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Salut, comment vous allez ?
Amine et Abder’Rahman : Super et toi ?

Idem ! Le nouvel album d’Acyl s’intitule Aftermath, pourquoi avoir choisi ce titre ?
Abder’Rahman : Ah c’est une longue histoire !
Amine : En fait ce nom d’album c’est un peu la conséquence, à travers l’album on voulait parler un petit peu d’où nous on vient, d’où le groupe vient. Nous sommes la conséquence de quelque chose. Donc on a développé tout au long de l’histoire neuf ou dix personnages qui ont existé avec leur façon d’être, pourquoi ils se sont battus, comment ils se sont battus pour leurs idéaux, pour expliquer un petit peu d’où nous on vient. C’est un peu la relation entre le présent actuel qui est Acyl et ses origines.
Abder’Rahman : Et puis il y a aussi un clin d’œil avec le titre de l’album précédent, on vous laissera essayer de trouver.

Pendant combien de temps avez-vous travaillé dessus ?
Abder’Rahman : Depuis 1938, je crois.

Restons sérieux ! (rires)
Abder’Rahman : (rires)
Amine : En fait, on ne va pas se dire qu’on veut faire un album là maintenant tout de suite et on le fait. La préparation se fait vraiment avant. Quand on a décidé de lancer le groupe, une grande partie de cet album était déjà préparée. Pas forcément peut-être dans le sens artistique, mais plus en termes de conception. En 2009 on savait déjà où est-ce qu’on allait aller jusqu’au troisième ou quatrième album. On peut dire qu’on a commencé à réfléchir au thème de l’album et à l’orientation artistique déjà en 2009, avant la sortie du premier Maxi en 2010, mais par contre, le travail, le vrai travail de l’album a commencé en 2011, vu qu’on avait déjà fini Algebra en 2010, on avait commencé à bosser dessus en 2011, on a accéléré en 2013, ça a pris un petit peu de temps et l’année dernière on a donné un petit coup d’accélérateur. Parce que le processus est un petit peu compliqué, du coup on a vraiment besoin de temps car on se déplace beaucoup. Comme c’est une musique qui traverse la Méditerranée, on est obligés nous aussi de traverser la Méditerranée pour trouver certaines spécificités et sonorités de notre musique.
Abder’Rahman : Sur le fond oui ça fait longtemps que l’idée est là, bien avant que j’arrive dans le groupe d’ailleurs, et concrètement effectivement lorsqu’il s’agit de mettre sur le papier et enregistrer il y a un long travail de réflexion. Et Acyl a cette particularité de sortir beaucoup de choses, d’avoir beaucoup d’idées et de les emmagasiner et les ressortir petit à petit. D’ailleurs, Amine te le confirmera mais on a déjà les idées du prochain album. Après pour ce qui est du concret effectivement, ça se fait lors des derniers mois de travail avant la sortie de l’album.

Quelles ont été vos influences sur cet album ?
Amine : Déjà à l’origine les influences c’est les musiques traditionnelles. On part de la musique traditionnelle algérienne ou nord-africaine, pour arriver à la structurer dans un truc assez universel genre rock / metal. Chaque titre qui parle de chaque personnage vient d’une région. Cette région-là a ses particularités en termes de musique traditionnelle. Donc je dirai que c’est très diversifié. Ce style traditionnel va influencer le style metal en termes de rythme, de tempo, ou encore en termes de temps. Il va se rapprocher d’un certain type de metal connu, donc nous s’oriente comme ça naturellement. Arrivé au niveau du style metal en général on a tendance à adapter ça à des influences qu’on aime bien, ça va de Tool en passant par Nevermore en arrivant à Meshuggah (?).

Donc c’est très diversifié en effet.
Abder’Rahman : Oui c’est exactement ça, c’est que les musiques traditionnelles algériennes, comme disait Amine, c’est très diversifié et chaque style et chaque région va orienter vers un style particulier. C’est pour ça que dans le metal et dans le rock on va piocher aussi bien dans du death que du core, avec du prog aussi par moment, donc c’est un petit peu mélangé, on n’a pas de limites côté metal.

Qui est l’auteur des paroles ?
Amine : C’est moi !

A quoi penses-tu quand tu écris ?
Amine : J’essaye toujours de travailler sur des faits historiques, du moins pour cet album, et même pour les autre d’ailleurs, les faits sont là, donc du coup j’ai vraiment besoin de beaucoup de lecture pour avoir des idées bien précises sur le personnage, qu’est-ce qu’il a fait, comment il a évolué, comment est-ce qu’il est mort etc. Du coup c’est plus une recherche historique qu’une écriture poétique. Bon derrière bien sûr il faudra la mettre dans un cadre bien artistique et bien musical, mais sinon c’est vraiment des faits historiques qui sont cités dans les paroles.

