tel que tu le connais, j’estimais ne rien avoir à prouver et cette batterie était bien assez à mon gout. Je n’étais pas non plus absolument certain de faire mieux sans y passer des semaines et il était hors de question de se payer des heures de studio pour un résultat incertain. Au delà de la prouesse toute relative d’être également l’auteur des parties batterie sur le CD, le but premier reste d’avoir un groupe au complet pour la scène, donc la « soloitude » trouve là ses limites.
Sinon dans un souci d’honnêteté, je n’ai jamais caché l’utilisation de sons synthétiques, mais pour le coup j’aurais très bien pu faire croire que c’est un vrai batteur (tellement de grands groupes l’ont fait). Je suis bien certain que 90% des auditeurs n’y auraient vu que du feu, ça aurait au moins évité les remarques à la con de certains chroniqueurs,  le genre de mec qui cherche un truc indéniable à dire parce que à part ça il entrave que dalle à notre propos (après tout ils trichent bien eux derrière leur pseudos, et leurs torchons bâclés en 5 minutes, c’est écrit sur le cd « programmings »)… le reste, l’essentiel du boulot de critique, ça demande beaucoup de travail et de passion pour être pertinent _lisez un peu les articles de Arch les gars_. 
Enfin bref, quand on voit la gueule de bon nombre de prods de batterie actuelles, ce son en plastique alors que les mecs ont passé des jours en studio, je vois pas l’intérêt. Cela dit il se pourrait que par la suite, j’envisage d’enregistrer la drum, c’est aussi pour beaucoup une question de temps, de matos (toujours), et d’être bien entouré au moment voulu. Concernant l’activité live, on y travaille, les choses sont en cours. Le principal problème est que trop de musiciens de ce pays se prennent pour ce qu’ils ne sont pas parce qu’ils ont 2 ou 3 trophées, sont sponsorisés par une marque de tee-shirt, ou battent des records de vitesse… Là s’arrête la passion à mon avis, lorsque qu’on me dit « ok c’est excellent ce que vous faites, en plus en ce moment je fais rien donc j’suis partant… mais au fait combien vous me donnez ? » _ben appelle David Vincent mec il va sans doute être bluffé par ton niveau_ …  
C’est juste que:
1. Il y a toujours mille fois meilleur que soi, 
2. La vie est trop courte pour attendre un coup de fil de D. Vincent, 
3. Ca fait 20 ans que je fais de la musique et je trime à côté pour pouvoir continuer. Depuis quand on gagne sa vie en faisant du Death ?? Demande à Franck Mullen ou Bill Robinson (tu vas me dire les States et leur système social…).


Magic Fire Music : Aujourd’hui on parle souvent de la performance de la production pour parler d’un album, avant de parler de la performance des compositions, ce qui est assez injuste et montre que les gens actuellement peuvent être moins regardant vis à vis de la qualité d’écriture, bien que cela ne soit peut-être pas une généralité, mais tout de même…On en a déjà parlé, mais vous êtes allés chercher David Thiers et El Mobo pour la réalisation mixage et mastering de la bête…Finalement deux personnages de la région bordelaise dont l’un n’est pas forcément dans un environnement de metal extrême….Et peut-être que c’est ce qui donne à l’album cette couleur moins  » trendy  » que peuvent avoir les productions actuelles non ? Comment fait-on pour aller chercher David Thiers afin qu’il mixe un album de death metal ?

Yohann : Faire appel à David était une idée que j’ai soumise à Polo. David est un vieux copain de Périgueux que j’ai rencontré quand je jouais dans Psytronix… il se trouve qu’il a joué lui même dans le groupe par la suite. Je savais qu’il s’était lancé comme ingé-son et qu’il sonorisait pas mal de groupes et de concerts sur Bordeaux. Je lui ai proposé de mixer notre album, envoyé un ou deux morceaux et il a accepté de participer à notre aventure. Aussi simple que ça… C’était son premier album et il y a mis toute son énergie ! 
David, en plus d’être super sympa, est hyper pro et d’une patience rare, on ne le remerciera jamais assez pour sa présence et son travail. 
Bref, il faudra compter sur le « Secret Place Studio » à l’avenir !
Pour le mastering, au départ il était prévu que David s’en charge. Celui-ci, étant en contact avec Mobo, lui a fait écouter un morceau (Engender) qu’il s’est proposé de masteriser « pour le fun ». Le résultat était concluant et David s’est proposé de lui-même de céder sa place à Mobo. La suite, tu la connais.


Magic Fire Music : Ce qui est intéressant à l’écoute des chansons présentes sur votre album, c’est que l’on ressent réellement cette inspiration basée sur les rêves, les cauchemars, autant dans l’artwork, la front cover surtout, que dans la musique. Cette côté onirique des paroles est majoritairement représenté sur l’album, mais sur « Tears empty of sadness » au delà des sources citées, peut-on y voir une critique de la société actuelle tout de même ? Lorsque tu dis que tu parles des générations qui grandissent avec des illusions, que nous n’avons que ce que nous méritons….Est-ce que sur ce morceau particulièrement il n’y a pas un ras-le-bol de notre réalité plus qu’une matérialisation des tes rêves ou cauchemars ?

