Archives quotidiennes : 8 août 2016
Salut ! Après trois ans d’absence, tu es content de revenir au Hellfest ?
Raph : Ah oui ! Bon moi quoi qu’il arrive je viens tous les ans, mais c’est vrai que jouer ici à nouveau ça fait trop plaisir ! C’était bien énorme !
Par rapport à Matière Noire, que signifie ce titre ?
Raph : Je ne sais plus comment c’est venu … En fait Yann avait cette idée de pochette avec cette matière noire qui coulait sur un visage, et Mouss avait un texte ou il y avait « matière noire » dedans, donc ça collait, tout simplement. Je n’ai pas du tout envie de parler de politique ce matin, après une nuit blanche, mais l’idée c’était la masse manquante dans le débat. Tous les gens qui ne sont pas représentés actuellement par nos chers hommes politique, voilà.
Et pour toi c’est quoi cette matière noire ?
Raph : Alors pour moi … Je parle pour moi hein, rien que pour moi. Pour moi c’est tout ce qu’on nous rabâche à longueur de temps, tous ces trucs négatifs, la peur, on est gouvernés par la peur en fait, ça fait flipper tout le monde alors que certes le monde va mal, mais il ne va peut-être pas non plus si mal que ça.
Quelle a été la principale inspiration pour cet album ? Au niveau musical comme au niveau du reste.
Raph : Comme d’habitude, tout ce qui nous passe par la tête. Il n’y a pas de plan précis, c’est comme ça vient. Bon on savait que cet album-là serait plus metal, on voulait ça. Mais encore une fois, on le dit à chaque album mais on « affine notre recette » au fur et à mesure. On voulait un truc encore plus taillé pour le live, car c’est ça notre truc de toute façon. On voulait faire des grosses ambiances avec des parties bien lourdes, tu vois le genre. Des parties bien dansantes, bien heavy, c’était ça le truc. Mais bon, c’est selon ce que Yann ramène comme riff en fait. On ne se dit pas « on va faire ça comme ça ».
Pourquoi avoir décidé de sortir un DVD live pendant la promo de l’album ?
Raph : Le concert du Trianon était bien mortel et il y avait ce soir-là une équipe de L’Enorme TV qui filmait pour diffuser le live à la télé, et quand on a vu les images, la folie que c’était, l’accueil du public, on s’est dit que ce serait bien de le sortir. Il y avait de la demande en plus. Là d’ailleurs, pour l’instant il est en édition limité, mais il y a énormément de demandes là. Je ne sais pas encore comment on va faire ! (rires).
Comment avez-vous choisi votre nouveau bassiste ?
Raph : Vince est partie vraiment dans la première partie de la tournée et il nous a annoncé ça de manière un peu brutale, donc il a fallu faire vite. Yann connaissait Thomas, il savait qu’il irait vite et que ça le ferait avec lui, donc voilà. En fait on n’a essayé personne d’autre, on a vu avec lui et ça a collé tout de suite. Il est arrivé il connaissait déjà tous les morceaux, il joue dans un autre groupe, c’est un super zicos … Au début on se demandait s’il resterait ou s’il allait juste nous dépanner, il disait « je peux rester jusqu’au mois de mars / avril mais c’est tout », et il est toujours là, donc je crois qu’il va rester un peu. Parce que ça se passe vraiment trop bien.
Que signifie le pseudo Atom Mass ? Est-ce une combinaison de Mass et Thomas ?
Raph : Exactement. Ça veut dire Thomas. Il n’y a rien de mystique ! (rires).
Comment s’est faite l’intégration de Fred ?
Raph : Bah tu sais Fred on le connait depuis 20 ans, donc ça s’est fait tout seul. Ça fait quatre albums qu’on fait avec lui, il nous connait par cœur, on le connait aussi … C’est pareil, quand Nico nous a dit qu’il arrêtait, on a appelé qu’une seule personne en fait. Déjà en 2007 on lui avait proposé mais il ne pouvait pas à l’époque, du coup c’était Nico qui était venu, donc là on lui a dit « bon, tu fais quoi ce coup-ci ? » et il nous a répondu « bah j’arrive ». Donc ça se passe très très bien.
Vous avez une constante à un album tous les deux trois ans … Peut-on en espérer un autre dans deux ans ?
Raph : Oh oui je pense ! Ouais c’est bien parti pour en tout cas. On commence à en parler. Je ne sais pas quand est-ce qu’on va commencer à composer, mais je pense dès début de l’année prochaine. On sera quoi 2017, oui je pense que peut-être 2018 ça devrait le faire.
Où est-ce que vous aimeriez jouer ? On n’a encore jamais vu Mass aux USA !
Raph : Ah bah ça c’est compliqué, notamment à cause du fait de chanter en français. Mais oui effectivement, j’aimerai bien y faire un tour. Après, il y a plein d’endroits où on aimerait aller, le Japon par exemple. Même la Chine aussi. Il y a plein d’endroits où la scène metal se développe. Mais moi de toute façon j’ai envie d’aller partout (rires).
Mass est programmé pour le Main Square, il y a quand même un sacré décalage avec les autres groupes … Comment en êtes-vous arrivés à jouer là ? Et qu’est-ce que ça te fait ?
Raph : Ils nous ont invités, et moi je trouve ça très cool justement d’avoir fait le Download et le Hellfest où tu ne peux pas faire plus metal, et après d’être invités sur des fests plus généralistes. Ça fait longtemps que ce n’est pas arrivé pour nous, donc je trouve ça très bien. Je suis très content de jouer que ce soit avec Louise Attack ou Nekfeu et j’en passe. Nous on fera ce qu’on a à faire, après ça plaît ou pas, mais je pense qu’on peut gagner encore du public. Il ne faut pas se brider.
Quel était ton ressenti lors du passage de Mass à la première édition du Download Festival français ?
Raph : C’était d’enfer. C’était vraiment génial. Je ne m’attendais pas, on ne s’attendait pas à un tel accueil. Pareil, ça s’est fait petit à petit. Les gens sont arrivés doucement et à la fin c’était plein, ça gueulait Mass Hysteria dans tous les sens. Il y avait une pure ambiance quoi, c’était très cool.
