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Archives quotidiennes : 14 juillet 2014

 

A groupe exceptionnel, lieu mythique ! Dream Theater est ce soir à l’Olympia comme Led Zeppelin quarante-cinq ans plus tôt. C’est donc la consécration pour les cinq de New-York qui repassent par la capitale parisienne pour la deuxième fois cette années pour ce Along for the Ride Tour, c e dernier coïncidant avec les quinze ans de Scenes From A Memory  et les vingt ans de Awake .

La set-list de ce soir fait donc honneur à ces deux monuments de la discographie du Théâtre du Rêve, le groupe n’hésitant pas à ne jouer aucun titre de Images and Words. Nous pouvons donc nous réjouir de cette liste de titres hors « tubes ». L’Olympia est plein ce soir et la chaleur, au premier degré du terme, du lieu n’est que le reflet du set incandescent qu’offre le groupe à l’assistance chauffée à blanc. Dès l’entame, à la suite de la vidéo égrainant toutes les pochettes du groupe, le heavy et dynamique « The Enemy Inside » met tout le monde d’accord, de par son riff et son refrain évidents et efficace. Le groupe affiche une forme olympique même si sur ce titre James LaBrie semble un peu à la peine. Un peu de thé au miel et James retrouve sa voix qui fait partie intégrante du style D.T.

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Le son est énorme et les images qui défilent sur l’écran rendent ce set poignant. Le Majesty Cab servant de fil conducteur à l’ensemble de la set-list. Première surprise : le groupe se lance dans un titre fleuve : « The Shattered Fortress », titre qui raconte les déboires de Portnoy avec l’alcool sur fond de noirceur et de profondeur musicales. Le groupe brille lors de ce titre à tiroirs où les ambiances se succèdent. Superbe ! James LaBrie y est incroyable, s’appropriant les parties vocales des nombreux artistes qui à l’origine intervenaient sur ce titre. Mike Mangini, derrière son kit impressionnant, rajoute tout un tas de nuances, absentes du titre originel. Il fera de même tout au long du set. Un régal pour les oreilles et les yeux ! « On the Backs of Angels » devient un classique, tandis que « The Looking Glass » semble se dessiner comme tel. C’est d’ailleurs l’occasion d’entendre dans le mixe, le flegmatique John Myung, qui n’est pas là pour rigoler derrière sa basse à je ne sais combien de cordes ! C’est lui qui booste l’excellent « Trial of Tears » ; titre épique et riche en bouleversements.

Depuis le début de la soirée, une nouvelle fois celui qui impressionne, est John Pettrucci avec ses interventions au millimètre. Quel poignet magique ! Son jeu est toujours aussi incisif et précis. D’ailleurs, il n’hésite pas à renvoyer les balles que lui envoie le Magic Wizzard, Jordan Rudess, qui lui aussi est totalement déchaîné, même si son clavier portable finira par le lâcher. En 2013 Dream Theater, avec son album éponyme, renoue avec l’instrumental. « Enigma Machine » remplit parfaitement son rôle, laissant à chacun le loisir de démontrer tout son talent. Mike Mangini en profite pour balancer un solo court et amusant sur fond de vidéo façon dessin animé, où tout en combattant un dragon, les cinq tombent sur un cadavre. Les mauvaises langues disent qu’il s’agit d’une personne très importante dans l’histoire du combo et ça c’est pas bien ! Les quatre instrumentistes sont ovationnés et enchaînent sur cette belle ballade qu’est « Along for the Ride », où James rayonne. Le groupe tape ce soir dans l’épique et pas dans ses tubes. « Breaking all Illusion » donne le frisson tant ce titre résume à lui seul l’art Dream Theater, notamment cette fameuse envolée portée par un Petrucci qui tutoie les anges. Premier frisson et ce n’est pas le dernier. C’est ainsi que se termine l’acte 1, avant l’entracte d’un quart d’heure qui retrace l’univers Dream de façon loufoque à l’aide d’images tirées de « Youtube ».