Polo : Tout à fait, mais ne s’agit il pas là d’un cauchemars éveillé suivant quelque part la logique de l’album ? (Cela dit pour aller dans ton sens, ce titre est le moins imagé car beaucoup moins personnel). Notre réalité nous contraint, il me semble, tous les jours à plus de condescendance au point de devenir totalement passif et soumis. Une volonté assez instinctive de rester magnanime et supportable pour celui ou ceux qui partagent votre vie. J’imagine que ceux qui on le verbe haut, la réplique facile et une connaissance apparemment sans borne de… tout (donc rien) derrière leurs écrans sont bien seuls en fait… Il m’est difficile d’enrayer les choses qui sont en cours, cette impression de suffocation, d’imposture constante dont nous sommes les témoins complices à différents degrés.
J’ai donc la lâcheté de déposer mon fiel dans mes lyrics, qu’au moins la plupart ne liront pas, et de refuser clairement le débat politico-social en règle générale considérant que c’est un outil instrumentalisé depuis la classe préparatoire. Le débat n’existe pas fondamentalement, tout comme la démocratie, tout ça est une vaste blague, c’est ce que dit en gros ce morceau : « je me moque de tes états d’âme, je m’oppose debout à ce qui engendre des choix qui nous sont imposés ». Et la vie est finalement trop courte pour trancher mais de là à se ranger toujours du côté des plus puissants et des vermineux et à la langue de bois bien pendue qui nous gouvernent, il y a un monde ! Ces crevures excellent au moins dans l’art de diviser et on voudrait me faire croire que le débat social existe ?! L’aveuglement oui… Mais au delà de ces « grandes causes » insolubles, effectivement la crainte réelle de lendemains bien plus sombres, non pas dus aux divers truchements politico-financiers mais à la perte progressive et inexorable de toute conscience, morale, réflexion. A l’aube d’une vie de père il se peut que ces questions virent à l’obsession. Cela dit j’me suis sans doute trompé d’époque, voire de monde.
Yohann : Pour la cover, c’est un peu pareil… chacun y voit ce qu’il veut finalement. Pour moi, elle a une signification qui est peut-être un poil différente de celle de Polo, de la tienne ou de l’auditeur lambda… en cela, elle est à mon sens intrigante et intéressante… à l’image de son évolution, de sa conception. A l’origine, Polo avait pris cette photo de paysage que l’on retrouve à l’intérieur du livret et qui devait être la cover finale. Et… C’est étrange ce qu’une une simple photo peut créer dans l’esprit humain, lorsqu’on s’y attarde… le hasard veut que, chez moi, elle laissait entrevoir un regard à l’horizon, dans la lisière d’une forêt et son reflet dans l’eau. J’en ai causé avec Polo et on est finalement parti dans cette direction.
On rentre après dans la symbolique propre à chacun… pour moi, associée au titre de l’album, à ces branches d’arbres mélangées aux rides d’un regard intense, grave et profond, on retrouve cette notion du temps qui passe irrémédiablement malgré nos gesticulations… on naît, on meure, c’est la seule certitude sur cette planète ! Entre les deux, on essaie de vivre chacun avec nos démons, nos expériences, bonnes et mauvaises, nos… cicatrices ! C’est ce que cet album représente pour moi… et je pense que cette idée n’est finalement pas si éloignée que ça des textes très personnels de mon pote.
 




Magic Fire Music : On a la sensation que l’album  est en  fait une odyssée, un épopée de tes pensées profondes effectivement puisque c’est plus ou moins présenté comme tel, mais il faut vraiment s’y pencher dessus…Car lorsque tu mets que « Where silence reigns echoes eternity » est basé sur un voyage spirituel qui t’a profondément marqué. Il faut vraiment arriver à comprendre et noter que « where silence reigns… » commence au tout début de l’album et se termine sur « Teacher of nocturnus »….Parce que finalement lorsqu’on a bien compris le sens et la portée des paroles, ont réalise en fait totalement les ténèbres de certaines chansons et la terminaison de l’album musicalement parlant….On comprend l’artwork, on comprend l’ambiance, tout se place comme un puzzle et c’est fort…Est-ce que je suis dans le faux avec cette interprétation ou plus un moins proche de ce que tu voulais exprimer au travers de « The persistence of scars » ?….

Polo : Tu as tout compris (mais on est toujours seul dans sa folie à mon avis). C’est le résultat d’un travail solitaire ayant démarré très tôt. En effet ce n’est pas un récit ou l’épopée d’un dieu mille fois adaptée et romancée (seul « Engender of confusion », qui aurait pu s’appeler « Architect of Seth », n’a pas une grande portée spirituelle). C’est un recueil d’émotions, pour beaucoup des traces de souffrances intérieures (persistantes), dues à des moments de suffocation délirante à l’issue pour le moins incertaine (toujours sauvé des ténèbres par l’écriture heureusement), des questions restées sans réponses, des expériences de mort aux images qui vous hantent et qu’on ne peux mieux raconter que par la métaphore. Car il suffit de vivre, travailler, et toujours se poster humblement en observateur pour trouver l’inspiration finalement.
Et comme la souffrance n’est pas un commerce (ne devrait jamais l’être en tout cas), je laisse délibérément le loisir à qui voudra comprendre le sens de ces mots de fouiller dans sa propre conscience. Les 7 titres sont clairement des tranches vies dont le sens m’appartient, et il m’est difficile de transmettre l’émotion autrement qu’en transcendant l’affliction et s’en servir utilement, en en faisant une pièce dramatique, ça tombe bien la musique est là pour ça. Pour tout le reste qui est du domaine de l’intime il y a les gens qui m’entourent.
Pour revenir tout de même à ta question empreinte de bon sens ; et qui traduit encore une fois ta volonté de bien faire et surtout ton respect indéniable de notre humble travail ; « Where silence reigns…echoes eternity » est un 8ème titre volontairement camouflé et orchestré de cette manière : intro/outro, ce qui veut dire qu’il démarre à l’intro de « LFDY » et se termine sur l’outro de « Teacher of Nocturna» sans avoir de corrélation avec les thèmes des ces deux morceaux.
Ce titre est en fait un épitaphe : celui d‘un tombeau ouvert, l’Afrique… Et il a cette valeur symbolique sur l’album. Plus précisément l’épitaphe qu’on pourrait lire en entrant dans un des hauts lieux de l’esclavage négrier des siècles passés (pas que ce dernier n’existe plus, il a juste changé de forme). Celui qui a raisonné dans ma tête et s’est imposé à moi  lorsque je me suis présenté au bout d’un couloir de ténèbres à « la porte de non retour », au jeu de contrastes d’une trappe de lumière ouverte sur l’océan en un précipice de reflets brûlant, de vagues et de rochers, et au delà de laquelle par le passé j’aurais, après avoir été vendu, embarqué vers l’occident ou trépassé servant de repas au requins. 
Au delà des mythes et remises en question permanentes de l’histoire dont il est de bon ton de faire le business aujourd’hui (cette hiérarchisation victimaire privative tellement galvaudée qu’on nous sert à toutes les sauces depuis qu’on est gosse et qui n’appartient de toute évidence qu’à ceux qui en ont les moyens…), on ne revient pas indemne de pays aussi chargés de souffrance, ou l’on crève dans la dignité avec le sourire, parce que c’est une volonté divine, sans rancune… Une leçon de vie qui renvoie presque le reste de mes complaintes au rang d’anecdotes nombrilistes; un thème musical qui enrobe l’album comme une ultime invitation au voyage, car pas de spiritualité sans un minimum d’ouverture sur le monde, sans conscience de notre condition. Voilà, cela signifie simplement : il est des sanctuaires en ce monde dont la profanation s’inscrit dans l’éternité, pour leur richesses naturelles, leurs points stratégiques guerriers et de soumission… un chant d’esclave comme seul réponse possible, quoi d’autre ?
Quand à l’artwork… il est en étroite corrélation avec les titres les plus dépressifs du cd (« Transhumance astrale » et « Embrace of anguish » surtout)… Un visage qui semble marqué par une vie de souffrance dont les rides sont autant de questions restées sans réponses, de plaies ouvertes ; un témoignage de sagesse flottant tel un spectre sur une rivière passant à cent mètres en contre bas de là ou j’habite, chargée de souvenirs et de fantômes et dont le fil de l’eau se représente à mes yeux comme les méandres d’une destinée… 
La photo de la rivière, je l’ai prise presque jour pour jour un an avant la sortie de l’album, c’était en automne… prendre le bon cliché m’a pris deux ans, la faute à un cache cache permanent avec le soleil (mais tout se mérite). Car c’est ce couché de soleil automnal que je voulais rassurant et oppressant à la fois, la froideur et la lumière ardente d’une fin d’après midi dans une nature qui se meurt. Vue d’une berge, l’horizon où les rayons du soleil se confondent avec la brume, quoi de plus transcendant… L’ambiance parfaite pour regarder la vie autrement.