T’as eu le temps de voir des groupes là-bas ?
Raph : J’ai vu seulement Rammstein, Megadeth et Korn un peu, mais sinon tu sais quand tu es sur les fests tu connais 50 personnes, tu croises du monde tout le temps donc même quand tu veux aller voir un truc tu parles tout le long puis paf, c’est fini … Donc voilà. En plus, j’ai tendance à préférer voir les concerts en salle. Là il y a vraiment beaucoup de monde et ce n’est pas évident d’accéder aux scènes. Hier soir pour Rammstein c’était l’enfer !
Je te le fais pas dire !
Raph : Ouais c’était insupportable ! Je pense que ça va être plus cool ce soir et demain. Encore que demain non parce qu’entre Slayer, Ghost, Gojira, Megadeth et Black Sabbath, ça va être un beau bordel.
Une des raisons pour lesquelles je plante ma tente à la Altar et à la Temple !
Raph : Ah pour te dire je ne suis même pas encore allé voir ces deux scènes. Pareil pour la Warzone, il paraît qu’elle est refaite et qu’elle est super belle et je n’ai même pas encore vu le résultat.
Et qu’as-tu pensé de l’initiative du Wall Of Death lancée sur Facebook ?
Raph : C’était carrément génial ! J’ai adoré l’idée ! Surtout que c’est les gens qui ont fait ça quoi. Des fois à la fin des concerts on disait « rendez-vous au Hellfest » tout ça, et ils nous ont écouté, et franchement il était réussi le Wall Of Death. Ça allait loin ! (rires).
Bon en tout cas l’album est excellent, le show d’hier l’était aussi … Je te laisse le mot de la fin pour conclure cette interview en beauté.
Raph : Ben merci, merci d’être là, et que ça continue comme ça !
Salut Kemar ! Comment tu vas ?
Kemar : Pas mal et toi ?
Très bien ! Contente d’être ici avec toi, c’est cool ! No One vient de sortir un excellent DVD live du concert à la Cigale qui a marqué les esprits (ndlr : le concert avait eu lieu très peu de temps après les attentats du 13 novembre).
Je ne suis pas étonnée par le choix de la salle, connaissant ton amour et celui du groupe pour la Cigale …
Kemar : La Cigale c’est notre jardin, comme je le dis dans le live, cette salle elle nous a vu grandir. On y a joué 8 ou 9 fois je crois, donc voilà, quand on joue à Paris, c’est à la Cigale quoi qu’il arrive. Et je pense que même si on pouvait faire plus gros, on ne changerait pas, c’est la Cigale qu’on veut. On a l’impression que quand on joue là on est à la maison. Puis tu as 1300 personnes en face de toi mais tu as l’impression d’être dans un grand club. Et il y a aussi les gens de la Cigale qu’on aime beaucoup ! Les gens qui s’en occupent, notamment Corinne.
La date du show étant programmée à l’avance, les évènements tragiques du 13 novembre se sont donc imposés le jour du concert … Comment as-tu vécu ça ? Le groupe avait-il pensé à annuler le concert ?
Kemar : Oui, ta date est programmée le 30 novembre, tu ne t’attends pas à ce que 15 jours avant tout cela arrive. Et pour l’annulation, nous ou n’avait pas pensé à annuler et on ne voulait pas. Mais il y a des gens qui eux y ont pensé oui. Notamment la préfecture, et tout ce genre de chose. Tout simplement parce que ce n’était pas Francis Cabrel qui était programmé. C’était nous. Un groupe engagé et revendicatif qui dit des choses, qui a des textes sur Charlie Hebdo, sur le Djihad, qui a aussi l’intention d’inviter les gens de Charlie Hebdo sur scène … Enfin si tu veux, on accumulait les trucs. Donc on a eu très peur que le concert soit annulé. En plus on était en pleine tournée donc pour le reporter ça allait être la merde. Et finalement, grâce à notre label, à Corinne de la Cigale, à notre tourneur, les choses se sont un petit peu apaisées. Bien évidemment on a toujours eu l’inquiétude que les gens ne viennent pas. Mais je pense en réalité que les gens avaient besoin de ce concert autant que nous. Nous déjà on avait besoin de jouer chez nous. Et malgré tout, dans nos têtes le jour du 13 novembre, ce concert s’est inscrit comme un concert de résistance pour la liberté d’expression, pour la laïcité.
C’était une de vos manières parmi tant d’autres de vous révolter en quelques sortes.
Kemar : Oui voilà, c’était une manière de se révolter. Mais déjà la tournée en elle-même était une manière de se révolter aussi, sur plein de choses. Si tu veux c’était un concert particulier par rapport à ce qui s’est passé, mais ce concert est surtout marqué par la résistance, sa symbolique est la résistance. Et c’est aussi ça l’ADN de ce groupe depuis 20 ans. Il fallait également que les gens de Charlie Hebdo montent sur scène, ils ont tellement été absents dans le monde de la musique. Le monde de la musique a tellement été lâche je trouve … Et notamment les artistes populaires, lâche de ne pas les avoir soutenus comme ils auraient dû … Ou alors de ne pas avoir organisé un grand concert ou même plusieurs concerts en France pour les défendre, pour défendre ce qu’ils ont fait et apporté, ce qu’ils ont vécu … Je trouve que nous à notre niveau, c’était le seul truc qu’on pouvait faire. Et d’ailleurs on s’est dit, si on ne les invite pas à La Cigale, c’est une faute professionnelle.
J’imagine que la réaction de Charlie a été très positive quand No One l’a invité sur scène.
Kemar : Tout à fait, eux ils ont répondu très positivement. Mais leur agent de sécurité c’était le contraire. C’est normal, tu vois les mecs deux semaines après les attentats du 13 novembre, c’est comme une sorte de boomerang quoi pour Charlie. Donc pour eux non ce n’était pas une bonne nouvelle. Mais ils ont tellement insisté, et avec toutes les mesures et questions de sécurité qui ont été abordées, ça a été accepté. Pour te dire, l’armée dehors, des flics à l’intérieur etc., La Cigale était peut-être l’endroit le plus sécurisé de Paris ce soir-là.
