Avant ce week end d’élection, il y avait un rendez-vous à ne pas manquer à Chauny. En effet ce vendredi 21 Mars et ce samedi 22 Mars, 10 groupes de Rock faisaient leur show au Forum lors du Rock’N Festival troisième du nom, avec 2 têtes d’affiche de renom ! Imaginez voir Popa Chubby et The Animals dans l’Aisne, cela n’arrive pas tous les jours. Pourtant Jean-Michel Fondement et son équipe ont réussis ce pari et contrairement à l’an passé, la fête du Rock aura lieu sur 2 jours et toutes les formations joueront sur la même scène.
It’s Friday !
En ce vendredi 5 groupes nous sont donc proposés. Avec Ted Horowitz, plus connu sous le nom de Popa Chubby pour le final tout s’annonce bon. Le public est déjà au rendez-vous et il semble d’ailleurs qu’il y ait déjà plus de monde que l’an passé à la même heure.
Go !
The Lanskies ouvre donc le bal avec une musique teintée 80. Leur musique est un croisement entre les modernes Franz Ferdinand et The Cure, grâce à un coté Pop British très actuel et une voix façon Robert Smith. C’est franchement sympa et le public très ouvert musicalement (j’y reviendrai plus tard) se fait tout de même prier par le chanteur pour s’approcher un peu de la scène. Ce groupe qui a participé aux Transmusicales de Rennes en 2010 et aux Vielles Charrues en 2008 passe donc nous faire un petit coucou en terre Picarde. La performance est bonne mais on sent que la formation est encore un peu timide. Ils seront Au Divan du Monde ce mardi, gage de qualité me semble-t-il.
Let’s Rock !
Ensuite c’est au tour de The Aim de monter sur scène. Groupe Franco-Belge misant sur la spiritualité de ses textes, The Aim nous propose un Rock plutôt Post Grunge, que j’ai trouvé assez proche parfois de Pearl Jam. Dans le chant j’ai beaucoup pensé aussi àRay Wilson (Genesis / Stilskin). Le public présent a une fois encore apprécié le show.
Baudewyns possède un bon feeling avec ce dernier. Il nous parle beaucoup ici dans ses textes de végétarisme ou bien encore du Tibet. Voilà des paroles biens inspirées loin de celles que l’on entendra demain chez The Plasticines. Leur dernier album est paru ce mois de janvier The Aim – Live in France sous le label belge Moonzoo Music, distribué par Universal Belgium.
Overdrive !
C’est avec curiosité que je vais regarder Rufus Bellefleur. Avec un nom pareil et une telle décoration sur la scène on est en droit de se poser des questions. Avant de m’attarder sur les présentations, je ne vous cacherais pas que j’ai été très surpris par ce groupe. Du talent, de l’originalité et un potentiel énorme voilà comment résumer en quelques motsRufus Bellefleur originaire de Toulouse.
Rufus Bellefleur est assez difficile à classer. Mélange savoureux de Hip Hop, de Country et de Metal je ne peux que penser à une sorte d’idée que Mike Patton aurait pu avoir sans oser la mettre au monde. De même niveau ambiance Folk/Country et zarbi j’ai aussi pensé aux Russes de Mechanical Poet. Mais Rufus est autant à écouter qu’à regarder car sur scène c’est un véritable spectacle. Tout le monde tient un rôle bien défini. Le batteur est un fou très plaisant à voir. Les choristes agréables à regarder pour une autre raison, font le spectacle, avec gants de boxe et autres ombrelles chinoises. Le concept et la musique plaisent aux gens présents. Certes le public du Rock’N Festival est amateur de Rock, mais celui de Rufus Bellefleur possède une particularité qui apparaît difficile d’accès ; C’est donc avec surprise que les jeunes et moins jeunes présents ont plébiscité le groupe. Le résultat est net et sans bavure, un carton niveau vente de cd post concert. Ce n’est que mérité. Je ne sais pas si les membres de Rufus Bellefleur connaissent Pin Up Went Down, Carnival in Coal ou bien encore 6:33 & Arno Strobl, mais je ne peux que conseiller aux Toulousains de faire une tournée ensemble !
