Hey there ! Comment tu vas ?
Très bien et toi ?
Super ! J’ai des petites questions sur le dernier album de Syr Daria … Premièrement, quelles sont ces voix ?
Si tu veux, cet album est plutôt penché sur la dualité, c’est quelque chose qui nous suit un peu depuis le début, par exemple faire des textes très sombres sur des chansons ou des mélodies peut être un peu plus joyeuses. C’est quelque chose qu’on aime vraiment mettre en valeur, tant sur le côté sombre de chacun que sur le côté positif. Ces voix en fait sont tirées d’un morceau, on s’est posé la question de savoir quel morceau représentait le plus l’album, et c’est celui-là. « Voices » parle d’un pauvre type qui est un petit peu enfermé dans sa tête de par les voix qui essayent de le guider vers telle ou telle chose.
Pourquoi avoir clôturé l’album par ce morceau ?
Ce morceau est un peu plus long que les autres, il est un peu plus complexe aussi, il y a plus de changements, donc c’est peut-être un peu moins indigeste en fin d’album.
Que représente l’illustration de l’album ?
De base c’est un ami du groupe qui a fait la pochette, et qui nous a lancé sur cette idée quand on lui a dit de quoi parlait l’album, les paroles, ce genre de choses. Et en fait il s’agit d’un clown, on trouvait ça intéressant de le faire en test de Rorschach, c’est ce qui illustre vraiment notre musique je pense. Le visuel divise pas mal, mais c’est un but qu’on voulait atteindre. C’est soit tu aimes, soit tu n’aimes pas du tout quoi. Je trouve ce côté tranché relativement intéressant.
Quels groupes vous ont vraiment influencés sur cet album ?
Il y a toujours des groupes qui nous influencent c’est indéniable ; je veux dire, il y a la pâte Metallica de par le chant car c’est quelque chose que j’ai connu depuis des années donc forcément ça influence, il y a du Iced Earth, du Iron Maiden et encore plein d’autres qui nous ont influencés. Je pense que c’est un melting pot de tout ce qu’on aime.
Comment le groupe appréhende-t-il la réception de l’album ?
Sortir un album de cette qualité a été un travail long, presque trop long je dirai, mais on voulait vraiment quelque chose de produit, un son qui claque, quelque chose qui nous représente vraiment. Ce qu’on en attend c’est déjà de pouvoir faire de la belle scène, continuer à faire de la belle scène d’ailleurs car on a déjà eu l’opportunité de faire de belles dates, notamment avec Paul Di’Anno, Scorpions, Tankard, Freedom Call, donc vraiment des groupes devant lesquels on est à genoux depuis qu’on est gamins, et c’est vrai que c’est super intéressant. C’est simplement une plus grande visibilité que ce qu’on a eu jusqu’à maintenant.
Pendant combien de temps avez-vous travaillé sur l’album ?
5 ans. C’était très long, et on a mis beaucoup de temps pour l’écriture car on n’avait pas mal de dates et on n’était pas forcément dans une démarche « pro ». Je prends l’exemple d’aujourd’hui, on a changé notre manière de travailler, on a déjà la moitié voire les trois-quarts d’un album qui est déjà prêt, et on espère avoir un rythme d’un album tous les un an / un an et demi.
Dans quel genre classerais-tu cet album ?
C’est toujours très compliqué de définir un genre … En général, je dis que c’est du metal, tout simplement. Parce qu’aujourd’hui il y a des nouveaux styles de metal qui sortent toutes les semaines, et moi j’ai du mal à m’y retrouver quoi (rires). Du coup ça devient très compliqué. Donc en général quand on me demande, je réponds que c’est du metal, voilà.
Le Syr-Daria est un fleuve d’Asie Centrale, est-ce que le nom du groupe en est une référence ?
Exactement, c’est un fleuve. Et en fait, on est très porté sur les symboles, c’est quelque chose qui nous plaît énormément travailler sur les symboles et tout ce qui est métaphorique. Et l’idée du fleuve, c’est un axe marchand pour les partages, ce genre de choses, après en même temps un fleuve ça peut être très calme, très zen, et en même temps ça peut être tellement destructeur et puissant, ça peut te montrer que tu es vraiment tout petit à côté. Et le Syr-Daria est une frontière naturelle entre l’Orient et l’Occident qui montre cette dualité, ces deux univers différents qui se rencontrent ; et cette idée nous plaît vraiment.