Et toi, comment as-tu vécu les attentats ? Et le groupe ? Que ce soit Charlie, le 13 novembre, et tout le reste dont on parle moins mais qui existe tout autant …
Kemar : Dans notre documentaire c’est notre régisseur qui en parle, on était en concert, en plein dans le rappel et à ce moment-là il y avait « Djihad Propaganda » et « Charlie », et juste à la fin de « Djihad Propaganda » bam, notre régisseur est sur le bord de scène et reçoit un message qui dit qu’il y a eu des attentats à Paris. Il ouvre son ordi, il regarde les chaînes d’info et en même temps nous on attaque « Charlie », et le télescopage tu vois de ce que nous on est en train de jouer et de ce que lui apprend, d’ailleurs lui il avait compris que ça allait être à lui de nous annoncer tout ça, on vit tout simplement un moment tragique. Voilà toi tu sors de scène, tu es encore en transe, tu vis encore ce qui vient de se passer, et là quand on a su ça on était tous K.O quoi.
Ce n’est pas facile …
Kemar : Non ce n’est pas facile. Je ne suis pas en train de te dire qu’il y a un évènement plus important qu’un autre bien sûr. Mais là, c’est dix, quinze fois plus l’horreur, et puis … C’est des gens à des terrasses de café qui ont été touchés, c’est toi, c’est moi, c’est une salle de concert, un groupe de rock, la culture … Ça fait beaucoup. C’est trop.
Ce n’est même pas ciblé, n’importe qui peut y passer …
Kemar : C’est ça, c’est ça ! C’est des mecs qui sont dans la rue, et boum. Et là c’est très flippant.
Tu devais avoir une petite appréhension avant de jouer alors … Enfin, qu’est-ce que tu ressentais ?
Kemar : Ben si tu veux, on avait complètement occulté le fait qu’on faisait une captation. Heureusement qu’on avait notre réalisateur, notre pote qui lui gérait tout ce qui se passait, car nous on était archi-concentrés sur le fait qu’il fallait qu’on donne un concert de dingue aux gens qui ont eu le mérite de venir nous voir ce soir-là. Nous on ne pensait qu’à ça. On se disait, « putain tu te rends compte les gens qui sont en train de faire la queue, le mérite qu’ils ont de venir à ce concert … ». Et puis surtout de faire en sorte que les gens de Charlie Hebdo soient dans la bienveillance, qu’ils se sentent en sécurité … Parce que quand même, on voyait sur leurs visages que ce n’était pas facile pour eux. On voulait que tous nos potes qu’on a invités soient dans les meilleures conditions. C’était ça qui était important pour nous. On était carrément au-delà du DVD, de sa sortie, de la façon dont ça va être filmé, voilà, on était ailleurs nous.
Je pense que tout le monde était ailleurs. Ça se voyait dans le DVD, l’ambiance et l’atmosphère étaient réellement particulières, et uniques.
Kemar : Exactement. Et quand tu vois nous sur scène à aucun moment on joue avec telle ou telle caméra, à part Gaël qui a une caméra scotchée devant lui. Mais sinon, comme je l’ai dit, on occulte complètement tout ça.
Ça se voit. Et sinon, pourquoi avoir appelé le live Barricades ?
Kemar : Parce que au-delà du fait que ce soit un titre de Propaganda, c’est un morceau qui résume parfaitement ce qu’est No One. Et on a toujours monté les barricades avec notre musique. On a toujours essayé de contrer là où on nous disait que tout allait bien. Dans nos textes, que le sujet soit le gouvernement, la religion, les problèmes sociaux, les réfugiés etc., l’idée de monter des barricades c’est un peu les étudiants de 68 qui montent les barricades contre le gouvernement. Voilà, symboliquement et dans l’image, c’est quelque chose qui nous ressemble.
Est-ce que les évènements et le contexte dans lequel se déroulait le concert ont influencés le choix de la setlist ? A moins que vous ayez déjà les titres en tête avant tout ça ?
Kemar : Non pas forcément, on avait vraiment une grosse sature de notre setlist depuis qu’on avait démarré la tournée. Simplement il y a des choses qui ont un petit peu bougé. Par exemple le morceau « Charlie » qui était au milieu du set s’est retrouvé à la fin, pour des raisons de sécurité pour les gens de Charlie Hebdo justement. Il ne fallait pas qu’on sache qu’ils étaient là.
Du coup, c’est une bonne chose finalement de terminer par ça, c’est symbolique.
Kemar : Et bah finalement, en fait c’est Marika et Coco de Charlie Hebdo qui nous ont demandé de jouer ce morceau et nous on était en pleine tournée à ce moment-là. Et elles nous ont demandé de le jouer à la fin. Elles nous ont donc expliqué pour les raisons de sécurité, on s’est posé des questions, on a essayé et on s’est dit « putain mais c’est énorme ! ». Et donc du coup maintenant à chaque fois qu’on fait une setlist on appelle Charlie Hebdo (rires).
J’imagine que toi et le groupe êtes particulièrement fiers de ce live.
Kemar : Ah oui c’est clair, on est carrément fiers de ce live. On est fiers parce qu’il est vrai, il est authentique, il est en phase avec les gens, il nous ressemble, il est rageur, engagé … Tu vois, il y a des moments où tu te dis, voilà t’as fait le Stade de France avec AC/DC, t’as fait des purs concerts au début de ta tournée, et tu ne sais pas pourquoi là t’es dans un état de grâce, parce que aussi je pense que pendant ce live, on était tous dans la même humeur, dans le même état d’esprit. C’est incroyable quand même. Ce n’était pas un mood classique de on va vous donner de l’amour, on va en recevoir … Alors oui, quand les gens de Charlie sont montés sur scène, on voulait qu’ils prennent une dose d’affection et une dose d’amour. Mais nous ce n’est pas ça qu’on attend, c’est surtout est-ce qu’on est sur la même longueur d’onde, dans un concert de résistance, on est là pour défendre la liberté d’expression, la laïcité, et on a tous le même but, la même envie. En plus c’était à La Cigale … Tout était réuni pour qu’on soit dans un état de grâce.