Que signifie « Numidia » ? C’est mon préféré et j’étais un peu intriguée !
Amine : Ah c’est cool qu’il soit ton préféré !

Pourquoi donc ?
Amine : Il me fait peur ! C’est le titre qui m’a toujours fait peur ! Et d’ailleurs c’est lui qui a fait le forcing pour qu’il soit en premier. Il est un petit peu spécial ce titre.
Abder’Rahman : Amine avait peur qu’il ne soit pas le plus représentatif de ce qu’est la musique d’Acyl. Mais il y a pourtant tous les ingrédients dans ce titre je trouve, personnellement. Il est assez direct, et pour commencer un album, un titre aussi direct moi je trouve ça parfait. Donc voilà « Numidia » en fait c’est la naissance de ce qu’est aujourd’hui l’Algérie, ça s’appelait la Numidie avant et justement ce titre parle de Massinissa, un roi berbère qui a réunifié les différentes tribus qui ont fondé ensuite la Numidie, qui est devenu ensuite l’Algérie, pour justement résister à l’occupation romaine à l’époque.

Je trouve ça audacieux de mélanger ce côté « brutal » avec la musique traditionnelle …
Amine : En fait je ne crois pas qu’on mélange. Nous à l’origine on compose en musique traditionnelle, c’est ce que nous sommes. Mais derrière on est vraiment des métalleux, donc on aime cette manière de s’exprimer. Le mélange se fait tout seul en fait. J’ai envie de dire qu’on a aucun mérité à le faire parce que ça vient comme ça.
Je pense quand même que vous avez du mérite, dans le sens où ce n’est pas courant dans le metal, c’est risqué et ça peut vite ne pas être apprécié. Personnellement j’adore ça, mais ça n’est pas forcément apprécié donc je trouve ça bien de sortir un peu des « codes » du genre.
Abder’Rahman : On fait de la musique essentiellement pour se faire plaisir déjà, pour transmettre des messages, pour montrer qui nous sommes et d’où nous venons. Après comme on t’a dit on n’a pas de mérite parce que c’est naturel pour nous de composer de cette manière-là, et j’ai oublié ce que je voulais dire … (rires).
Amine : (rires). Après, c’est comme tout travail artistique. On aurait très bien pu ne pas prendre de risques, et faire un metal tout simple, tout bête, il aurait plu comme il aurait pu ne pas plaire à des gens d’ailleurs. C’est ça un travail artistique.
Abder’Rahman : Ah oui j’allais dire ! Excuse-moi je t’ai coupé (rires). Il y a un désir de faire quelque chose qui sort des sentiers battus. Quand tu produis un travail artistique tu essayes d’exprimer qui tu es essentiellement, mais aussi tu essayes d’explorer des contrées qu’on a pas encore exploré, tout simplement. Donc c’est quelque chose qui est naturel.
Amine : Comme je disais, ça peut plaire ou ne pas plaire, mais c’est à l’image de tout travail artistique. Après, vu la conjoncture actuelle, l’époque dans laquelle on vit, il y a peut-être une certaine appréhension par rapport à nos origines, qui nous sommes en face du monde occidental, mais justement, on veut montrer aux gens qu’on est tous pareils. On peut très bien faire la même chose, respecter les mêmes codes, et s’exprimer selon qui nous sommes et d’où nous venons.
Abder’Rahman : D’autant plus que, comme disait Amine, la musique c’est aussi fait pour transmettre des messages à notre humble niveau, on exprime ce qu’on est, et les valeurs qu’Acyl veut transmettre sont les valeurs universalistes qui incluent le maximum de gens dans une optique d’ouverture. On veut dire que notre culture est grande par ça aussi, par son ouverture et par son universalisme.

