Salut ! Tu vas bien ?
Bah très bien et toi ?
Très bien ! J’ai quelques questions sur ce nouvel album, Dancefloor Bastards. Tout d’abord, pourquoi avoir choisi ce titre-là, qui sont ces Dancefloor Bastards ?
Alors bah déjà simplement, on a choisi ce titre pour affirmer ce que l’on pense être avec le groupe. C’était un jour dans un camion, en fin de tournée en automne dernier on se disait « on est quoi nous les Sidi depuis tant d’années, qu’est-ce qu’on fait ? ». Et c’est venu en rigolant, avec un côté un peu provocateur, second degré, « on est des connards du dancefloor ».
Qu’est-ce qui vous a inspiré pour cet album ?
Tout simplement nos vies personnelles, intimes, et ce qui se passe autour de nous, tout mélangé. Les évènements tragiques de 2015 nous ont également influencés, et ça se ressent sur cet album. Et en parallèle il y avait aussi nos évolutions personnelles, le fait qu’on s’approche de la quarantaine dans le groupe pour la plupart, ce sont des moments de la vie aussi où tu te remets en question. Et tout ça mélangé ça a généré Dancefloor Bastards.
Et quels sont les thèmes principaux abordés dans cet album ?
Alors déjà il y a pas mal de morceaux qui tournent autour de l’actualité. Notamment sur les réfugiés, des sujets comme ça, plutôt engagés. Il y en a qui font référence aussi aux attentats évidemment, puis il y aussi les morceaux un peu plus légers aussi comme « Dancefloor Bastards » qui se veut un peu plus fun. Il y a « Go Fast » aussi qui est un morceau qui parle de la vie sur la route tout simplement, avec ce fantasme d’aller plus vite, tout ça pour dire que la vie d’un groupe de musique c’est d’être sur la route. Après il y a aussi des titres plus introspectifs, plus imagés ou plus poétiques. Donc voilà, un peu de tout.
Avez-vous voulu innover avec cet album ?
Il y a toujours une envie d’innover, de renouveau, une envie d’évoluer, mais je pense qu’au final cet album ressemble à du Sidi, c’est du Sidi à 100%. Avec des nouveaux ingrédients, et peut-être une énergie un peu différente, parce qu’on a cherché à faire quelque chose de plus organique, de plus rock. Dans le choix du son et la façon d’enregistrer aussi. C’est une petite révolution interne. Après on ne va pas révolutionner la musique, mais on essaye de proposer quelque chose d’intéressant.
Pourquoi la langue française est-il si importante pour Sidi ?
Le français c’est notre langue maternelle, pour nous c’est naturel de choisir d’abord cette langue-là. Quand on a un parcours comme le nôtre, on n’a pas envie de mettre des bâches. Donc c’est un choix en fait, on a envie de vérité, on veut que les mots frappent fort. Le français sur du rock c’est un casse-tête à écrire, c’est la galère quand on écrit parce que trouver LE mot qui va bien sonner et coller, c’est très très dur. L’anglais est plus simple à utiliser et de temps en temps on l’utilise, tout simplement parce qu’on trouve que ça rend mieux à certains moments. Mais le français est plus intéressant pour nous, plus dangereux et on aime bien se mettre en danger. Des fois il y a des gens qui aiment pas, mais c’est pas grave.
Le titre « Le Jour Médian » m’a particulièrement marquée, quelle est la signification du titre exactement ?
Ben tu vois, c’est vraiment un parallèle entre une histoire intérieure dans ma vie personnelle liée au fait d’arriver à la quarantaine, il y a des grandes remises en question comme je te le disais qui sont très intimes, mais voilà d’énormes questions, par exemple je me demande qu’est-ce que j’ai envie de faire réellement au jour d’aujourd’hui. Moi un matin je me suis levé et j’avais une sensation d’être à ce fameux jour médian. Cette sensation est d’ailleurs aussi renforcée par l’actualité, parce que j’ai l’impression que dans le monde d’aujourd’hui il y a de très grandes mutations, il y a beaucoup de chaos, internet qui nous emmène vers je ne sais où, personne ne sait où on va, et il y a une sensation comme ça de tournant. Et en plus dans ta petite vie personnelle, alors c’est banal ce que je raconte, la crise de la quarantaine c’est très banal, mais quand les deux sont synchronisés, ça m’a fait un écho et c’est là qu’est venu cette idée du jour médian. Donc est-ce qu’on ira vers quelque chose de positif ? De sombre ? J’espère bien qu’on ira vers quelque chose de mieux. Voilà le jour médian c’est cet instant précis où tu as l’impression d’être à un tournant dans ta vie et une sensation que l’humanité elle-même est à un tournant.
Et d’où vient l’idée du titre « 1976 » ?
C’est très lié, tu rebondis bien ! 1976 c’est notre année de naissance au guitariste et moi-même, y en a d’autres qui sont de 1977, 1978 et 1981, on est un peu les aînés du groupe, donc tu fais le calcul hein de 1976 à 2016 ça fait 40 piges ! Et 1976 c’est aussi des souvenirs, c’est un morceau où y a un mélange de nostalgie, et un mélange de « aller maintenant on laisse tout ça derrière nous, et on avance » parce qu’on a déjà 40 piges, et qu’on veut propulser Sidi pour encore de nombreuses années. Voilà, c’est ça aussi l’idée.