Le morceau « Back To The Circus » est-il une référence au premier album ?
Tout à fait. C’est le même principe oui.
C’est le même cirque ?
Oui c’est le même cirque. Ah j’aime bien l’expression tiens faudra que je la ressorte ! (rires). Mais oui disons que ce truc du cirque c’est venu sur un morceau en particulier du premier album, dans lequel métaphoriquement on comparait la société d’aujourd’hui où on est obligés de mettre un nez rouge, de se maquiller et faire semblant que tout va bien alors que finalement on n’est pas tous au top. Et je trouvais ça très intéressant, ce côté où on est tous soit des funambules soit des clowns, je trouvais ça très sympa.
C’est pour ça que c’est un thème récurrent ?
Tout à fait, on joue un peu sur ce truc-là. On a vu déjà d’une part que ça a bien pris, ça nous a bien plu, et ce côté mascotte en même temps c’est assez chouette il ne faut pas se le cacher, ça a un certain côté commercial aussi, forcément. C’est quelque chose qu’on reconnait. Et ensuite, c’est tellement vaste, tu peux t’amuser, et moi j’aime beaucoup m’amuser en écrivant. En fait moi j’écris en me disant « tiens ce serait marrant si », en gros c’est ça.
« Army Of Clowns » revient-il sur cette peur très courante des clowns ?
En fait si tu veux c’est toutes les peurs enfantines, et c’est comme si elles étaient imagées par toute une armée de clowns. C’est la peur de ce qu’il y a sous ton lit, ou c’est quand ton frangin te sort une connerie et que toi tu flippes pendant trois semaines parce que tu crois qu’il y a de araignées au plafond qui vont venir te bouffer la nuit, c’est ce genre de trucs. J’ai personnellement des enfants qui ont l’âge de se poser des questions par rapport aux terreurs nocturnes et ce genre de choses, et je trouve ça très intéressant comme sujet. Et au fond je pense qu’au final on ne grandit pas totalement. J’aime croire qu’on reste un peu tous des gamins, et qu’on a tous un petit peu des phobies, des flippes de certains trucs, je trouve ça assez intéressant.
Et justement, « Hannibal » parle de la peur des monstres non ?
« Hannibal » c’était justement le truc « ce serait marrant si » … C’est un film que j’avais beaucoup aimé à l’époque Le Silence Des Agneaux et je me suis dit « tiens, et si maintenant Clarice Starling et Hannibal Lecter prenaient un appart ensemble, comment ça se passerait ? ». Je trouvais ça super fun, c’est pour ça qu’il lui dit « bah attend, reste pour dîner ça va être marrant ! ». Je trouve que c’est un truc vraiment très large oui, il y a vraiment beaucoup de choses.
« Pornstar » raconte la vie d’une actrice X ?
Tu vois c’est assez drôle parce que, bon je n’aime pas ce mot là, mais c’est un peu le « hit » de l’album. C’est le morceau qui fout le feu quand on le joue en concert, ça parle de sexe donc bon de toute façon il y a trois trucs : le sexe, la guerre et le rock’n’roll. On va dire que c’est les trois trucs qui marcheront toujours je pense. Et en fait ce morceau est beaucoup plus sombre qu’il n’y paraît parce que si on va vraiment au fond des choses, le personnage qui parle dans la chanson c’est un producteur qui met des étoiles dans les yeux à une nana, qui lui fait croire qu’elle va devenir une star internationale, alors qu’au final il s’agit d’un pauvre film de cul dans un hôtel deux étoiles. Donc elle reçoit 300 euros et c’est terminé quoi. C’est vraiment axé sur la désillusion et les gens qui s’en servent.
Quels sont les thèmes qui te tiennent à cœur et qui t’inspirent le plus ? Et qui inspirent le plus le groupe aussi bien évidemment.