Voilà un groupe qui prouve que l’ouverture musicale aux Français est encore possible, il suffit juste de lui faire écouter autre chose. Je doute qu’en voyant la pochette ou qu’en leur parlant de la musique de Rufus l’auditeur lambda se penche sur la-dite musique. Tout est encore possible mes amis. Il n’y a pas que Maître Gims ou Tal dans l’univers musical français qu’on se le dise ! Encore plus fort nos lascars vont jouer à Angoulême le lendemain… respect. Un nouvel album est à venir et, si tout va bien sera chroniqué dans nos pages prochainement, suivi d’une interview.
Action !
Birth of Joy prend la suite. C’est un Power Trio originaire de Hollande qui envoie un Hard Rock gras, dans la mouvance d’un Audrey Horne et d’un MC5 bodybuildé.
Kevin Stunnenberg (chant / guitare), Bob Hogenelst (batterie) et Gertjan Gutman(clavier / orgue) se disent influencés par MC5 (ça s’entend) ainsi que par The Doors etPink Floyd.
Musicalement cet aspect seventies associé à la puissance donne un résultat détonnant. La batterie est surpuissante. Bob Hogenelst en fout partout et prend même le dessus sur les autres instruments. Le mix laisse à désirer ici car le son (de la batterie) est vraiment écrasant, alors que jusqu’à présent celui-ci avait été impeccable.
L’autre petit souci est la linéarité des compositions. Le style l’exige quelque peu certes, mais sur album ça passe plutôt bien surtout lorsque l’on aime le genre. Ici au contraire, ça saoule assez rapidement et on a vraiment le sentiment d’entendre toujours la même chose.
Enfin lorsque la rythmique s’emballe le style Rock’N’Roll laisse place à un Metal hallucinogène et Psychédélique. Le public tout de même venu voir un bluesman adhère finalement bien à ce qui est joué devant lui.
Comme un nounours !
Voilà qu’arrive Popa Chubby, carrément très impressionnant de par sa taille et de par son attitude assez froide et très concentrée. Le guitariste va assurer 2 heures de show. 2 heures qui sont passées à une vitesse ultrasonique. Ce guitariste Blues plus connu dans notre pays que dans le sien vient donc nous faire coucou, à nous Picards pour un concert mémorable. Il est parfois difficile d’apprécier la musique d’un guitariste, souvent élitiste et peu compréhensible pour un novice. Pourtant le son et le style de Popa Chubby fait que l’auditeur lambda prend immédiatement son pied.
Ce soir, pour le début de sa tournée internationale (la classe) le New Yorkais va rendre hommage à Jimi Hendrix, forcement ainsi qu’à (et je pense surtout à ce titre) Leonard Cohen avec le splendide «Hallelujah», sans oublier B.B. King. La carrière solo de l’homme est aussi au rendez-vous. Au fil du show, l’homme va se débrider quelque peu. Le lien avec le public est fort et cela s’en ressent. L’Américain aime la musique, il l’a répété plusieurs fois et nous l’a bien fait comprendre, mais s’il l’aime fort, c’est surtout le partage avec le public présent qu’il apprécie le plus. Il semble très émotif. Il finira le show avec de beaux sourires.
Outre Popa Chubby, il ne faut pas oublier son batteur, excellent en tous points et très technique, ainsi que son bassiste, très bon lui aussi.
Sa vieille guitare dans les mains le Bluesman va faire vibrer la musique avec une certaine maestria. J’avoue après avoir vu Steve Vai il y a quelques années, je pense que Popa Chubby est un des rares hommes à utiliser aussi bien cet instrument. Savoir la faire parler et lui faire distiller des sentiments peu savent le faire, il en fait parti.
Il est désormais temps de se dire au revoir. Un bon et long rappel (avec 2 titres) font monter au firmament plusieurs fans dans le public. Du grand art.
It’s not Over
Cette première soirée pour le Rock’N Festival est donc une pure réussite. Son béton, horaires respectés à la lettre et pleins de groupes talentueux. Ce petit festival à tout pour plaire et souhaitons lui longue vie…