C’était très émouvant.
Kemar : Oui … Tu vois moi, jamais j’aurai pensé que j’allais chialer sur scène comme un gamin. Mais c’était trop fort quoi. C’était trop fort mais pas pour n’importe quoi. Ouais quand j’entends Marika qui parle de tout ça, tout d’un coup j’ai toutes ces images qui me reviennent dans la tête, j’ai tout ce qu’on joue et ce qu’on défend depuis des années qui s’accumule dans mon esprit, et j’ai craqué quoi … C’est trop intense. Et en plus ça t’arrive à la fin du concert, c’est-à-dire t’as joué tous ces titres … Et en même temps il faut se reprendre parce qu’il reste un morceau très très important à jouer … Et surtout aussi parce que y a tous les invités qu’on a, tous ces potes qui sont là et qui ont participé à l’aventure Propaganda … Tous ces gens sont là sur scène pour jouer « Charlie », pour défendre des valeurs … On est tous là pour la musique, pour la défendre, on est tous là pour la même chose … Et aussi parce que ce n’est pas facile dans ce pays.
Du coup j’imagine que vous avez eu que de bons retours de ce concert … Et je ne parle pas que de la part du public, mais de la part d’autres artistes … C’est arrivé à un moment où tout le monde avait besoin de ça et comme tu l’as dit, rien que pour Charlie, très peu de choses ont été faites finalement …
Kemar : Oui … En fait ce qui a de génial c’est que pour le moment les retours qu’on a du DVD c’est ce qu’on veut entendre. C’est-à-dire que les gens ont tout à fait compris ce qu’on a voulu dire et faire. Et ça c’est génial tu vois. On n’est pas dans l’incompréhension la plus totale, tout le monde a complètement compris le sens de ce concert.
Et quel est le message que vous avez voulu faire passer alors ?
Kemar : Un message de résistance avant tout, c’est un concert de résistance. C’est-à-dire qu’après que des millions de personnes aient gueulé « même pas peur ! » dans la rue ; même si certains l’ont gardé pour eux, on ne va pas faire les flics on s’en fout, la musique donne un acte de résistance.
Ça ne devait pas être simple de faire tout ça ce soir-là …
Kemar : C’était simple dans le sens où c’est notre métier … Encore plus ce soir-là, c’était comme un devoir. En plus on n’avait pas joué chez nous depuis au moins trois ans, putain y avait tout, on avait le cerveau en ébullition je te jure. Mais il faut vraiment savoir que nous c’est notre métier. Nous si on ne monte pas sur scène en plus en s’appelant No One, c’est une faute professionnelle quoi. Par contre que les gens viennent, qu’ils aient le mérite de venir à ce concert … Alors là …
Il y avait toutes les raisons du monde de ne pas venir !
Kemar : Mais exactement ! C’était un lundi, c’était un jour pourri, y avait l’armée dehors, enfin tu vois, tout était réuni pour dissuader. Limite tu vois ça, tu as beau avoir ton ticket, tu te casses quoi. Mais non putain les gens ils sont là …
C’est là qu’on voit la fidélité aussi, il y avait des fans de longue date …
Kemar : Ouais ouais il y avait des fans de longue date, et puis aussi il y a à un moment donné chez les gens je pense, cette conscience politique qui fait qu’ils savent pourquoi ils sont là. C’est-à-dire qu’à ce moment-là, on représente un petit truc pour eux, et ils nous le rendent, tout simplement.
En parlant de conscience politique, pourrais-tu dire un mot sur la situation actuelle en France et / ou dans le monde par rapport à ça et suivant toi ce que tu as vécu ? Comment vis-tu ce climat tendu ?
Kemar : Ecoute, par rapport à ce qui se passe, concrètement, tous les gens qui sont dehors contre la loi El Khomri et la sale résistance de la gauche à ne pas retirer cette loi, je trouve qu’il y a quelque chose de très grave. C’est le démantèlement total de la gauche. Et Hollande était déjà discrédité, mais là il l’est complètement par rapport à ça … Même si moi je te le dis honnêtement, c’est un mec que je respecte quand même, il nous a quand même sorti du Sarkosisme tout pourri, mais le problème, c’est qu’il n’a pas fait le job. Et qu’il a détruit en partie la gauche. Là-dessus je lui en veux beaucoup parce que, très bien il se passe ce qui est en train de se passer. Mais moi ce qui m’intéresse toujours c’est ce qui va se passer, qu’est-ce qui arrive. Et ce qui arrive, ce qui nous attend, ça va être très chaud pour nous. Très très chaud. Quand tu regardes le programme des mecs de droite, là c’est pas quinze jours dans la rue, c’est un an.
On a l’impression de se diriger de plus en plus vers la droite avec tout ce qui se passe.
Kemar : Bah ouais exactement, et quand tu vois leur programme …
J’aurai même du mal à croire que ça puisse passer, ça ne paraît tellement pas humain …
Kemar : Mais oui c’est ça !!! Ou alors il nous faudrait un écologiste, comme en Autriche. Mais tu vois ce qui est tragique finalement c’est que, bon il y a Mélenchon qui est là, mais pourquoi ces connards ne se réunissent pas entre eux pour agir maintenant putain ? C’est là où tu te dis que ces mecs-là n’ont pas la conscience de l’intérêt général et la conscience de vouloir vraiment défendre ce pays contre les sales idées. C’est dommage putain. Pour l’instant les mecs discutent. Il ne faudrait pas qu’ils discutent trop longtemps quoi. Il faudrait qu’à un moment donné ils arrivent et qu’ils aient un leader avec des revendications et feu quoi.
Pour revenir au groupe, quels sont ses prochains objectifs finalement ?
Kemar : Ecoute on tourne cet été, on va faire quelques fests, le Hellfest par exemple. Puis on s’est remis à composer, et en septembre on a à peu près dix ou douze dates. Mais voilà, on s’est remis à bosser, et on est chauds bouillants.
Bonne nouvelle, ça ne s’arrête pas ! No One semble remonté à bloc …
Kemar : Merci !!! Et oui exactement, on est très bien entre nous, et on a envie de continuer le rêve tout simplement.