Après l’interlude, le public devient dingue au son de « Puppies on Acid » qui annonce les vingt ans de Awake. Cette intro toujours aussi roborative, tenue par le maestro des touches sert de pont au diptyque ultra rasoir qu’est l’enchaînement « The Mirror/ Lies ». John Myung est à l‘honneur grâce au magnifique « Lifting Shadow off a Dream », titre à la fois technique et atmosphérique. James LaBrie atteint alors des sommets de justesse. La soirée est sous le signe des titres fleuves notamment avec cette perle qu’est « Scarred ». Deuxième frisson. Frisson 3 : Jordan Rudess introduit le magnifique et inédit en concert « Space-dye Vest », magnifique composition de Kevin Moore qui a auguré ensuite la carrière solo du claviériste. Titre que Portnoy n’a jamais voulu jouer en live. Que le contentieux doit être lourd ! En tout cas, le groupe s’approprie à merveille ce titre notamment en intervenant de façon crescendo, John Petrucci se permettant même d’y coller un solo. Grand moment ! Je crois que les die-hard fans sont à terre. Moi, j’ai la langue qui traîne par terre ! Le groupe m’achève et l’assistance aussi avec le colossal « Illumination Theory », qui bénéficie d’un interlude classique qui pourrait être joué par un orchestre classique comme à Boston, je crois. C’est à ce moment là la fête à la luciole ! Le titre repart de plus belle, avec un James LaBrie explosif et un Petrucci incisif. C’est sans doute lui qui impressionne le plus, tandis que Mangini demeure impérial sourire rivé aux lèvres. C’est ainsi que l’acte 2 prend fin ! Au bout de deux heures et demies, c’est déjà le temps des rappels et c’est « Metropolis part II » qui est à l’honneur avec comme point d’orgue, le tourbillon « Dance of Eternity ». Mike y donne le tournis. Les quatre s’amusent comme des fous. « Finaly Free » clôt les débats : apothéose explosive !

Quelle soirée les amis ! J’ai même glissé à ma Marinette qu’il s’agissait sans doute, d’un des trois meilleurs concerts de Dream auxquels il m’a été donné d’assister. Mon premier : restant évidemment spécial et c’était sur le « Awake tour ». Dream Theater a ce soir rendu un bel hommage à cette salle mythique qu’est l’Olympia. Revenez vite et dans cette salle s’il vous plait !


 

Setlist:
Act 1Photo2550
False Awakening Suite The Enemy Inside
The Shattered Fortress
On the Backs of Angels
The Looking Glass
Trial of Tears Play Video (played with extended intro and guitar solo)
Enigma Machine (with drum solo in the middle)
Along for the Ride
Breaking All Illusions
 
 
 
 
 
 
Act 2
The MirrorPhoto2591
Lie
Lifting Shadows Off a Dream
Scarred
Space-Dye Vest
-Illumination Theory Encore:
Overture 1928 Strange Déjà Vu
The Dance of Eternity 
Finally Free
Illumination Theory piano outro
 
@Photos de Marinette

 

  • Groupe : Voice Of Ruin
  • Album : Morning Wood
  • Sortie : 2014
  • Label : Tenacity Music
  • Style : Deathcore Mélodique
  • Site Web : www
  • Note : 18/20

 

 


En 2011 je posais des mots sur mon écoute de Voice Of Ruin, album éponyme d’un groupe qui était sorti chez Heimathome Records. Et d’entrée j’évoquais la pêche de ce groupe . Mince, je comptais justement placer ce mot là dans le début de ma chronique de cette suite, Morning Wood qui lui sort chez Tenacity Music. Boaf’, pas grave, après tout il y a tout de même énormément de changement à annoncer.

Et oui, à mon sens c’est plutôt flagrant, le son de Voice Of Ruin a gagné en clarté. Du côté du mixage et des textures, c’est sur la batterie que le changement paraît le plus flagrant. Loin de la caisse claire fracassante et de la brutalité bestiale d’influences très core-éennes des textures d’antan, c’est une énorme phase death qui enveloppe cet album, et une batterie bien plus en retrait mais pour autant plus audible. Avec une nouvelle place de choix pour des guitares qui dès l’introduction nous cueillent avec des jolies harmonies.