Magic Fire Music : Quelle était l’importance de mettre certaines phrases en valeur dans le livret, par leur caractère gras ? Au delà de la répétition des titres mais peut-être pour mettre en exergue certaines pensées…

Yohann : Pour le coup, l’explication est simple et relève de la mise en page des textes. Nous avons souhaité que les refrains soient mis en avant, d’où les caractères gras… tout n’est pas toujours compliqué dans nos têtes, hahahaha !
 

Magic Fire Music : Puisque l’on est toujours dans l’explication de textes, c’est vrai que ça peut paraître très scolaire, mais bon, au milieu de tout ça, vous avez choisi un titre, qui à moins que je ne me fourvoie est en français « Transhumance astrale » et ici bas, toute chose a une explication…La spiritualité prend-elle tout sa dimension lorsqu’elle est exprimée en français ?

Polo : Exactement… Je suis clairement frustré de ne pas utiliser ma langue maternelle, je considère que c’est un des derniers bastions que l’on se doit de défendre, d’une richesse sans pareil. Le problème est que le chant Anglais colle beaucoup plus à ce type de Death à mon avis, surtout phonétiquement, à moins que je ne manque d’expérimentation (mais dans ce cas j’assume parfaitement le chant anglais aussi « banal » soit-il considérant clairement pour AOS transmettre les sensations par la musicalité avant tout) … Je mène donc un combat permanent entre les textes d’origine que j’écris en Français littéraire, poétiques et métaphoriques à souhait et les lyrics définitifs que je façonne au cours de la composition des morceaux avec les contraintes rythmiques et purement techniques dues à mon jeu de guitare. Allier à ça un désir de fluidité et de groove (comme pour un chant claire), et la volonté farouche de retranscrire le plus respectueusement possible l’idée de départ, c’est un travail très compliqué et déprimant à la fois… Car effectivement, sans être traducteur, on perd souvent en spiritualité tant les expressions françaises sont parlantes et colorées. Je crois qu’on ne peut simplement pas exprimer mieux ses émotions que dans sa langue natale. Ainsi le titre « Transhumance Astrale » donne lieu naturellement à une certaine fascination lorsque abordé par un francophone… quoi de plus naturel ?  Pour le coup, ce titre m’est donc apparu comme une évidence, tant le morceau est empreint d’une aura spirituelle et mystique, un appel au voyage et aux rêves dans un total abandon de soi qu’il m’a été douloureux de travestir…


Magic Fire Music : C’est un premier album et en toute honnêteté c’est une réussite musicale quelque soit le chemin que prendra celui-ci..C’est d’ailleurs , vu de l’extérieur, très bien que vous ayez signé avec Great Dane Records qui reste pour moi un des meilleurs labels français, si ce n’est le meilleur, en matière de découverte de talents. Il semble effectivement que la France a un incroyable talent en matière de metal extrême haha…Je suppose que choisir de sortir un album en autoproduction ou effectuer des recherches avec un label a dû être matière à longue réflexion en pesant le pour et le contre, si l’on a un réseau suffisamment large pour pouvoir sortir un album seul ou pas….Qu’est-ce qui pour toi a pesé dans la balance dans le choix de recherche d’un label d’abord, mais aussi dans le choix de Great Dane Records ? Parce que je suppose que ce n’est peut-être pas la seule porte à laquelle vous avez tapé, à moins que si, et dans le premier cas, avez-vous attendu les réponses d’autres labels ou avez vous sauté sur le premier qui s’est manifesté positivement à vos attentes ?