En tout cas ce qu’on peut tirer comme conclusion de ce live, c’est qu’il représente vraiment le groupe. On voit que vous êtes tous en phase. Et j’ai pleuré en regardant ce concert !
Kemar : Merci infiniment ! Et oui mais je te comprends vraiment, moi aussi j’ai pleuré. Moi tu vois les deux trois fois où j’ai revu les images pendant le montage, je me suis mis à chialer comme une baleine quoi. Non je comprends vraiment. Mais voilà tu vois aussi pourquoi on continue à écrire des chansons, à faire des concerts, il faut qu’on continue à se surprendre nous-mêmes, à provoquer des choses, à être dans l’inattendu, dans l’impensable, dans l’accident … Voilà, tu vois, il faut rester là-dedans, dans ce côté un peu punk qu’il y a dans ce groupe. On n’est pas un groupe de punk mais il y a quelque chose de punk dans l’attitude, peut-être dans certains titres également. Voilà c’est pour ça qu’on fait ce groupe.
De toute façon on voit bien l’impact qu’a No One sur les gens, quand on voit le public, l’ambiance … Ca marque les esprits. Ça ne peut pas laisser indifférent.
Kemar : Mais oui voilà ils nous le rendent ! Merci beaucoup Axelle …
Salut ! Comment vas-tu en ce magnifique jour de pluie Parisien ?
Betov : Magnifiquement bien !
C’est parfait ! On va parler du petit dernier d’ADX, nommé Non Serviam. Premièrement, pourquoi avoir choisi ce nom ?
Betov : Alors ça s’est fait par rapport à l’idée du texte, puisque le texte du morceau « Non Serviam » parle d’un prêtre qui est tenté par beaucoup de choses autour de lui et finit par rendre sa veste, c’est-à-dire quitter la croyance et Dieu. D’où ce titre « Non Serviam » qui en latin signifie « je ne te servirai pas », « je ne te servirai plus ». On a choisi ce titre par rapport à l’album tout simplement parce qu’il est facilement compréhensible, aussi bien en France qu’à l’étranger. On est un petit peu habitués aux titres en latin, on en a déjà fait, Ultimatum la dernière fois par exemple, et d’autres encore avant. Et après coup, avec le recul on se rend compte que c’est peut-être un petit peu d’actualité, bien qu’on ne veuille faire aucun rapprochement avec une idéologie, ce n’est pas du tout notre but ni notre style. Mais par rapport à ce qui se passe actuellement avec les religions et autres, ce n’est pas si bête que ça. Je n’écris pas vraiment les paroles dans le groupe, je suis plutôt sur la musique, mais le batteur et le chanteur eux sont vraiment spécialistes depuis 30 ans, ils écrivent tout, et donc ils sont partis sur cette idée-là. Après l’actualité malheureusement nous a rattrapés. Mais voilà, c’est un titre simple que tout le monde peut comprendre, c’est percutant, et la seule petite idée qu’on pourrait garder c’est que nous, on ne veut pas être au service de qui que ce soit et de quelque idéologie que ce soit. On reste indépendants.
Je trouve l’illustration différente des précédentes, et elle ne fait pas de clin d’œil à d’autres albums, contrairement à celle d’Ultimatum qui n’était pas sans rappeler Exécution … Qui en est l’auteur ?
Betov : En 2014 on a travaillé avec Stan Decker qui réalise beaucoup d’illustrations pour beaucoup de monde, et on était partis vraiment sur une idée de retrouver la jeunesse du groupe. Tout comme au niveau musical d’ailleurs, car on s’est vraiment attachés à nos premières années. Donc on a ressorti cette fameuse guillotine, qui pour nous est avant tout un symbole historique, plus que politique bien entendu, car on est quand même contre la peine de mort soit dit en passant (rires). Et Stan nous a vraiment scotchés en nous proposant cette pochette, donc ça nous a paru évident de bosser à nouveau avec lui, on a beaucoup échangé avec lui. On était partis sur une pochette très flamboyante comme ça, avec un petit peu d’orange et tout ça, un peu incandescente. Mais par rapport à Non Serviam et au lieu où on voit le prêtre, c’est-à-dire dans une église ou une cathédrale, c’est beaucoup plus feutré, c’est une ambiance beaucoup plus noire et blanc. C’est pour ça qu’on est reparti dans l’idée de faire une illustration peut être beaucoup plus sombre, limite inquiétante, et même glauque je dirai. La seule petite touche humoristique qu’on a rajoutée c’est ces deux petits démons qui étaient sur la pochette de l’album d’avant et qui sont là pour faire la fête en gros (rires). On les aimait bien, donc on les a rajoutés comme ça, c’est un petit rappel.
Pendant combien de temps avez-vous travaillé sur cet album ?
Betov : Une année quasiment complète en pré-production chez nous, dans nos petits studios à la maison, et on était vraiment fin prêts vers décembre. C’était un peu compliqué en 2015 parce qu’on était sur une tournée pour fêter les 30 ans du premier album qu’on jouait intégralement sur scène d’ailleurs. Bon, ça ne nous a pas pris non plus tout l’année, on a fait d’autres petits concerts par ci par là, et surtout pas mal de festivals car on adore ça. Donc on a beaucoup travaillé en pré-prod et on est rentrés en studio début février. C’est vrai que ça va très vite parce qu’on a eu le mastering en fin février et l’album sort au mois de juin, donc on n’a pas de temps à perdre. Mais on adore ça nous, on speed, un peu comme notre musique (rires).
Comment le groupe a-t-il appréhendé l’enregistrement ?
Betov : D’une manière assez sereine dans un sens. Bon il y a toujours des appréhensions … Le problème c’est les timings dans les studios. Tout le monde connaît ça, on a un deadline à la fin, une journée fatidique où il faut que tout soit fini, et on est toujours en train de courir après le temps. Maintenant, avec la petite expérience qu’on a, on sait que ce qui est important. C’est peut-être un message pour les groupes qui débutent, il faut avant tout préparer en amont quand tu vas en studio. Ça c’est quelque chose qu’on a compris il y a longtemps. Les dernières démos qu’on a faites sont très proches de l’album, et évidemment on a pu travailler le son en studio, ce qui était réellement le plus important. L’appréhension elle est toujours délicate parce qu’on ne peut pas prévoir le résultat. On a une idée et là franchement avec Francis c’était royal parce qu’il est adorable humainement parlant déjà, il écoute, il a compris ce qu’on voulait, et ceux qui nous connaissent savent qu’il faut que ça colle avant tout. Il nous a emmenés vers ce qu’on voulait et le résultat est là, pour nous c’est parfait.