D’ailleurs, le premier titre envoie presque sur une fausse piste, je m’attendais à tout sauf une vraie brutalité pendant les premières secondes, mais plus à une nouvelle passion pour le shred et tout ce qui sonorise un épisode des Power Rangers. Mais non m’sieurs dames, rien n’a changé en ce qui concerne la pêche évoquée plus haut. Le chant continue de s’érailler, sur de longs plans hyper nerveux. Blast, cri, growl, cri. Ah tiens, re-phase death mélodique.

Les guitares sont toujours aussi techniques, entraînantes et énergiques. Ca découpe. Finalement c’est vraiment la batterie et sa nouvelle texture qui change le plus la donne à mes oreilles. Et tiens, enregistré au Boss Hog Studio. Encore un nom qui revient souvent dans mes chroniques.

Du chant clair vient diversifier les intentions, des ambiances se posent tour à tour et jamais ça ne manque d’énergie, le véritable point fort de ce groupe selon moi. Ces changements seront-ils bien accueillis par les amateurs de sonorités plus proches du premier ? Oui, j’en suis convaincu. Le côté Power Rangers que j’évoque plus haut en déconnant, il n’existe pas sur cet album. Ils créent l’exploit d’en coller partout, de faire du mélodique très speed à deux guitares qui flirtent sans jamais tomber dans le riff facile, ce n’est pas une cuite au Dragonforce, tout est mesuré. La patate qu’ils ont et la façon dont le tout s’enchaîne aide aussi à donner cette crédibilité en béton à leur identité sonore.

En bref, un très bon death mélodique très speed et énergique venant de Suisse, et oui ; pays qui a vu naître nombre de groupes vers lesquels tourner ses esgourdes. Une évolution impressionnante avec d’énormes changements pour plus de propreté, moins de phases délirantes et plus de dextérité, même si à en croire les titres, les lyrics sont peut-être parfois gratinées. Non vraiment, gros kick dans la face qui va finir de placer ce groupe de Horny Farmer Metal parmi les plus immanquables du paysage sonore.

Petite mention pour la Big Dick bien hardcore, c’est vrai qu’elle est massive.

 


 

Tracklist:
01. Welcome To The Stud Farm
02. Party Hard
03. Through The Eyes Of Machete
04. Day Of Rage
05. The Rise Of Nothing
06. Morning Wood
07. Viols Désinvoltes
08. Cock’n’Bulls
09. Today Will End
10. Sex For Free
11. Big Dick
12. Dirty

 

  • Groupe : Noein
  • Album : Infection – Erasure – Replacement
  • Sortie : 2013
  • Label : Klonosphère
  • Style : Deathmetal
  • Site Web : www
  • Note : 18/20

 

 


Lorsque je chroniquais leur EP The Initial Tale  sorti en 2009, l’introduction me poussait à divaguer et à raconter l’ambiance, une usine crade qui fabrique de l’apocalypse, dans laquelle on prend son poste pour entendre chanter les machines, les robots, nouveaux maîtres d’un monde déshumanisé…brrrr.

Et bien une nouvelle fois, l’introduction met dans le bain. On se croirait dans un film. D’abord le vent qui souffle, plaine désertique, ou vieux New-York en miettes. On s’attend à voir débarquer des morts-vivants. Et *bam* petite guitare au loin, bien perchée, delay et côté épique. Un héros sort de l’usine, au ralenti, c’est un peu l’instant John Woo.

Non franchement ça fout dedans. On retrouve bien le côté concept aux origines de Noein. Et quand les guitares prennent toute leur place, c’est nerveux. Gros son à tous les étages, et rythmiques monstrueuses. On remarque tout de suite le travail opéré par le studio, Deviant Lab. C’est massif.