Yohann : Faire appel à un label était une idée de Polo. J’avoue avoir toujours été contre avant la signature, peut-être par crainte, scepticisme ou « orgueil » (penser qu’on peut s’en sortir sans personne)… l’expérience nous a montré que le death metal n’échappe pas au business et que, finalement, les labels pensent d’abord à la thune à court terme avant de penser « passion »… Ils ont leurs raisons mais moi je ne fais pas de death metal pour celles-ci… le tout est de trouver un terrain d’entente entre nos principes et la réalité du « milieu »…
Bref, c’est Polo qui avait raison : Un label nous permet d’avoir cette crédibilité qu’on n’aurait peut-être jamais eue en indépendant. Et Great Dane est celui qu’il nous fallait !
Polo : Surtout, qu’on avait déjà sortis les demos en auto-prod… et que le jour ou notre activité a cessé avec Math, les demos me sont restées sur les bras (jusqu’à la sortie de « Persistence » d’ailleurs) et la plupart des gens qui nous « suivaient » se sont résolus à penser qu’on avait splitté, tellement plus simple et convenu, faut pas en demander trop…
Clairement, sans label tout le monde se contre-fout de ce que tu fais. Tu restes le groupe du coin qui répète dans son garage. Un gars de par chez moi que je connais depuis des années m’a dit récemment grosso modo « tiens, j’viens de voir que t’as un groupe, j’ai même écouté le cd en magasin, c’est carrément super j’en reviens pas, on dirait un groupe de niveau international »… ça illustre parfaitement mon propos … Tout est une question d’illusions dans ce monde, si demain tu sors une parfaite bouse, mais qu’un gros label t’organise une promo béton, ton nom circule et ça suffit pour cartonner. On voit ça tout les jours. 
Quant au choix de Great Dane Recs, les raisons sont simples :
1. Je me suis résigné à solliciter des labels français pour le côté pratique (c’était sans compter sur les bâtons dans les roues qu’ils se balancent tous entre eux… notre beau pays et ses valeurs si nobles…), ce qui n’était pas mon choix de départ dans ce pays de rappeurs qui perd son identité un peu plus chaque jour et ou l’ambition est trop souvent guidée par l’appât du gain. Bref, une sorte de rêve américain décidément bien tenace… et en dehors de ça j’ai mené ma ptite enquête directement auprès des groupes signés et non signés, rien de plus efficace pour faire le choix final…
2. Great Dane doit être le premier label français que j’ai sollicité tout simplement parce que j’adore la plupart de leurs groupes : en tant que fan de old-school, Carcariass et No Return en tête et pour le reste, y a vraiment rien à jeter. Ils sont clairement dans la qualité avant le côté « business is business », clairement orienté dans un style et ne mangent donc pas à tous les râteliers, ce qui pour moi est très parlant d’emblée. Pas de frime juste un projet à taille humaine.
3. Ce sont les seuls qui m’ont passé un coup de fil, et donc établi d’entrée un contact humain, alors qu’ils avaient reçu l’album à l’état d’ébauche, eux… Les autres n’ont soit même pas pris la peine de répondre, soit m’ont pris pour un poulet de quinze jours me faisant miroiter un succès sans frontières grâce à leur énorme machinerie promotionnelle (même Mac Do fait pas mieux c’est dire..) mais sans jamais se mouiller à proposer quelque chose de concret, seulement avec ou sans label on allait le sortir à la période prévue quoiqu’il arrive, personne ne décidera pour nous, on a rien à perdre…
Bref, pas vraiment évident, surtout que j’ai prospecté pendant au moins un an, par mails, envois postaux de cd promo, et même de visu, sortie de teaser de l’album, « clip » d' »Engender of confusion » (ah bon ça suffit pas ?? ben merde !)… Le truc c’est que les mecs se prennent souvent pour ce qu’ils ne sont pas et te donnent l’impression de te ramasser dans le caniveau… Une fois qu’ils comprennent que t’en à rien à carrer de leur business et que toi tu comptes pas sur la musique pour bouffer, ça joue les offusqués, les dénicheurs de talents qui veulent te donner une leçon en te faisant comprendre qu’une telle chance ne se refuse pas, ça te traite de star ahahahahah … l’absence de dignité absolue…


Magic Fire Music : Je suppose et j’espère en tous les cas que vous êtes en préparation de concerts pour l’année qui commence, et dans ce cas comment se passe les répètes si répètes il y a ? Parce que inviter des gens à jouer  des morceaux que l’on a écrit intégralement peut demander parfois de la retenue quant à la manière d’indiquer  l’interprétation que l’on souhaite et l’interprétation que  certains peuvent leur donner eut égard à leur propre style qui peut ne pas correspondre à l’idée que le créateur se fait de la musique qu’il a écrite…

Polo : Rien de tout ça, il manquerait plus qu’en plus de ne pas facilement trouver de musiciens motivés on traite les potentiels postulants de façon tyrannique ! On a des années de musique dans les pattes et avons vus des centaines de concerts, donc on sait ce qui marche étant des 2 côtés de la barrière. Et ce n’est pas une note un peu « free style » qui va changer la donne. Les répètes sont à l’image de ce que tente d’inspirer le CD, la passion par le coeur… Pas d’efficacité sans symbiose, motivation, plaisir, partage (rarement)… Ca se passe donc pour le mieux, pour autant le line-up sera officialisé en live, ce qui récompensera le travail accompli, c’est un graal que je convoite depuis trop longtemps et pour lequel je suis conscient de sacrifier une grande partie de ma vie et de mes espoirs, c’est donc le deal désormais car tout se mérite, et je ne m’encombre plus de belles paroles, les années filent et j’ai donné…
 

Magic Fire Music : Bon et juste pour les groupies qui ont la collectionnite est-ce que t-shirts il y aura ?

Polo : Quelle question ??!! bien sûr mais quand … ça … 
 

Magic Fire Music : Allez c’est la fin de ce questionnaire inquisiteur, j’espère que beaucoup de gens apprécieront la musique de Architect Of Seth comme il se doit, avec profondeur en tous les cas, je souhaite à ce projet, aux autres projets que vous puissiez avoir Yohann et toi, le meilleur, continuez comme ça car c’est cet état d’esprit musical qui fait que notre scène metal est magnifique…Je vous laisse bien évidemment clôturer…

Polo : Normalement ça n’a pas de sens de remercier quelqu’un pour sa passion mais bon par les temps qui courent c’est un devoir… merci Arch. A bientôt sur la route !
Yohann : Que rajouter… merci pour ton soutien et de contribuer à l’évolution de l’histoire d’AOS !

 


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Interview  : Fleshdoll Avec Bastich (Chant)
Date : 24 Janvier 2014
Par : E-Mail
 
 
 
 
 
 

Pas besoin d’y aller en tortillant du cul, les Toulousains de FLESHDOLL ont sorti récemment leur meilleur et troisième album. Entre précision chirurgicale et arrière goût de death trad aux contours même presque grind par moments ce « Feeding the pigs » est d’autant plus bon que sa sortie s’est accompagnée d’un format vinyle de toute beauté…Après une tournée atypique mais asiatique, le combo armé pour l’instant du golgoth Samuel (ex-Gorod) à la batterie a de l’énergie à revendre, en pleine promo de ce petit bijou, Bastich (chant) a pris le temps de répondre à quelques questions….





Magic Fire Music : Salut à toi, merci de répondre présent à cette interview, pour commencer il est bien évident qu’on va parler un peu du line-up, car au départ Samuel était annoncé plus ou moins comme étant venu en aide au groupe pour les batteries et il s’avère qu’aujourd’hui il est membre à part entière du groupe…Alors bien sûr qu’il aurait été difficile de dire non eut égard à ses capacités et son « pedigree », qu’est-ce qui a motivé son intégration complète même provisoire,  dans Fleshdoll, et au delà de ça quel est votre relation amicale en fait finalement vu qu’il est de Toulouse ?

Bastich : Salut le barbare ! C’est parce qu’on s’inspire de Spinal Tap, tu sais la malédiction du batteur qui disparaît/meurt/se barre ou se fait virer ! D’ailleurs on devrait se faire un petit stone-edge en carton qui descendrait au milieu de notre set… à méditer !