Comme tu disais tout à l’heure, il y a un retour aux sources, une volonté de retour en arrière pour rappeler les premiers albums, et ça se ressent dans certains morceaux heavy bien racé je trouve …
Betov : Je vais peut-être t’étonner en te disant que les morceaux qui ressemblent le plus à ce qu’on faisait au début ont été composés par les membres les plus jeunes du groupe. On a un bassiste, Julien, qui a une trentaine d’années. Il est né quand on a enregistré notre premier album donc c’est un peu notre bébé si tu vois ce que je veux dire (rires). Attention il n’y a aucun rapport à l’âge dans ADX ! On peut jouer avec quelqu’un de 70 ans ou de 11 ans, tant que ça colle, ça marche. Peu importe l’âge. De toute façon on a la même mentalité, on vit pour les mêmes choses. Mais oui donc les morceaux qui sonnent le plus ADX premier âge sont composés par Julien. Sur l’album Ultimatum c’est assez hallucinant, des morceaux comme « Red Cap » qui sonnent vraiment ADX pur et dur ont été composés presque intégralement, au niveau de la musique bien sûr, par lui. Et le pire dans tout ça c’est qu’il n connaissait pas forcément très bien ADX avant de jouer dans le groupe ! Il nous l’a avoué après. Il avait vu des patchs sur des vestes dans des festivals par ci par là, il jouait dans un groupe de death mélo donc qui n’avait rien à voir avec ADX, et en fin de compte le seul rapprochement qu’il y avait c’était qu’il aime des groupes comme Helloween.
ADX a eu pas mal de périodes difficiles, malgré tout il revient toujours en force. Comment appréhendes-tu la réception des albums ? Que ce soit le dernier ou les précédents, comment vis-tu tout ça ?
Betov : On est vraiment ouverts à tout, c’est à dire que … C’est bien cette question car je vais pouvoir aborder un sujet dont je n’ai pas encore parlé, c’est l’approche qu’ont les gens. Moi je suis prêt à entendre toutes les critiques, du moment qu’elles sont fondées. Quand on me dit par exemple en parlant d’un groupe X ou Y que c’est de la merde, ce n’est pas argumenté. Je veux dire, à la limite moi il y a des groupes, ce n’est pas du tout ma tasse de thé musicalement parlant, mais je reconnais le travail des musiciens, car ce travail, comme pour chaque groupe, reste énorme. C’est surtout ça qui me fait peur, à la limite c’est plus l’avis un petit peu dédaigneux qu’on pourrait avoir. Pour l’instant dieu merci les premiers échos qu’on a des professionnels ou autres concernant Non Serviam sont très positifs et très bons, donc on est très contents. Je ne veux pas jouer les égoïstes mais je crois que comme tout musicien, on se fait plaisir, donc on n’a pas vraiment d’appréhension j’ai envie de te dire. On se fait plaisir en composant, en jouant les morceaux et en étant sur scène, parce que s’il n’y avait pas de plaisir, ça ne servirait strictement à rien. Il n’y a pas vraiment d’appréhension à part ces critiques « méchantes » qui sont gratuites et peut-être dites par des gens jaloux. Je trouve ça ridicule, franchement, parce que tu connais le metal en France, ce n’est pas une situation vraiment mirobolante, donc autant se serrer les coudes comme nous on le fait maintenant avec d’autres groupes pour échanger plutôt que se tirer dans les pattes.
L’Histoire de France et l’Histoire en général sont des thèmes récurrents chez ADX. Etaient-ils aussi présents dans Non Serviam que dans les précédents ?
Betov : Alors je dirai oui, et comme tu l’as dit ce n’est d’ailleurs pas que l’Histoire de France puisque par exemple « L’Irlandaise » parle d’une journaliste qui s’est fait tuer par une mafia locale. Disons qu’on a marqué le coup avec l’Histoire de France et les gens nous gardent cette étiquette de par notre deuxième album qui parlait de la Terreur, qui est une époque bien précise de la Révolution Française pas si jolie que ça. On a également souvent parlé des guerres de religion, car on parle actuellement de guerre de religion. Je dirai presque qu’il faut connaître l’Histoire pour appréhender le futur. Et l’Histoire de France est intarissable, ceux qui écrivent les textes donc le batteur Didier et le chanteur Philippe sont vraiment des férus d’Histoire, ils adorent lire et trouver des trucs par rapport à ça. Moi dans l’album Non Serviam il y a des histoires comme celle de « La Complainte Du Demeter » où je me demandais même de quoi ils parlaient. Alors en fait c’est simple, c’est tout bêtement le bateau qui a emmené Dracula à Londres. Donc voilà, j’apprends énormément de choses. Alors par contre historique bien sûr, français parce qu’on revendique un peu ça, c’est surement la seule chose sur laquelle on est pointilleux. Et le fantastique est quelque chose qu’on adore aussi, que ce soit au cinéma ou en littérature.
Justement, pour ce qui est des textes en langue française ; c’est un peu la marque de fabrique d’ADX, pourquoi l’album Weird Visions était-il donc en anglais ?