Le morceau Born To Resist propose quant à lui un feat vraiment sympa avec KK, hurleur de Trepalium. Puis, Infection. Cet album s’intitule Infection-Erasure-Replacement. Ces trois étapes sont trois interludes sur l’album. Comme les étapes qui marquent l’histoire d’un robot humanoïde, ou de l’humanité toute entière. Il est infecté, supprimé, remplacé. Le tout avec des sons très musicaux mais qui dépeignent encore une fois une ambiance quasi cinématographique. La grosse tarte à mosh pit qui clôture l’album s’intitule d’ailleurs The End.

Tout au long de mon écoute, des grosses phases. Sur le son des guitares et le travail de Deviant Lab impressionnant, sur les cris de Jenni, infatigable. Et bien entendu sur la batterie qui réserve de jolis moments de dextérité, à ce titre, et même si le premier opus tartinait déjà grave, on sent un percussionniste qui se décomplexe de plus en plus, et visiblement ne sent plus ses jambes, déshumanisées elles aussi.

En bref, tout se tient mieux que jamais pour Noein. Cet album prend sa place en pleine filiation du premier en propulsant le concept encore plus loin puisqu’il ne s’agit plus d’un EP. Avec la présence de ces interludes immersifs, de cette introduction et du morceau de fin, on entre et on sort d’un nouvel épisode. Plus long, et même plus sombre que le premier.

Acolyte

« C’est un univers qui colle avec la musique qu’on joue, et on a voulu assez vite écrire dessus pour faire un tout cohérent, pas seulement des chansons l’une à la suite de l’autre. On essaie de se forger une identité quoi ! » (Interview MFM 2010)


Tracklist:
01. I-E-R
02 Liars’ Dream
03. Born To Resist
04. Infection
05. The Hand
06. Human Update
07. Erasure
08. D-Mox
09. Destroyed By Fear
10. Will Live
11. Replacement
12. Nick Of Time
13. The End

Le festival rock fut bien entendu l’occasion de voir plus d’un artiste et de goûter aux spécialités les plus variées du rock actuel. En faire un report intégral était une idée, mais la pluie en a décidé autrement, et nos vêtements trempés aussi. Du coup, Massive Attack : loupé. Superdiscount 3 de Etienne de Crecy : loupé… Bon ok, c’est pas très rock tout ça, mais ça balance autant. Vus par contre, The Dillinger Escape Plan. Pour le coup si j’ai fini trempé c’est de ma faute uniquement. Et si je n’ai plus de lunettes et que je plisse les yeux en écrivant, là c’est de la leur. Mais merde, j’en avais rêvé moi de m’allonger dans l’herbe à côté des potes en écoutant Massive, les yeux dans les nuages… Mais non. Restons sobres, soyons straight, soyons…enfin soyez.

Primal Age RDTSE2014

Je me penche sur Primal Age. Pourquoi ? Parce que ce sont sûrement eux qui survivent le mieux à la lente dissolution de la scène hardcore ébroïcienne-normande, tout comme au poids des années. Il m’aura suffit d’en discuter avec l’un des As We Bleed (qui ont splité il y a quelques mois après quinze années de moulinage) pour prendre la température et entendre dire que Evreux se transforme en cimetière culturel. Et malgré les quelques locomotives qui traînent à droite à gauche, la relève peine à se faire entendre en Haute-Normandie. Once d’espoir quand même, Rouen se bouge paraît-il, les bars rouvrent petit à petit et les groupes se multiplient. Mais Evreux de mon cœur, tu deviens méprisable, toi et tes projets de KFC, tes rideaux invariablement baissés.

Alors forcément, pour le public du coin, c’était un peu l’événement. Dix ans que les gros (oui, ça se discute) de Primal Age espéraient gravir la scène du RDTSE. Ils en auront mangé de la scène avant de pouvoir faire la plus belle de leur propre localité. Et de la scène de choix ! Super Bowl Of Hardcore, Hellfest, Bloodaxe de Tokyo… Un peu partout dans le monde, les sniffeurs de carottes rapées (private joke) entendent parler de cette référence normande. Car effectivement, en plus de transporter avec eux quelques uns des riffs les plus ravageurs du genre, ils amènent également un propos très sérieux dans leurs bagages : protection animale et besoin impératif de changer notre alimentation pour plus de nature et moins d’industrie.