Et du coup, quel est le message que vous voulez faire passer ? Dans cet album et en général.
Amine : Bah déjà que vous allez tous mourir (rires).
Abder’Rahman : Ca c’est pas original ça, c’est très metal mais pas original ! (rires).
Amine : Oui mais venant d’un arabe c’est très très original (rires). Revenons aux choses sérieuses ! Notre message en fait c’est notre culture. On veut juste la transmettre car elle reste quand même méconnue dans le monde occidental. Toi qui aime la Finlande, quand tu écoutes des groupes qui viennent du sud, qui utilisent d’autres instruments, d’autres manières de chanter, d’autres manières de s’exprimer, de danser, ça te permet de découvrir une culture. Et dans l’absolu c’est vraiment notre but, de pouvoir exporter notre culture et la montrer aux gens comme le font les scandinaves avec les groupes comme In Flames ou Soilwork par exemple. Donc on s’est dit, pourquoi ne pas montrer notre culture à nous ? Qu’on touche 20 000 ou 2000 personnes on est de toute façon gagnants.
Abder’Rahman : Je pense qu’on a tous un ennemi commun, c’est l’ignorance. Et nous, étant des témoins de ce que nous sommes et de notre culture, on aimerait justement montrer ça aux gens pour éliminer cette ignorance, et pour pouvoir entrer en sympathie les uns avec les autres. On a vécu ça en live, on a fait un festival à Oslo en Norvège qui était une reconstitution de vie de vikings en fait. Ils étaient tous habillés traditionnellement, et même si c’était que sur une journée ça nous a permis d’en savoir un peu plus sur cette culture et cet état d’esprit. Ils jouaient vraiment le jeu à fond hein ils faisaient des barbecues à la sauvage, d’ailleurs c’était trop bon.
Amine : Oui c’était trop bon !
Abder’Rahman : Et du coup ça élimine un peu plus l’ignorance qu’on avait vis-à-vis du peuple viking, ça nous a fait entrer en sympathie, on a bien sympathisé avec eux et ça a bien collé avec notre but qui est, comme je l’ai dit, d’éliminer l’ignorance.

Y-a-t-il un ou plusieurs clips de prévu(s) pour cet album ?
Amine : Tout à fait. Le clip est prévu après la sortie de l’album. Ce sera sur le titre « Mercurial » qui est le titre le plus représentatif de l’album.
Abder’Rahman : La deux sur l’album (rires).
Amine : Sur ce titre là il n’y a pas de personnage bien précis, il parle plutôt d’un état d’esprit général depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque moderne, de comment on est, qui nous sommes, du degré de cohérence qu’on va avoir, du degré de schizophrénie qu’on pourrait avoir à l’image de tout, des autres pays, des autres cultures.
Abder’Rahman : Dans Acyl on essaye de tout faire. La pochette c’est nous, les clips c’est nous qui les produisons, on fait ça avec nos petites mains car on trouve que c’est important de donner un aspect qui englobe tous ces points-là du travail artistique. C’est pour ça qu’on s’évertue à tout faire. Et les clips en font partie, on s’y attelle très sérieusement et on essaye de faire du mieux qu’on peut.

Qu’est-ce qui vous a amenés à faire cette musique ? Je parle aussi du metal. Vous avez commencé quand personnellement même avant Acyl ?
Amine : On ne fait pas que ça. On fait surtout ça oui, mais pas que. Du plus loin que je me rappelle, j’ai toujours fait de la musique. Pas forcément du metal, car à l’origine j’ai commencé en tant qu’enfant de cœur. C’est des chants religieux de paix de machin, puis plus tard en fonction de ta vie et de tes états d’âme tu évolues et tu t’orientes plus vers le hard rock et le metal.
Abder’Rahman : Je pense qu’on a tous les mêmes cheminements. A un moment donné de ta vie tu as un peu de curiosité qui te pousse vers quelque chose, c’est le metal, alors ça aurait pu être autre chose mais nous en l’occurrence ça a été le metal. C’était dans les années 90, c’est clair qu’à l’époque le climat était un petit peu tendu, je ne sais pas si c’est ça qui nous a poussés vers ça, mais bon …
Amine : Moi personnellement c’était parce que j’avais faim en fait (rires). Je me suis réveillé un matin j’ai écouté du Michael Jackson j’étais content et tout et j’ai commencé à avoir faim, il n’y avait pas à manger donc je me suis extrêmiser et voilà.

Pourquoi le terme « ethnique » est si important pour vous dans le genre dans lequel vous vous classez ?
Amine : C’est vrai c’est très important. On préfère le mot « ethnique » au mot « world musique » ou encore « folk ». Aujourd’hui tout est classé comme folk ou musique du monde et ça nous on refuse, parce que un gars qui est au fin fond de la Scandinavie et qui joue de la musique, sa musique appartient à une ethnie. Il est très important pour nous de dire que justement le mot « ethnique » doit être présent car il est représentatif de tous les types musicaux. Ça rend à César ce qui appartient à César.

Quels sont les prochains objectifs de Acyl ?
Amine : Moi je compte me marier et euh … Bon. Ecoute, prochain objectif, déjà, commencer à tourner pour la promotion de cet album. Puis commencer à bosser sur le suivant aussi, ce qui va nous demander beaucoup plus d’efforts et de déplacements, et surtout, se faire plaisir. Je pense que c’est une constante qui ne changera pas ça.
Abder’Rahman : Puis logiquement on est en train de réfléchir à une prochaine tournée. Lors de la dernière on a eu une très bonne expérience avec Dark Tranquility, ça s’est super bien passé, on a noué des liens d’amitié au-delà de ce qu’on pouvait espérer avant d’y aller, et ça nous encourage à retenter l’expérience, donc on y réfléchit pour la fin de cette année.