Sam nous dépanne en attendant qu’on trouve quelqu’un qui fasse le job aussi bien, ce dépannage dure depuis 2011, et tant qu’il est dispo on est bien content de l’avoir avec nous. C’est un musicien exceptionnel par son jeu et par sa culture Metal. Humainement i l est insupportable et déprimant comme tout le monde le sait, mais on fait avec… haha ! Ça fait une dizaine d’années qu’on est amis, on se marre ensemble. Faut savoir que malgré les changements de line-up dans Fleshdoll, le point commun de ceux qui sont restés plus de 6 mois avec nous c’est une bonne dose d’humour et d’autodérision. C’est assez indispensable pour supporter les tempêtes d’excréments qui nous tombent régulièrement sur le museau et les conditions parfois rudes de tournées.


Magic Fire Music : Troisième album pour le groupe, on a la sensation que c’est un peu celui de la « consécration », tout en restant relatif car on parle de musique metal, death qui plus est, et par dessus tout, nous sommes en France, ce qui malgré tout laisse percevoir certaines difficultés à surmonter….Bref,on a l’impression que tout a été « complémentarisé » en plus d’être réfléchi, car la signature avec Great Dane qui aujourd’hui a une certaine respectabilité, Samuel à la batterie, El mobo qui vous a donné « un son », cette pochette vraiment personnelle très grind de surcroît, cette évolution musicale…Est-ce que vous aviez prévu d’une manière stratégique de conjuguer tout ça, ou ça s’est fait plus ou moins progressivement en fait ?
 
Bastich : Bien vu de ta part, et un début d’explication de cette confirmation (on garde la consécration pour le prochain peut être ? mouhaha !) vient de notre volonté d’enfoncer le clou pour Feeding The Pigs qui est donc le troisième album, après 10 ans d’existence. Donc chronologiquement, après le départ de notre excellent manager Loic Leymeregie qui a contribué à nous remettre sur les rails, on a commencé par créer notre asso Sweet Apocalypse pour gérer indépendamment ce que les labels ne peuvent nous fournir à notre niveau, puis nous avons souhaité une production impeccable et un visuel percutant. On cherche à jouer un maximum et si possible devant un public passionné et si possible connaisseur.
On n’est pas des rock stars, on fait du Death Metal sans se soucier des tendances ou de ce qu’il est de bon ton de faire ou pas, certains apprécient cette authenticité. Et d’autres nous reprochent de ne pas faire du Core quelque chose, ou de ne pas assez expérimenter, à ceux là je réponds : ne prenez même pas le temps d’écouter Fleshdoll, ni le nouveau ni le prochain !
Je n’analyse pas plus que ça, on a composé avec les mêmes intentions que sur Animal Factory (2010), poussés par la rage des  mésaventures rencontrées entre 2008 et 2012. La complicité des deux guitaristes et moi a suffit à créer une « logique » entre les chansons. Le talent de Sam et de Mobo a fait le reste, sans parler des fous rires qu’on a eu en travaillant avec eux. 
 

Magic Fire Music : Je poursuis sur cette évolution musicale, c’est vrai que vous avez affiné votre death metal, avec plus de technique plus d’intensité en fait…Tout d’abord, est-ce que l’arrivée de Samuel à changé la donne par rapport à ce que vous aviez pu déjà écrire avant qu’il ne soit là ?
Je veux dire que lorsqu’on écoute « Collateral murder » son style rappelle Gorod ce qui donne cette espèce de teinte similaire aussi à la chanson elle-même…Donc a-t-il retouché les bases des chansons au final pour participer dans une certaine mesure à l’évolution musicale du groupe ?

 
Bastich : Je ne vois pas d’évolution musicale de mon point de vue. On a vraiment essayé de coller au même « esprit Fleshdoll », sans volonté de transcender les précédentes chansons en dehors de la production.
Je crois que Collateral Murder ou The Wolf surprennent un peu parce qu’elles ont été entièrement composées par Pat (guitares) et qu’on les a très peu retouchées en répétition. Ce mec est un virtuose, la guitare prend beaucoup de place dans ce qu’il écrit, un peu comme dans Gorod peut être ?
Sam a été très occupé avec Gorod pendant qu’on écrivait l’album, il est arrivé directement en studio et certains morceaux n’avaient pas été répétés avec lui. Son jeu de batterie est unique et bien reconnaissable, d’où la comparaison ?  
On a commencé à travailler sur la suite, il me tarde de maquetter ça et voir ce que ça donne.
 

Magic Fire Music : A côté de ça tu vois, on sent bien que Fleshdoll est devenu plus technique en approfondissant des saveurs old school, très roots, et presque grind parfois…Le grind c’est un style qui vous parle ou pas ?  Parce que même dans cette pochette signé Mat-digital-art on peut se dire que vous avez voulu vous rapprocher de cet esprit plus libertaire que peuvent avoir certains groupes de grind…D’ailleurs ce mec en uniforme laissant penser à quelqu’un des forces de l’ordre et cette tête de cochon sont sensées représenter quoi objectivement dans votre idéologie première ?
 
Bastich : Pendant les sept premières années après notre premier concert, Fleshdoll jouait Greed Killing de Napalm Death en ouverture de certains concerts ou en rappel. C’est un groupe qui fait l’unanimité chez nous. On a aussi joué avec Blockheads, Mumakil, qu’on aime bien. On écoute aussi du Rotten Sound, Brutal Truth, Sayyadina, et j’en oublie.
Pour la pochette, je vois ce que tu veux dire, le fait de mettre un personnage central fait assez revendicatif par rapport à la tradition Death, de paysages morbides, ou d’ambiances sataniques.
Pig est synonyme de Flic en anglais, la vision libertaire de dénoncer l’officier avec une tête de cochon ne me déplait pas.
 

Magic Fire Music : Parce que même si souvent les auteurs aiment à ce que les auditeurs puissent faire leur propre interprétation des paroles, lorsque ces mêmes auteurs écrivent ils ont leur raison et ce qui m’intéresse de savoir…pas ce que peuvent en penser les gens, c’est pourquoi l’auteur a écrit cela, alors qui sont les porcs et qu’est-ce qu’on leur donne à manger pour toi ?
 
Bastich : Haha ! bien tenté mais je ne suis ni un poète ni un écrivain alors je préfère parler de mes textes en buvant des coups le coude au comptoir. On se fait ça quand tu viendras nous voir en concert ? 
Pour aller dans le sens de ta question, tu vois déjà que la pochette renferme assez de détails pour être perçue différemment. Par exemple, l’uniforme et la tête de porc t’ont marqués mais tu as moins relevé le brassard avec la croix sur la veste du personnage et le bestiaire au dos du digipack et du vinyle.
 