Néanmoins, leurs intimes convictions prennent moins le pas sur la musique qu’auparavant. Et à mes yeux, c’est agréable. Désormais le frontman Didier multiplie les messages qui soulignent l’importance des sourires, de la bonne humeur et du partage. Il parle bien de ses causes, mais effectivement, coup d’oeil à gauche, coup d’oeil à droite ; tout le monde s’éclate, tout le monde apprécie. La violence de leur musique se voit parfaitement contrastée par leur attitude positive, et les voilà qui contribuent à promouvoir la paix, à souligner le bon côté des choses. Je pense très personnellement que notre époque les remerciera. La folie humaine que soulignaient les groupes underground des 90’s, elle s’affiche désormais sur tous les écrans mainstream. Il ne reste plus grand monde dans la musique dite violente pour rappeler qu’on peut aussi apprécier autrui, se rendre compte qu’il n’est pas une télévision et qu’il a peut-être un peu de matière grise, en gros, pour prendre le contre-pied de temps profondément troubles qui disent littéralement : qu’est-ce qu’on est merdique quand on est un humain.

Alors les voir sauter partout et donner tout de leur personne, cela résonne comme un message d’espoir scénique. Façon « ne vous inquiétez pas, il existe d’autres choses à souligner que les mauvaises ». En tous cas je l’ai pris comme ça. On pouvait aussi déceler cette émotion qui les a traversés, du fait de cette scène, pas objectivement mythique mais importante à leurs yeux. Voilà que leur « hometown » leur rend hommage, en leur servant un public échaudé quelques instants plus tôt par la prestation épileptique de la légende Dillinger. Et en leur offrant, soulignons-le, deux passages au Rock. L’un le vendredi, l’autre le samedi, double-péné sur la Gonzo. La pluie ? Osef, elle n’a éloigné personne. Certains mêmes prenaient leur pied à se jeter dans la boue.

Du côté de la setlist, du solide. Blinded By Cruelty, Innocence (ze tube à écouter), A Fire Consumes My Heart… Ils ont donné les titres les plus emblématiques de leur réussite, et le public a répondu présent. Guitare à la main et pied sur le retour, Misty « la pute » a pu s’en donner à cœur joie avec ses riffs tranchants (un jour on utilisera d’autres adjectifs, promis) et son poing levé. Au premier jour, le frappeur fut pour sa part remplacé par un ami d’une autre formation reconnue dont je n’ai pu saisir le nom (?). Très efficace, il a amené quelques variations sans doute involontaires mais intéressantes, sans jamais dénaturer l’esprit Primal Age. Au lendemain, Mehdi retrouvait sa paire (de baguettes) et nous pouvions reconnaître son sens pointu du roulement furtif, du blast intransigeant. Dimitri, toujours impérial avec sa basse, et Didier, frontman rebondissant sur qui semblent glisser les années. Le collectif a trouvé son anti-âge naturel : la passion de la musique, et comme ils l’ont souligné, de la scène, de l’échange avec un public positif, souriant.

Je me souviens avec émotion de ma première rencontre avec certains de ces gars. En ce temps-là, ils officiaient dans un side project, Absone, qui fut ma première baffe hardcore-metal. Nerveusement j’avais ri face à leur pile de flyers pour la cause animale. Dimitri qui ne s’en souvient sans doute pas, m’avait alors fusillé du regard, assis sur sa chaise et bras croisés « Moi je trouve pas ça drôle. »