En fait si tu veux pour l’écriture des morceaux je dis « tiens ce morceau il me fait penser à ça », les gars me répondent « ouais ok » ou « non ça ne colle pas » … Bon en général ils disent « oui ça colle » ils osent pas (rires). Non moi je suis fan de presque trop de choses, j’aime énormément de choses, j’aime le monde de l’heroic-fantasy par exemple, mais j’aime aussi tout ce qui est historique, j’aime parler de faits actuels. Après la seule chose je dirai où on ne va pas trop c’est tout ce qui concerne les thèmes engagés. C’est toujours très compliqué de se mouiller dans un truc engagé parce que tout de suite on te colle une étiquette quoi. Et ce n’est vraiment pas le but recherché. Moi ce que j’aime c’est vraiment parler de la vie de tous les jours, de choses qui peuvent arriver tout le temps ou justement de thèmes plus historiques, ou de cinéma contemporain, de la littérature, je me sers beaucoup de ça, d’ailleurs j’ai un auteur que j’aime beaucoup c’est Stephen King.
J’adore Stephen King !!!
Bah Ca si tu veux c’est l’origine de toutes ces histoires de clowns, ça a été le premier vrai livre que j’ai lu quand j’étais gamin, c’était un pavé, un dictionnaire quoi et j’ai mis des semaines et des semaines à le lire, ça m’a ouvert les portes d’un monde phénoménale ! Par exemple encore aujourd’hui ça reste une de mes références littéraires avec La Tour Sombre aussi que j’ai tout simplement dévoré.
C’est pour cette raison que cette peur des clowns et tout simplement les clowns eux-mêmes reviennent souvent j’imagine.
Oui aussi oui ! Et je pense sur le nouvel album il y a le morceau « Gilead » qui parle justement de La Tour Sombre et tout ça, j’aime beaucoup vraiment. C’est un univers qui me plaît énormément.
Y-a-t-il des liens entre les morceaux de cet album ? Ou des points communs ?
Ben en fait si tu veux je pense que chaque titre est une photographie d’un instant T. Tu vois c’est assez drôle, on compose un morceau, on répète pour le jouer, on voit et puis d’un coup « ah tiens je parlerai bien de ça ». Et je pense que c’est un peu l’histoire de ce groupe, tout est très spontané. J’aime beaucoup, les choses viennent comme on les sent, je trouve ça vraiment classe quoi.
Il n’y a donc aucune inspiration particulière, ça vient comme ça.
Ouais exactement. Je pense que si je leur parlais de faire un morceau sur les vaches on va en discuter cinq minutes et puis voilà ! (rires). Enfin voilà, tout est très spontané, tout se fait sur le moment. Et puis surtout on est vraiment un groupe d’amis, on est potes avant tout.
Bon, j’attends le morceau sur les vaches hein !
Ah bah ouais ! On y travaille, on y travaille ! (rires). Ça va être compliqué, mais on y travaille !
Des concerts de prévu ?
Non alors justement là on est sur le travail de promotion de cet album-là dans un premier temps, on est en train de démarcher pour pouvoir le défendre avec le plus de dates possible où on pourrait vraiment montrer de façon optimale ce qu’on défend, tout simplement. Aujourd’hui on est à la recherche d’un tourneur, qui est quand même un métier à part. Nous on arrive à choper les dates qu’on peut, on en a notamment une à Grenoble, le 24 septembre, mais on essaye vraiment de s’exporter un maximum ne serait-ce qu’au niveau de la France, ce qui n’est pas facile, surtout avec la style de musique qu’on fait. Dans le Grand Est on a plus ou moins fait le taff tout simplement, on a pu faire de très belles scènes avec des groupes on aurait jamais imaginé jouer avant eux, et comme je l’ai dit avant, on reste encore de grands enfants, et c’est vrai que quand on joue avec nos idoles on est juste comme des fous, c’est juste énorme ! On a tapé des barbecues à 4h du matin avec Freedom Call quoi ! Je veux dire, c’est quand même dingue ! C’était merveilleux, ils sont extra. Si tu veux c’est assez drôle, le bassiste de Freedom Call je trouve que c’est une belle histoire, il est venu nous voir il nous a fait « vous savez les gars, c’est assez rare avec les groupes de support mais avec vous on se sent en famille », et quand on te sort ça t’es juste super content quoi ! Et oui niveau dates si tu veux maintenant on a une autre démarche. Quand on a un agenda qui n’est pas forcément super rempli, boum, on compose, on enregistre, on essaye d’optimiser au maximum le temps car on s’est rendu compte qu’on avait perdu pas mal de temps avec Voices, et on ne veut plus refaire ça quoi. On veut refaire la même qualité voire plus, mais en optimisant notre temps.