Betov : Tout simplement parce qu’à cette époque-là on était en contrat avec un label qui s’appelle Noise International, qui produisait d’ailleurs aussi Kreator, Helloween et tout donc nous on était très fiers d’accéder à un label comme ça, c’était vraiment une marche pour nous. Mais par contre, la condition pour enregistrer dans leur studio à Berlin c’était de chanter en anglais. Donc on s’est retrouvés un petit peu le dos au mur. Un copain à nous à l’époque qui était prof d’anglais nous a fait des versions – et non pas des traductions – des textes, ce qui fait que c’est complètement compréhensible pour un anglais par exemple. Voilà ça a été une expérience, on y croyait honnêtement avant la sortie, par contre les fans français ont été très déçus parce qu’on avait quand même plusieurs albums avant avec des textes bien estampillés ADX. Bien que ce soit des textes au départ en français ! Et là on réserve peut-être une petite surprise à nos anciens fans et aux nouveaux, c’est qu’on a qu’une envie maintenant qu’on est autonomes, c’est de réenregistrer cet album entièrement avec les textes en français. Bon c’est pas mal de boulot, et il faut du temps, puis on a beaucoup de choses en prévision. Mais ce serait pour moi un super kiff parce que j’adore cet album, j’y ai vraiment mis tout mon cœur. Et y a des riffs que j’adore franchement, et puis ça représente une période de ma vie personnelle aussi qui était vraiment géniale. J’ai beaucoup de regrets par rapport à ça, surtout qu’on devait enregistrer à l’époque la version française, mais ça n’a finalement pas été fait.
L’arrivée de Nicolas en avril 2015 a-t-elle eu un impact sur le groupe ?
Betov : Bien sûr. Pour la petite histoire, quand on a recruté Julien, le bassiste actuel, en 2013, un deuxième bassiste nous avait bien tenté, et il s’appelait Nicolas. C’était déjà lui ! Car il est multi-instrumentiste, il joue de tout très bien, il a un studio chez lui, il produit d’autres groupes enfin bon, il est vraiment à fond dans la musique. Pour moi ce n’est vraiment pas un inconnu parce qu’on se connait depuis longtemps en plus. Et c’est donc pour ça qu’on a fait appel à lui, c’est un gage de qualité. Il m’avait dit « écoute Pascal, si un jour t’as besoin de moi, ça me ferait vraiment plaisir, j’aime bien le groupe appelle-moi si tu as besoin ». Et deux ans après on avait besoin d’un guitariste donc je l’ai appelé, on n’a même pas fait d’audition ni rien, il est venu direct, on a répété et une semaine et demie après on partait en tournée avec lui et il a appris les morceaux de l’album Execution en très peu de temps. Il est très doué pour ça. Puis c’est un super gars en dehors de tout ça aussi évidemment, il a un humour décapent mais que j’adore … J’en suis presque fan tu vois ! Et c’est un instrumentiste hors pair tout simplement qui nous a déjà fait des solis – puisqu’on dit plus solos – sur Non Serviam qui sont tout simplement dingues. Moi je me suis plus réservé sur les rythmiques car j’adore ça. Mais il nous a scotchés oui quand il nous a ramené ces bandes on a dit « putain, waouh ». On est content de l’avoir, on espère qu’on va le garder longtemps ! Et humainement avant tout, il est super. Comme tous les groupes, il faut que ça colle à tous les niveaux.
Que penses-tu de l’évolution de la scène metal française ?
Betov : Je vais parler un peu de mes goûts à moi, mais ce qui m’étonne le plus et ce qui me plaît dans la scène metal c’est le niveau des musiciens dans le metal quel qu’il soit. Actuellement, notamment en France, ça me scotche totalement, il y a des guitaristes qui arrivent qui ont 20 ans, des fois je les vois en concert et je me dis « mais à quel âge il a commencé à jouer pour jouer comme ça aujourd’hui ? ». C’est des monstres de technique, ils ont tout assimilé, c’est incroyable. Alors moi je ne cite jamais les styles que j’aime bien parce que de toute façon par rapport à mon âge, bien évidemment, j’aime bien tout ce qui est un peu ancien, même si certains styles modernes me plaisent également. Maintenant moi c’est plus la mélodie qui me plaît. Par contre, sans critiquer car ce n’est pas mon style de critiquer un genre musical, c’est surtout ça qui me plait dans la nouvelle scène, il y a des sacrés gratteux qui sont hors normes et je ne suis pas le seul à le dire. Maintenant qu’elle soit diverse à ce point ça peut être un avantage car ça propose un panel énorme de genres, mais pour moi qui suis plus attaché au hard rock et au heavy metal traditionnel, je suis un peu perdu. Il y a des sous-groupes de sous genres qui apparaissent alors des fois je m’y perds un petit peu. Par exemple, j’avais vu un truc de grind-death-symphonique. Je me suis dit mais comment ils arrivent à faire ça ? Alors évidemment ça t’intéresse tu te dis que tu vas écouter parce que c’est un peu original quoi voilà. Moi j’aime bien l’originalité donc ça peut être sympa. Mais bon voilà des fois on se perd un petit peu et c’est un peu dommage je trouve quand même.
Est-ce qu’il y a un groupe français ou un album d’un groupe français qui t’as marqué récemment ? Pas forcément français d’ailleurs …
Betov : Alors pour les français oui il y a des trucs que j’adore mais je ne peux rien citer, la liste va être trop longue. Le prochain ADX est pas mal je crois ! (rires). Non plus sérieusement on a vraiment trop d’amis et je ne veux pas froisser les uns en ne les citant pas. Par contre j’ai écouté dernièrement un album d’un groupe allemand dont j’avais entendu parler mais que je ne connaissais pas trop, ils s’appellent Paradox. Là comme je disais ils ont sorti un album de pur thrash et j’adore. Ça a la patate, tu écoutes ça le matin tu es de bonne humeur toute la journée ! Ça reste très moderne dans le son mais complètement traditionnel dans le thrash, vraiment agressif à la Kreator et tout ce genre de groupes de l’époque. Voilà c’est mon dernier coup de cœur de cette semaine. Sinon il y a beaucoup de choses que j’écoute bien sûr.
Pour revenir à ADX, aura-t-on une tournée pour Non Serviam ?