Je me disais, du haut de mes 14-15 piges « Ah bah p*tain, ils font pas semblant d’être bourrins ». Je n’avais rien pigé à la culture StraightEdge, j’en ignorais même l’existence. Dans ma tête, on n’associait pas spectacle musical et revendications affichées, pas à ce point du moins. Des années plus tard me voici au Rock, et j’apprécie personnellement que la cause puisse passer par une attitude positive et l’envie d’inspirer les gens, plutôt que par l’affichage d’images à vomir. C’est une marotte personnelle, difficile de comprendre comment on bonifiera l’humain à coups d’images choc et de traînées de sang. Pour moi, on va lentement habituer les gens à la barbarie, qui dès lors n’en auront plus rien à secouer ou se sentiront assaillis par une communauté d’esprit à laquelle ils n’appartiennent pas. Néanmoins, je respecte et même j’admire ceux qui par le biais de leurs tribunes rappellent que les animaux ne méritent pas ce qu’on leur fait subir au nom de la recherche cosmétique, pharmaceutique, ou bien encore par simple plaisir sadique.

Je ne pouvais pas faire l’impasse sur leurs convictions tant elles sont aux fondements de leur motivation. Chacun interprète et accueille comme il le veut ces messages, et chacun fait ce qu’il peut pour contribuer à l’amélioration des choses. Au passage, partager des vidéos de chatons aplatis sur facebook ne vaut pas un don à l’ALF ou Peta. Délestez-vous de quelques euros, ne vous surchargez pas d’images proprement malsaines, ou bien faites passer le message en informant vos proches, vos amis. Et toujours avec le sourire, l’espoir de faire changer les choses ; ce que m’a donné ce groupe l’espace de deux shows excellentissimes.

Alors voilà. En guise de live report c’est un hommage personnel, une vibration intérieure que je voulais coucher sur l’écran. A plusieurs niveaux, Primal Age est un symbole. Ils prouvent que l’indépendance paye en émotions ceux qui vivent d’une passion et non d’un business. D’une certaine façon, ils sont riches. Que la culture au service d’améliorations, c’est une idée qui a déjà fait son chemin, et qu’il serait bon de reprendre, toutes proportions gardées, sans ostracisme politique. Ils prouvent aussi que la musique n’a pas de frontières, en préparant après le Japon une tournée en Amérique du Sud, sans doute avec leurs amis de Mostomalta avec qui ils ont sorti un split à recommander. Ils y défendront un nouvel EP en préparation, et donc non, à ceux qui se posaient discrètement la question depuis des mois : Primal Age est toujours là et n’envisage pas encore de finir à l’hospice. Ils n’ont pas fini de rebondir, et pour Evreux, pour le hardcore metal français et tous ceux qui partagent les convictions de ces mecs, c’est important de le souligner, de le saluer, de l’encourager.

Au passage, un gros boujou à ces artistes qui ont tenu à rendre hommage aux intermittents. Le spectacle est une famille, et sans les intermittents, pas de concert, pas de culture.

Primal Age ont carrément interrompu leur premier set durant quelques secondes pour accueillir sur scène certains d’entre eux. En ligne, des croix de gaffer dans le dos, ils ont simplement montré qu’ils étaient là, comme des cibles, sans jamais pénaliser le public, sans jamais gâcher la fête. Plaisir de s’avancer vers le premier rang et d’applaudir bruyamment cette autre démarche d’importance. Croyez-moi, ils ont besoin d’être soutenus par d’autres que les artistes aussi. Par tous ceux qui en France à l’heure actuelle se rendent compte dans quel coulis de chiasse on enrobe le « droit du travail », tous secteurs confondus.

Au milieu de cette jolie fête qu’est le Rock, Primal Age a tiré son épingle et prouvé sa valeur une fois de plus. Ils repartent sur les routes pour représenter la Normandie, provoquer des sourires et de joyeux circle-pits. Avec vingt piges dans le buffet, et toujours autant de motivation, si ce n’est plus grâce à cette date qui leur a percuté le palpitant, ils continuent de faire bouger les têtes tout en les remplissant intelligemment.

EXTRAIT DU LIVE EN VIDEO

Chapeau et merci.