Magic Fire Music : Bon dernier abordage sur votre évolution, il y a des choses qui m’ont paru vraiment nouvelles dans ce « Feeding the pigs », ce sont les incursions presque jazzy comme sur « Ecstatic random carnage ». Ce genre de petits passages offrent à l’album cette fraicheur et cette différence des deux premiers albums, est-ce que ce sont vos propres écoutes qui vous ont fait insérer ces segments ou c’est plus une volonté de ne pas rester immobilisé, enfermé dans un style qui s’était étalé sur deux albums par crainte de ne pouvoir vraiment proposer autre chose sur le long terme ?
 
Bastich : Difficile de prendre assez de recul pour donner mon avis. De mon point de vue on a toujours glissé des éléments étrangers dans nos albums. Comme le titre lancinant Frag Song sur W.O.A.R.G (2005) ou l’épique Go Dig Your Grave In The Sand sur Animal Factory avec son sample orientalisant et sa fin hypnotique.
On a aussi toujours ponctué les albums d’instrumentaux courts, détonants et servant de respiration en milieu de parcours.
Je crois que le fait d’être mieux mis en valeur par la production de Mobo fait la différence et marque plus les esprits.
 
Magic Fire Music : Si on peut parler un peu de Sweet Apocalypse, qui est votre asso créée pour le groupe et qui a permis bien sûr la tournée au Japon sans doute appuyée par Samuel et le contact Mehdi qui est là-bas depuis un moment je suppose, mais aussi de la sortie en vinyle de l’album….
Le revival vinyle est quelque chose qui s’est accéléré ces derniers temps, certains en sont même à rependre le format cassette…Bref, qu’est-ce qui vous a poussé à sortir « Feeding the pigs » en vinyle ? Il est vrai que le choix de la couleur du Lp lui-même est divine, ça donne envie de l’avoir comme celui de IMPUREZA, c’est un marché qui vous semble florissant aujourd’hui ?

 
Bastich : Sweet Apocalypse nous a permis d’avoir une existence légale pour se faire plaisir et ne pas se suffire du Digipack sorti par Great Dane Records. Le vinyle est une édition limitée à 200 exemplaires qui nous a coûté cher mais qu’on voulait surtout pour notre collection personnelle. Ca se fait de plus en plus et tant mieux comme ça on peut trouver facilement des devis pour le réaliser. Par contre, je ne peux pas dire si c’est un marché florissant ou pas parce que je n’ai que l’exemple de Fleshdoll et nos ventes ne nous permettent pas de faire du profit, même pas du tout !
On ne se fait pas d’illusion sur la rentabilité d’un groupe de Death, on va continuer à avancer sans prétention, prenant un maximum de plaisir, et dépenser quitte à froisser parfois un peu la sensibilité de nos banquiers ou de nos familles, haha !
 

Magic Fire Music : Et donc cette tournée au Japon, ça a donné quoi, au delà du souvenir impérissable, comment avez-vous trouvé le public japonais, surtout pour ceux qui ne vous connaissaient pas ?

Bastich : Le public japonais a été emballé par nos concerts, on a joué devant des fans à fond et avec une culture Metal assez solide. En discutant avec eux on a vu que ceux qui faisaient le déplacement étaient bercés de groupes old-school qui nous influencent beaucoup. La présence de Vomitory sur l’affiche n’y est certainement pas pour rien.
On a pris du bon temps sur la tournée, avec la complicité des autres groupes comme Beyond Creation, des organisateurs et des gens rencontrées dans chaque ville.
Les salles étaient parfaitement bien équipées, ce qui nous a permis de jouer tous les soirs dans de bonnes conditions techniques, même dans les plus petits clubs de Sendai ou Shizuoka. Le final à Tokyo a été dantesque, concert complet, public déchaîné et en after  petite nuit blanche à Shibuya avec tournée des bars.



 

Magic Fire Music : Je reviens juste encore un fois sur le vinyle, pourquoi ne pas avoir inséré les paroles, un feuillet lorsqu’il n’est pas celui du rangement du 33t lui-même , en noir et blanc ne reviens pas plus cher qu’autre chose non ? Puisqu’elles sont dans le digipack….
 
Bastich : C’est pour une raison financière, on fait tout ce que notre budget nous permettait. C’est pour cela que lorsqu’on commande le vinyle sur notre bandcamp, on reçoit en plus les chansons en mp3 avec les paroles (aussi disponibles sur le lecteur bandcamp).
 

Magic Fire Music : Souvent, on peut lire El mobo pour le mastering, El mobo pour le mixage…vous avez fait appel à ses services pour l’intégralité du travail à effectuer, cette marque de confiance vient d’où ?
C’est la première fois qu’il faisait cela pour un vinyle également non, est-ce que ça change quelque chose ou pas ?

 
Bastich : Oui c’était son premier mixage spécial vinyle et il en était content !
On avait envie de faire appel à Mobo suite à ses productions précédentes comme Minushuman ou Eryn Non Dae. Loic (notre manager) le connaissant il nous a conforté dans ce choix.
Ça a été une expérience excellente, il a une bonne écoute, ses conseils sont perspicaces et il est drôle, what else ?
 

Magic Fire Music : Lorsque l’on voit l’engouement que peuvent avoir certains aujourd’hui concernant votre troisième album, qui est également pour moi le meilleur, je suppose que ça fait plaisir…Est-ce que vous vous disiez « il était temps, après dix ans de « travail », enfin on nous reconnaît » ?
 
Bastich : Je ne sais pas. Quand on a reçu l’album mixé, juste avant le mastering, on s’est bien dit que ça allait méchamment botter des culs quand même ! mouhaha !
Ces dix années ont été remplies de bonnes surprises et de très mauvaises. Ces dernières nous ont énormément ralenti mais le vent a bien l’air d’avoir tourné et ça nous va. On est bien accompagné et solidement conforté dans l’envie de persévérer.
 

Magic Fire Music : D’ailleurs qu’est-ce que tu, que vous attendez réellement de Fleshdoll,  2014 la scène est tellement dense, et même en qualité, les groupes sont legion….Je me doute bien que vous ne vous attendez pas à être les Morbid Angel du death français, mais en plus d’être un exutoire, aujourd’hui Fleshdoll c’est quoi ?
 
Bastich : Je n’ai jamais su pourquoi on ne se contentait pas de reprendre des morceaux connus, qui sait d’où vient l’inspiration et le besoin d’écrire de la musique et des paroles ? On crache ce que l’on a dans les tripes, et on essaie de prendre du plaisir. Et quoi de plus excitant que de partir sur la route, raconter un maximum de conneries, monter sur scène, faire la fête et des rencontres? I know it’s only rock’n’roll (but I like it).
 