Betov : Oui. Oui, les tournées d’ADX ne sont pas des tournées où on part deux semaines sur la route en jouant tous les soirs, parce que déjà je ne sais pas si au fin fond de la Creuse un jeudi soir y aurait beaucoup de monde dans la salle. Donc déjà ça on a résolu le problème, on joue principalement les weekends, pour l’instant on nous a demandé, bien avant de connaître l’album puisque ça a été booké plus d’un an à l’avance sur certains festivals à partir de septembre auxquels on va participer, puis on va rajouter nous des dates. Mais principalement nous on jouera le weekend, parce qu’on préfère déjà, et puis pour respecter le public quoi, c’est plus sympa d’aller faire la fête un samedi soir et de pouvoir dormir le lendemain parce qu’on a bu quelques verres la veille. Voilà en gros c’est ça. Mais la tournée oui sur notre page Facebook on retrouve déjà les premières affiches auxquelles on va participer, il y en a certaines qu’on apprécie déjà à l’avance parce qu’on va se retrouver avec des groupes de super potes. Le metal c’est un peu une grande famille aussi donc on est contents de les retrouver bien sûr. Tous les ans bien souvent on se recroise et on se raconte un peu notre année, nos anecdotes, tout ça. Puis on rencontre également de nouveaux groupes, il y en a plein qui sont sympas. Je sais que dans les groupes français que j’attends avec impatience il y a des amis de Reims qui ne sont pas trop connus et c’est bien dommage car ils sont hyper dynamiques sur scène. C’est un hard rock assez traditionnel et inclassable ce qu’ils font, mais franchement ils ont la patate, le sourire sur scène, c’est la bonne humeur, tu passes un bon moment quoi. Moi quand je vais les voir je m’éclate totalement, et je sais que là leur album va sortir, et on va monter une petite date ensemble là aux alentours de Reims vers chez eux, ça fera plaisir. C’est un coup de cœur parmi tant d’autres à venir.
ADX a-t-il des projets comme un album live, un DVD ou même un coffret ?
Betov : Alors en 2015 on a eu la chance de pouvoir sortir des rééditions de notre deuxième et troisième album car le premier avait déjà été fait, et on a trouvé un label grec qui s’appelle No Remorse Records qui a accepté car il ne réédite que ce qui est sorti en vinyle à l’époque. Ils sont très sélectifs là-dessus. Et comme notre deuxième et troisième album étaient sortis en vinyles et commençaient à être un peu introuvables aussi bien en version CD qu’en vinyle, ils nous ont proposé deux super beaux coffrets en nous les faisant découvrir. D’ailleurs on a fait un concert à Athènes là où se trouve le label, et c’était un peu arrangé mais c’était le jour de la sortie officielles des rééditions. Donc le patron nous a apporté les coffrets, on était comme des gosses devant tellement c’était beau. En plus avec des pochettes en relief, enfin le truc magnifique quoi. Franchement c’est le top. Et là ça nous a vraiment donné des idées, comme par exemple faire deux rééditions séparées de la discographie complète d’ADX, donc en deux parties, deux fois cinq albums. Alors bon on réfléchit à ça en ce moment. Ça nous ferait plaisir de faire ça mais les rééditions, comme je disais tout à l’heure on a notre propre structure maintenant, on a créé notre label donc on peut faire ce qu’on veut et ressortir tout ce qu’on veut. Maintenant c’est une histoire de droits alors on travaille dessus pour récupérer notre patrimoine comme on dit et notre catalogue, mais bon tout ça c’est en cours. Mais des coffrets c’est génial, ça fait plaisir aux fans et puis nous on peut rajouter des trucs et ça c’est un petit peu l’exclu. Je ne l’ai pas dit encore depuis le début des interviews, mais on a des trucs inédits qu’on n’a jamais montré à personne. Et tu parlais de Weird Visions alors je vais te mettre l’eau à la bouche car tu me disais que tu adorais, moi j’ai quatre heures de making-of qui datent de l’époque où on nous voit enregistrer. Ce n’est pas un secret ça mais le groupe Rage allait commencer son album en studio quand nous on le finissait donc du coup on s’est croisés en studio, donc y a des photos avec eux et c’est super sympa. Ce sont des gens adorables franchement. Alors on demandera la permission mais ce serait vraiment super sympa de montrer tout ça, de montrer comment on a enregistré. Après il y a le chant en anglais et ça c’est pas vraiment la spécialité de notre chanteur (rires). En fin de compte, on a essayé tout simplement et avec le recul on se rend compte que ce n’était pas pour nous. Trust a essayé aussi, Sortilège également, tout le monde a plus ou moins essayé dans cette période-là. Par contre les anglais eux n’ont pas trop aimé, mais uniquement parce qu’on était des « froggies » et c’était par principe. J’espère qu’on y retournera en Angleterre ! (rires).
Quels sont les prochains objectifs d’ADX ?
Betov : Prendre du plaisir. Voilà. La réponse qui tue ! (rires). Non plus sérieusement, continuer ce qu’on est en train de faire, que l’album marche bien, qu’on puisse en faire d’autres, on a déjà commencé à composer pour la suite, on va vous faire des belles rééditions avant la fin de l’année, c’est tout récent je l’ai appris en début de semaine là mais on travaille dessus, notamment sur l’album Ultimatum puisqu’on a récupéré les droits dernièrement donc on va pouvoir enfin le sortir en vinyle, le rééditer avec des bonus, enfin bon on va faire plaisir aux gens. Il est quasiment introuvable car il n’a jamais été réédité par notre ancien label. Donc voilà il y a ça, puis comme tu disais tout à l’heure le live, je n’avais pas vraiment répondu à ta question mais on a largement de quoi faire un live car on a enregistré tous les concerts depuis deux ans. On a tout en stock, donc on a largement de quoi sortir un live audio et un DVD on aimerait vraiment aussi. On avait eu l’occasion d’en faire mais bon du coup ça n’a pas pu sortir, c’est dommage. Mais bon, on espère vraiment faire un truc, surtout avec le line-up actuel, ça peut être vraiment cool. Surtout au niveau des grimaces sur scènes et des petits clins d’œil (rires).
Je te laisse le mot de la fin pour conclure cette interview.
Betov : Merci à toi déjà, c’est le plus important pour nous de t’intéresser à ADX, c’est gentil comme tout. Merci à toi, merci à MagicFireMusic, et on donne rendez-vous à tout le monde sur scène car c’est là qu’on rencontre les gens. A part dans la rue, chez Carrefour et tout mais ça c’est le hasard (rires).