Pendant combien de temps avez-vous travaillé sur cet album ?
Alors les compos ont pris environ 6 mois, de juin à décembre 2015, et l’enregistrement s’est étalé de janvier à début mars en incluant le mastering, le mix, tout. Avec quelques pauses au milieu quand même. Donc ça a été finalisé début mars, c’est tout frais.
Quel est le message que vous avez voulu faire passer à travers cet album ?
En réalité il y en a plusieurs de messages, il y a aussi plusieurs questionnements, et même quand on est parfois engagés sur des sujets qui nous touchent, on ne veut jamais donner de leçon, on veut toujours laisser le champ ouvert, que l’auditeur puisse aussi se questionner avec nous. Et pourquoi pas trouver des petits débuts de réponses. Mais il n’y a pas un sujet qui prédomine, même si je peux dire que l’actualité en 2015 a sacrément secoué l’écriture de cet album. Comme je t’ai dit on parle des réfugiés, des murs de la honte dans « Walls Of Shame », des attentats évidemment, donc oui on a été secoués par toute l’année 2015.
Prévoyez-vous des clips pour cet album ?
Alors oui, on prévoit de tourner un clip cet été pour une sortie début septembre, mais je ne peux pas en dire plus car on est encore en train de réfléchir aux idées. Et ce n’est pas impossible qu’il y en ait plusieurs, mais pour l’instant voilà on va en faire un cet été.
Avez-vous été influencés par des groupes en particulier ?
Oui mais il y en a tellement eu et il y en a encore tellement que c’est difficile à dire. En plus on s’intéresse à beaucoup d’univers différents, mais traditionnellement on cite Rammstein et Prodigy par exemple, qui sont très différents l’un de l’autre, mais qui ont aussi des points communs de par l’approche d’univers différents, électro, metal, punk etc. C’est des groupes qui nous ont touché par leurs ambitions artistiques et le fait qu’ils aient un son très propres. Et nous c’est ce qu’on a toujours cherché.
La suite de la Zombie Rockers Party, c’est en gestation ou c’est un one shot ?
Ah la Zombie Rockers Party c’est fini oui, c’était en 2013 – 2014 si ma mémoire est bonne, et non on en fera plus pour le moment mais il y aura sûrement d’autres concepts.
Je me demandais d’où venait l’engagement du groupe, ça vient de votre éducation à tous, ou d’autre chose ?
C’est très difficile à dire … Ça vient de loin ! Je pense qu’on a toujours été un peu comme ça. Honnêtement, je ne sais pas. Envie de d’être sincère et d’assumer un minimum le fait d’avoir un auditoire, de monter sur une scène, d’avoir un micro, on te donne un porte-voix et tu as des responsabilités. Nous on trouve que c’est un petit peu trop facile de toujours se cacher derrière le « moi j’fais juste de l’art j’fais de la musique », on pense qu’on est dans un monde aujourd’hui où il faut que les artistes se repositionnent et prennent la parole. Parce que quand tu regardes l’histoire, il y a toujours eu des artistes importants, que ce soit des écrivains, des peintres, des sculpteurs, des philosophes, il y a toujours eu des gens qui ont à un moment donné dit qu’il fallait réfléchir à ça, qui ont pointé du doigt les problèmes notamment avec les politiques. Les gens ont besoin de ça je pense. Alors nous on veut assumer notre part de responsabilité qui se fait parfois un peu cracher dessus par certains qui disent qu’on devrait se contenter de faire de la musique. On est des citoyens, comme toi, on a envie de dire des choses on les dit. Après ceux qui aiment pas c’est leur libre arbitres, y a pas de soucis.
Qu’est-ce qui t’as amené à jouer ce style de musique particulier ?
On a grandi dans la cambrousse, on a grandi au pied des Pyrénées, pas loin de Toulouse, on est arrivés sur Toulouse en tant qu’étudiants, et je pense qu’on a forgé notre son à la fin du lycée, juste avant de venir sur Toulouse et du coup on était pas influencés par les modes qu’il y a dans les grandes villes par exemple. Et nous on était tellement perdus dans notre cambrousse que on n’a pas cherché à faire un son qui collait aux modes mais plutôt qui nous excitait.
Qu’est-ce qui vous a amenés à jouer ensemble ?
On est des potes tout simplement. Pour certains d’entre nous on faisait du théâtre, et ça nous a donné le goût de la scène, je pense que ça nous a marqué à vie et de là est né petit à petit le délire de faire un groupe. Au début on ne savait pas jouer d’ailleurs. On voulait faire un groupe mais on ne savait pas jouer. Puis on a appris.
Un petit message pour les fans ?
On vous attend nombreux sur la route ! C’est très banal ce que je dis mais c’est très sincère, on est impatient de retrouver ce rapport au public parce que c’est ce qui fait qu’on est toujours là en fait.