Du coup Voices est l’album le plus abouti pour toi …
Pour l’instant oui, c’est notre album le plus abouti.
Quel est ton morceau préféré de l’album ?
Ah c’est compliqué ! Espèce de sadique ! (rires).
(rires).
Mon morceau préféré … Je dirai « Voices ». A cause de l’intensité … Ou non ! « Walk With The Dead ». Selon moi il y a quelque chose qui se passe dans ce morceau, après c’est toujours très subjectif bien sûr. C’est toujours un peu prétentieux de dire qu’il se passe un super truc sur l’album, mais disons que quand moi je l’écoute, il se passe vraiment quelque chose. Quand toi tu écoutes ta propre musique et que tu as des frissons, tu te dis « waouh c’est excellent quoi » ! Et sur scène avec ce morceau là il se passe aussi quelque chose, c’est presque une communion. La seule fois où on l’a joué, la seule, ça a été un moment phénoménal. Puis bon après il y a « Back To The Circus », quand tu rentres bam tu envoies tout de suite la sauce, les gens tapent dans les mains, et je pense que c’est un peu la force du groupe. Déjà si je devais définir en deux mots, ce serait fun et énergique. Tu vois sur scène on reste fun, on s’éclate, on reste simples, et moi j’aime beaucoup l’échange avec les gens. C’est quelque chose qui est génial.
Quels sont les prochains objectifs du groupe ?
Conquérir le monde ! (rires). Déjà, continuer à faire des belles scènes comme on l’a fait auparavant, avoir une plus grande visibilité, ce serait vraiment classe, et puis bon … J’ai vu qu’on était déjà en téléchargement illégal, donc c’est que ça commence déjà, c’est cool ! (rires). Je veux dire, dans un monde où la consommation de la musique a vraiment changé, c’est compliqué de se fixer des objectifs. Il y a une expression que j’aime beaucoup c’est « viser le Soleil pour atteindre les étoiles ». Je pense qu’il ne faut pas qu’on se mette de barrières et qu’on essaye d’avoir le maximum de choses. Tout ce qu’on peut prendre on peut prendre. Au jour d’aujourd’hui on est dans l’attente de réponses pour pouvoir faire des dates, des tournées, donc voilà.
Je te laisse le mot de la fin pour conclure cette interview en beauté.
Ben écoute, déjà, merci à toi ! C’est super sympa, c’était bien cool, et non ce qu’on fait là aujourd’hui c’est chouette, vraiment. Je passe un super moment. En plus, je suis le seul qui n’est jamais venu à Paris donc j’étais comme un gosse ! A Notre-Dame « aaaahhh putain il est où Garou il est où ! », c’était assez drôle ! Bon on a des villes aussi chez nous hein on a l’eau et l’électricité (rires) mais si tu veux c’est un peu comme chez nous sauf que tout est démesuré, et c’est juste génial. Moi j’avais les yeux qui brillaient hier soir !
T’as pu visiter un peu ?
Oui mais vraiment un tout petit peu parce qu’on était rentré de voyage on était K.O. Mais c’est vrai que je suis allé voir Notre-Dame, et c’est chouette ! Comme je t’ai dit je cherchais Garou, j’l’ai pas trouvé …
Il n’est pas là en ce moment !
Dommage !!! (rires). Oui non mais c’est sympa de pouvoir partager avec des gens que je n’aurai peut-être jamais rencontré … Tu sais nous de là où on vient, je pense que ce qui nous caractérise aussi c’est que on n’a jamais eu le melon quoi, tu vois. On sait d’où on vient, on sait qui on est, et moi demain je vais aller bosser en usine tu vois par exemple. Je pense qu’il faut rester à sa place, mes enfants m’aident beaucoup à rester à ma place aussi d’ailleurs. De toute façon, on n’a rien de spécial. Le seul truc qu’on a je dirai que c’est depuis 2007, on a le même line-up. Ça n’a pas bougé. On est vraiment très soudés, il y a des petites engueulades, on se cherche un peu, on rigole, on connaît chacun nos vies par cœur. Je pense qu’un des meilleurs compliments qu’on nous ait fait c’est « les gars, on voit que vous êtes potes sur scène ». Voilà quand le guitariste est en plein solo et que je vais lui chanter Petit Papa Noël dans l’oreille c’est compliqué hein ! (rires).