Magic Fire Music : Je ne ferai pas de polémique mais en fin d’année le fait que votre album ait été dans le référendum du meilleur groupe français sur vs-webzine a suscité quelques vives réactions de la part de ceux qui ne vous connaissaient pas, de ceux qui dénonçaient du « copinage »…Je ne pense pas que cela vous soit passé à côté,car lorsqu’on parle du groupe dans lequel on joue, on s’intéresse un peu à ce qu’il se dit non ? A moins de s’appeler Metallica et donc qu’est-ce que vous en avez pensé de tout ça, de votre présence dans ce référendum, des avis donnés, positifs ou négatifs j’entends bien ?
 
Bastich : On faisait de la musique avant le développement d’internet, on sait qu’il faut trier ce qu’il se dit sur la toile car aujourd’hui n’importe qui peut donner son avis. Cette liberté permet au premier gland venu de parler de tout sans se soucier de se renseigner avant. Un mec non enregistré sur le Webzine nous insulte gratuitement, en quelques mots, sans argument, sans connaitre ni avoir écouté la musique… est-ce nécessaire de répondre? 
Nos fans se sont mobilisés aux deux tours pour qu’on soit finaliste, c’était une bonne surprise, merci à eux!
Certains ont critiqué le fonctionnement du référendum, d’autres anonymes nous ont craché dessus mais des membres enregistrés ont rectifié leurs propos incultes. Est-ce que les mecs qui se font plaisir derrière leurs claviers tiendraient les mêmes propos si on se croisait au bar? Non, ces mecs ne vont pas au bar… et vu leur connaissance du milieu underground français, peu de chance qu’ils aillent souvent aux concerts. Qu’ils viennent nous voir sur scène juste une fois pour bien botter leurs fions coincés!! Mouhahaha!
Du coup, il vaux mieux en rire et savoir qu’ils ne feront jamais la pluie et le beau temps. 


Magic Fire Music : Bon on peut voir aussi que la promo a l’air d’être pas mal, je pense notamment au fait que vous soyez placés sur des dates avec Loudblast et Benighted, c’est toujours intéressant de jouer devant plus de monde lorsque l’on suit des groupes qui ont une certaine notoriété, hormis ça, est-ce que l’année 2014 sera longue en déplacements ou pas ? Et est-ce qu’aussi vous arrivez depuis la sortie de « Feeding the pigs » à négocier des choses beaucoup plus intéressantes pour le groupe ?

Bastich : On attend avec impatience ces dates, on a déjà joué avec les Loudblast en 2011 et on connaît personnellement certains musiciens, puis Sam les a dépanné quand Hervé tournait avec BlackbombA. Ça promet une ambiance rock’n’roll parfaite pour Fleshdoll.
Actuellement nous avons plus de facilité à trouver des tournées à l’étranger plutôt que des concerts en France. Ici les orga sont encore frileuses avec nous mais les chroniques de Feeding The Pigs commencent à sortir et ça devrait changer la donne.
Pour l’étranger on étudie des possibilités en Russie, Suisse, en Algérie et en Asie. L’album sera aussi distribué aux États Unis et en Allemagne à partir d’avril, Feeding the Pigs marche déjà bien en distribution digital dans ces pays, ça enfoncera le clou!


Magic Fire Music : Cela signifiera-t-il aussi quelque part plus de sacrifices, plus d’efforts consentis pour le  groupe au détriment peut-être du cocon familial pour ceux qui sont en couple et qui ont des enfants je veux dire ? D’ailleurs cela pourrait changer pas mal ce que vous avez vécu depuis ces dix années finalement non ? Attendu que le nom de Fleshdoll n’était pas sur toutes les lèvres, cela limitait un peu les efforts à faire…

Bastich : On a déjà des vies un peu en marge par nos métiers. Je bosse pour un orchestre symphonique qui tourne beaucoup, Chili travaille pour l’aérospatial, Pat et Sam se consacrent à la musique.
Ça ne change pas beaucoup le quotidien de caler des tournées avec Fleshdoll.
Mais c’est vrai qu’avoir un groupe actif demande des compromis avec les métiers, les familles et il vaut mieux être entourés de gens compréhensifs!


Magic Fire Music : Je suis personnellement un grand fan des choix musicaux de Great Dane Records, donc forcément cette question était inévitable…sans faire de détours, ni de raccourcis, le choix qui s’est porté sur le label est bien sûr le fruit d’une réflexion mûrie qui , je n’en doute pas, qui conjugue beaucoup de choses…Mais qu’est-ce qui vous a attiré vraiment, le côté humain ? Le réseau de distribution du label ? La promotion ? Sincèrement, vous attendez quoi en fait d’un label, de ce label parce qu’après dix ans et une première autoprod, vous auriez pu en sortir une seconde, puisque Sweet Apocalypse a servi pour le vinyle ?
 
Bastich : Ce que l’auto-production ne fait pas aussi efficacement c’est la distribution. Le label obtient régulièrement de nouveaux contrats à l’étranger.
Great Dane records est une histoire de passionnés, le boss Raphael a voulu re-éditer les albums de Carcariass, qui étaient tombés dans l’oubli, il soutient Carnal Lust et No Return qui sont deux formations trop sous-estimées en France d’après-moi. On voit bien que ces choix sont authentiques et Fleshdoll trouve naturellement sa place dans le tableau. Je nous imagine une tournée avec No Return/Carcariass et Carnal Lust, ça ferait mal, non?


Magic Fire Music : Avant de nous séparer, j’ai une question spécifique : vous avez enfin trouvé le sens de la vie….Quel est-il pour vous ? Est-ce que votre séjour au pays du soleil levant y est pour quelque chose ?

Bastich : Justement oui, cette question tombe très bien parce qu’au détour d’un temple shintoïste nous avons enfin trouvé le sens de la vie et c’est tout simplemeaaaaaaaaaaaargh….. 


Magic Fire Music : Voilà, j’ai fini avec mes questions, merci d’y avoir répondu avec attention et de manière développée, je souhaite à Fleshdoll de  perdurer aussi longtemps qu’il sera permis de le souhaiter, et comme d’hab, c’est pas moi qui finit ce dernier paragraphe, à bientôt sur la route peut-être….
 
Bastich : Merci pour tes questions bien documentées. A bientôt oui, Fleshdoll a repris du poil de la bête et n’est pas prêt de se laisser abattre!
 

  • Groupe : Brutality
  • Album : Ruins of Humans
  • Sortie : Février 2013
  • Label : Ceremonal Records
  • Style : Death Metal
  • Site Web : www
  • Note : 15/20

 


1993 « Screams of anguish » : Tuerie.
1994 « When the sky turns black » : Dépeçage intempestif
1996 « In Mourning » : Grosse biffle
1996-2012 : Branlage de couilles, disette, traversée du désert, Tour du monde à la voile, vente à la sauvette, compile pour bals musette…..

Et là 2012, grand retour des américains, le line-up de « Screams of anguish » qui se reforme et reprend le chemin de la composition, tel qu’ils l’avaient laissé à l’époque…
Quoi de mieux qu’une réunion d’anciens combattants pour re-balancer une purée death metal de tradition américaine avec les rythmiques et la production qui vont bien ?

En effet, une production qui va bien, parce que pour ne pas rompre avec la coutume floridienne, c’est évidemment vers Jim Morris et le Morrisound que BRUTALITY s’est tourné. Celui qui s’était occupé des trois albums avec le son de toute une époque. Celui qui a dirigé une bonne palanquée de groupes vers le firmament étoilé de la galaxie du death metal. C’est donc encore une fois vers l’homme de la situation pour un retour remarquable qu’il fallait se diriger et BRUTALITY n’a pas manqué son coup.
Couleurs sépia, avec des guitares noires où un voile de soie vient à peine feutrer le son, le tout sur un coulis de batterie chaude où trigs et autres surabondances d’effets ne viennent pas dégueulasser le travail de composition en remplaçant l’inspiration par la poudre aux yeux technique pour endormir un auditeur déjà zombifié par les centaines (de milliers?) de sorties insipides…

Alors que l’on se satisfait du travail réalisé par le Morrisound, il ne faut pas s’arrêter à cela uniquement. BRUTALITY renoue avec ses amours d’antan en revenant aujourd’hui ; parce que c’est le logo de « Screams of anguish » et de « When the sky turns black » qui est mis à l’honneur pour bien rappeler au fan que c’est cette époque là qui l’a marqué le plus.
Mais également parce qu’avec un artwork et un lay out signé Art Hammer (Death Hammer Graphix) qui a auparavant bossé avec Criminal Element entre autres, on sent bien que c’est pas pour ramasser les pâquerettes sur le bord de la route ou boire le thé à la maison de retraite que BRUTALITY s’est reformé.

Ça pue la mort, ça pue la crasse, ça pue la haine et c’est morbide. Du death metal en fait, avec l’étiquette d’origine, celle qui colle tellement au boîtier, noircie par les doigts graisseux, qui sent la clope et qu’on arrive plus à décoller.

Tradition sonore, tradition visuelle, ce Ep est bien trop court pour les connaisseurs, pour les amateurs de BRUTALITY, parce qu’il ne comblera pas toutes les années de silence…
En plus deux titres c’est vraiment très peu, mais si l’on considère que c’était pour tâter le terrain, la prise de risque est minime comme ça pour le groupe, démarche au final, intelligente.
En attendant, même si l’on peut profiter uniquement que de ces deux seuls titres, BRUTALITY ne s’est pas foutu de nous parce que le premier « Ruins of humans » fait durer le plaisir au delà des huit minutes, ce qui reste exceptionnel tout de même pour un titre de death metal.

Avec une introduction quelque peu classique , se voulant angoissante, on sent immédiatement que l’ambiance est plus tirée du côté de « When the sky turns black » que de leur premier album. Tout simplement parce que l’ensemble est plus posé et moins agressif que ce que l’on pouvait écouter sur « Screams… ». Sur ce premier morceau BRUTALITY joue d’entrée la carte du death metal floridien typique afin de s’assurer de la pérennité de la chose. Mais malgré tout c’est avec un brin de mélodies funèbres que BRUTALITY fait son grand retour : rythmiques lourdes ,avec plusieurs passages un peu plus mélodiques dans leur aspect death, afin de rendre l’ambiance encore plus oppressante. C’est sur des harmonies bestiales biseautées par des accélérations rappelant un peu les Deicide époque « Legion » par endroit, ainsi que l’atmosphère si cultissime d’un Cancer « Death Shall rise » que BRUTALITY a écrit ce premier titre. Les vocaux de Scott Riegel doublés comme le chant démoniaque d’un Lucifer en fin de règne, pénètrent dans nos oreilles comme de vraies litanies incantatoires en nous faisant éructer de satisfaction.
Le premier solo à 3’55 hyper speed fait son travail de grand frère pour que celui de fin de morceau à 7’00 harmonisé à la perfection et beaucoup plus mélodiquement classieux, vienne terminer le titre dans un fade out enivrant.
A ce moment là, à mi-parcours, on peut être plus que certain que ce Ep annonce quelque chose de grand à venir, et qu’il est une pierre indispensable à la discographie de BRUTALITY.
Le deuxième titre « Irreversible Broken » déjà plus court de deux minutes ressemble effectivement encore plus aux chansons qui se trouvaient sur « When the sky turns black », avec ce côté plus assuré de « In Mourning », et des riffs relativement plus basiques et coutumiers mais efficaces dans leur manière d’amener la rythmique principale. En revanche ce qui est énorme tout simplement, c’est la manière à 3’00 après le pont qui annonce ce changement justement, de repartir sur de nouvelles harmonies nettement plus rapides que ce que laissait présager le début de morceau. Des harmonies qui montrent un peu l’évolution de BRUTALITY ; le comment le groupe veut aborder maintenant son death metal tout en renouant avec le passé.
Et cette nouvelle approche entre les bagages qu’il possède déjà et ces espèces de solos harmonisés, mélodiques, et divinement inspirés, laisse apercevoir un BRUTALITY au plus haut de sa forme.

Alors effectivement on pourra dire « ouais bof c’est classique »….Mais oui c’est classique, mais lorsque l’on dit de quelque chose que c’est un « classique », cela sous-entend que c’est une valeur sûre, une référence, quelque chose de culte et de connu. « Ruins of Humans » c’est du BRUTALITY de papa et de maman, ça sent bon le mur porteur du death metal dans la maison metal extrême. Et même s’il ne dure que quatorze minutes, écouter du death metal écrit comme celui-ci c’est du bonheur en puissance…
Espérons seulement que ce n’est pas pour nous laisser en plan dans quelques mois et que c’est bien pour pondre un successeur à « In Mourning »…


 

 

Tracklist:
1.Ruins of Humans
2.Irreversibly Broken